À quelques heures du débat à l’Assemblée nationale sur la proposition de loi interprétative de l’amnistie, l’ancien magistrat et homme politique Ibrahima Hamidou Deme a pris la parole pour exprimer son inquiétude. Dans une publication sur Facebook, il critique vivement le texte proposé par le député Amadou Ba (Pastef), qu’il perçoit comme une tentative d’accorder une impunité sélective à certains acteurs politiques.
Dans son message, le juge Deme met en doute la sincérité des députés et leur engagement en faveur d’une justice équitable. « Quel député de bonne foi pourra nier demain, lors de l’examen de la loi Amadou Ba par l’Assemblée nationale, que l’on n’est pas sorti du cercle vicieux de la politique des deux poids, deux mesures ? », écrit-il.
L’ancien magistrat estime que cette loi favoriserait uniquement les partisans de Pastef, en leur évitant d’éventuelles poursuites judiciaires. Il y voit un prolongement des pratiques qu’il dénonçait sous l’ancien régime, où les décisions de justice étaient souvent perçues comme orientées par des considérations politiques.
Ibrahima Hamidou Deme va plus loin en soulignant une coïncidence troublante entre l’examen de cette loi et la date anniversaire de l’investiture du président Bassirou Diomaye Faye. Il y voit un décalage entre les promesses de rupture faites par le nouveau pouvoir et les réalités politiques actuelles.
Cette prise de position illustre la polarisation du débat autour de cette loi d’amnistie interprétative. D’un côté, ses promoteurs assurent qu’elle vise à clarifier l’application de l’amnistie et à tourner la page des violences politiques. De l’autre, des voix comme celle du juge Deme dénoncent une instrumentalisation de la justice à des fins partisanes.
Le débat à l’Assemblée nationale, prévu pour ce mercredi 2 avril 2025, s’annonce particulièrement tendu, avec des enjeux politiques et judiciaires majeurs en perspective.