Assemblée nationale : l’opposition parlementaire boycotte la prochaine plénière pour protester contre des « violations graves »

Ce mercredi 9 avril 2025, l’opposition parlementaire sénégalaise a annoncé qu’elle boycottera la prochaine séance plénière de l’Assemblée nationale. Prévue initialement le jeudi 10 avril, cette séance a été reportée à une date non encore précisée. L’annonce a été faite par Thierno Alassane Sall, député non-inscrit et leader du parti La République des Valeurs, lors d’une conférence de presse conjointe avec le groupe Takku Wallu Sénégal.

Devant la presse, le député a affirmé que la décision a été prise en concertation avec les responsables de l’opposition parlementaire, notamment la présidente du groupe Takku Wallu, Me Aïssata Tall Sall, et la coordonnatrice des non-inscrits. Il a souligné que les élus opposés à la majorité présidentielle entendent ainsi dénoncer « la dérive autoritaire » en cours au sein de l’institution législative.

« Par respect pour nos électeurs et l’opinion nationale, nous tenons cette séance d’information afin que nul n’en ignore le sens et le bien-fondé », a déclaré Thierno Alassane Sall.

Dans une déclaration sans détour, le député a pointé deux raisons majeures justifiant ce boycott. La première, selon lui, est la violation répétée du règlement intérieur de l’Assemblée nationale par la majorité, « sous l’impulsion du président de l’institution », El Malick Ndiaye, qu’il accuse de se comporter « comme le président du groupe parlementaire Pastef ».

« Que se passe-t-il à l’Assemblée nationale pour que nous en arrivions là ? », s’est interrogé Thierno Alassane Sall, avant de dénoncer un climat institutionnel où les droits de l’opposition seraient bafoués au nom de la discipline de parti.

Il accuse notamment la majorité de bloquer les initiatives législatives de l’opposition, de monopoliser les débats et de faire passer des lois controversées sans véritable débat démocratique, en référence notamment à la loi interprétative de l’amnistie récemment adoptée.

Ce boycott intervient dans un contexte déjà tendu, marqué par de vives divisions autour de l’interprétation de la loi d’amnistie, de la gestion de certains dossiers judiciaires, et du rôle grandissant de Pastef au sein de l’hémicycle. L’opposition estime que l’Assemblée nationale est en train de devenir un simple relais de l’exécutif, au lieu de jouer pleinement son rôle de contre-pouvoir.

Thierno Alassane Sall a indiqué que cette décision de boycott n’est pas une démission, mais un acte de protestation politique fort. Il affirme que l’opposition continuera de siéger dans les commissions et de déposer des propositions de loi, mais refusera de prendre part aux séances plénières tant que les conditions d’un fonctionnement parlementaire équilibré ne seront pas restaurées.

« Nous ne pouvons pas cautionner un théâtre institutionnel où tout est joué d’avance. Le Parlement doit rester un lieu de débat, de confrontation d’idées, pas une chambre d’enregistrement », a-t-il martelé.

Le report de la plénière prévue le 10 avril, officiellement pour des raisons d’agenda, semble s’inscrire dans cette dynamique de crispation. Aucune nouvelle date n’a encore été communiquée.

Levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom : la plénière fixée au vendredi 17 janvier

La levée de l’immunité parlementaire du député Farba Ngom, figure influente et proche de l’ancien président Macky Sall, fait l’objet d’une procédure accélérée à l’Assemblée nationale. Une séance plénière décisive est prévue pour ce vendredi 17 janvier 2025, au cours de laquelle les députés seront appelés à voter sur cette question sensible.

Le processus a été enclenché suite à une demande officielle du ministre de la Justice, consécutive aux révélations du rapport de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif). Ce document accablant met en lumière des soupçons de blanchiment de capitaux, de corruption, d’escroquerie sur les deniers publics et de trafic d’influence impliquant plusieurs personnalités, dont Farba Ngom.

Avant la plénière de vendredi, une commission ad hoc sera mise en place dès mercredi 15 janvier. Composée de députés issus des différents groupes parlementaires, cette commission aura pour mission d’étudier le dossier à charge et à décharge afin de garantir un débat équitable. Elle auditionnera également le député mis en cause, qui aura l’occasion de se défendre face aux accusations portées contre lui.

La commission ad hoc remettra son rapport avant la séance plénière. Si le vote est favorable à la levée de l’immunité parlementaire, Farba Ngom pourrait être poursuivi judiciairement et répondre des faits devant le pool judiciaire financier, qui a récemment ouvert une information judiciaire sur l’affaire des 125 milliards F CFA détournés.

Cette procédure intervient dans un contexte de réformes profondes de la gouvernance et de lutte contre la corruption sous la présidence de Bassirou Diomaye Faye. Le chef de l’État a promis de ne protéger aucun responsable accusé de détournements de fonds publics, quelle que soit son appartenance politique. La levée de l’immunité de Farba Ngom est donc perçue comme un test pour la crédibilité des engagements pris en matière de reddition des comptes.

Cependant, ce dossier est également perçu comme une manœuvre politique par certains proches de l’ancien président Macky Sall, qui dénoncent une chasse aux sorcières ciblant les figures de son régime. Selon eux, le pouvoir actuel cherche à discréditer ses anciens alliés à travers des procédures judiciaires spectaculaires.

La séance plénière de vendredi s’annonce tendue, les débats autour de la levée de l’immunité de Farba Ngom suscitant de vifs échanges au sein de l’opinion publique. Les parlementaires devront trancher sur la question, et leur décision pourrait ouvrir la voie à un procès très médiatisé.

Le député Farba Ngom, connu pour son influence dans le nord du Sénégal et son rôle stratégique dans les campagnes électorales de Macky Sall, est accusé d’avoir profité de sa position pour obtenir des avantages financiers illicites. Il nie fermement les faits qui lui sont reprochés, affirmant être victime d’un acharnement politique.

En attendant la plénière, le Sénégal retient son souffle. L’issue de ce vote pourrait marquer un tournant majeur dans la lutte contre la corruption et la gestion des affaires publiques dans le pays.

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