PROCHE-ORIENT

Les utopies absurdes d’Israël et de Trump opposées à une prise de position remarquée de Macron

Le conflit israélo-palestinien demeure ce sujet sensible et fâcheux qui n’en finit pas. Alors que certains se battent pour Gaza, d’autres se battent contre Gaza. D’un côté, on vous accuse de terrorisme ; de l’autre, on vous reconnaît des droits. Ce paradoxe constitue un contresens à la fois historique, diplomatique et politique. Bref, un sujet profondément clivant.

Dans les mois à venir, une reconnaissance de l’État palestinien pourrait voir le jour. La France, à travers les récentes déclarations d’Emmanuel Macron, semble s’orienter vers cette voie. Une prise de position remarquée et applaudie, à gauche comme à droite de l’échiquier politique français, bien que certains jugent le timing mal choisi. Quoi qu’il en soit, cela marque un retour de la France dans ce qu’on appelait autrefois sa “politique arabe” – ce grand mythe dont elle s’était éloignée, et qui refait aujourd’hui surface.

Depuis son retour d’Égypte, il y a quelques jours, Emmanuel Macron ne cache plus sa position : il est prêt à reconnaître l’État palestinien. Reste une question majeure : cette solution a-t-elle une chance d’aboutir ? Difficile d’y répondre, tant la colonisation se poursuit en Cisjordanie, où les soi-disant “territoires palestiniens” sont aujourd’hui grignotés par des colonies israéliennes. Des routes de contournement exclusivement réservées aux véhicules israéliens empêchent toute continuité territoriale – une condition pourtant indispensable à la naissance d’un État viable.

La reconnaissance par la France d’un État palestinien est donc aussi une manière de marquer son désaccord avec la conduite de la guerre à Gaza. C’est une façon de se démarquer et de ne pas être complice. Mais la France ne doit pas rester seule dans cette posture. Elle doit entraîner avec elle quelques-uns des piliers de l’Union européenne. Car une telle initiative suscite des attentes : la France doit désormais passer à l’acte, sans quoi elle risquerait de se discréditer. L’objectif est clair : déclencher une cascade de reconnaissances, dans un esprit de consensus et de réciprocité.

Pendant ce temps, Israël rappelle massivement ses réservistes, ce qui laisse présager une escalade. L’offensive annoncée serait reportée après la visite de Donald Trump au Moyen-Orient. Ce dernier prévoit des entretiens avec l’Arabie saoudite et le prince héritier Mohammed Ben Salmane. Des rencontres qui pourraient, selon Trump lui-même, conduire à des changements de stratégie. Le paradoxe, c’est que Trump – malgré son manque de fiabilité et de cohérence – reste un acteur central du jeu au Moyen-Orient. Il exerce une influence réelle sur Israël et l’Arabie saoudite, devenue chef de file des pays arabes.

La situation est donc épouvantable et inquiétante : pour les Palestiniens, pour les Israéliens, et pour de nombreux peuples de la région. Israël menace désormais de faire à l’Iran ce qu’il a “fait au Hamas à Gaza”. Le ministre israélien de la Défense a déclaré : « Ce que nous avons fait au Hezbollah à Beyrouth, au Hamas à Gaza, à Bachar al-Assad à Damas, nous vous le ferons aussi à Téhéran. »

Et que penser lorsque Benny Gantz, l’un des chefs de l’opposition centriste en Israël, affirme : « Il faut oublier les deux États, c’est un rêve » ? Une déclaration qui rejoint la ligne dure de Benjamin Netanyahou, qui répète sans relâche son opposition à un État palestinien, sans qu’aucune voix ne l’arrête au sein de la communauté internationale.

Il est temps de rappeler à Netanyahou et à Gantz qu’une solution est possible. Tout est question de volonté politique. Il n’y a pas d’alternative crédible à la solution à deux États si l’on veut une paix juste et durable. C’est là toute la vérité du conflit : des décennies de souffrance qui ne trouveront de réponse que dans une paix équitable.

Ce n’est pas une utopie que d’éradiquer le Hamas. Comme le dit le proverbe : « L’espoir fait vivre, et l’espérance fait réussir. » Et puis, n’est-ce pas avec des rêves utopiques que Gandhi a libéré l’Inde du joug colonial ? Que Martin Luther King et Malcolm X ont bouleversé l’Amérique ségrégationniste ? Que Victor Schœlcher a aboli l’esclavage il y a 177 ans ? Ou encore, que le 11 février 1990, Mandela a terrassé l’apartheid en Afrique du Sud ?

Alors non, il n’est pas interdit de rêver. Et surtout, il n’est pas interdit de croire que ce rêve peut devenir réalité.

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