Ce mercredi, Ousmane Sonko, actuel Premier ministre et président de Pastef, a annoncé le lancement imminent d’une vaste opération visant à traquer les membres de l’ancien régime coupables de dilapidation de fonds publics. Selon le quotidien Libération, cette opération est déjà en cours. L’un des dossiers phares de cette traque est l’affaire du Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac), une affaire qui a marqué le paysage politique sénégalais ces dernières années.
L’enquête sur le Prodac, menée par la Division des investigations criminelles (DIC), a été relancée après la transmission d’un rapport clé de l’Inspection générale des finances (IGF). Ce rapport, au cœur de nombreuses polémiques, est aujourd’hui entre les mains des enquêteurs.
L’affaire Prodac avait déjà valu à Ousmane Sonko une condamnation pour diffamation en raison de ses accusations contre Mame Mbaye Niang, ancien ministre chargé de la tutelle du programme. Sonko, alors opposant, avait affirmé que le rapport de l’IGF avait épinglé l’ancien ministre pour des malversations. Mame Mbaye Niang avait catégoriquement nié ces accusations, allant jusqu’à affirmer que le rapport mentionné n’existait pas.
Ces accusations avaient conduit à un procès retentissant, qui s’était soldé par la condamnation de Sonko, le privant de sa candidature pour la présidentielle du 24 mars 2024. Le leader de Pastef avait alors dénoncé une manœuvre politique visant à l’écarter de la course au pouvoir.
Cependant, la tournure actuelle des événements semble jouer en faveur du Premier ministre. Lors d’un rassemblement au Grand Théâtre Doudou Ndiaye Rose, Sonko a rappelé les faits avec fermeté : « J’ai été trainé en justice, privé de candidature parce que j’avais dit qu’il y a un rapport qui a épinglé un ministre. Ils sont allés au ministère des Finances pour cacher ce rapport. Aujourd’hui, ce rapport est sur la table de mon bureau. »
Cette déclaration marque un tournant important dans cette affaire. Ce rapport, qui était resté dans l’ombre, a finalement refait surface et est désormais entre les mains de la DIC pour une enquête approfondie. Sonko, déterminé à aller jusqu’au bout, a réaffirmé sa volonté de tenir responsables ceux qui se sont enrichis illicitement sous l’ancien régime.
Le lancement de cette opération de traque des dilapidations de fonds publics, dans un contexte politique tendu, suscite de nombreuses réactions. Pour certains observateurs, cette relance de l’affaire Prodac pourrait être perçue comme une riposte politique de Sonko, visant à redorer son blason après sa condamnation pour diffamation. D’autres y voient un véritable effort pour instaurer la transparence et la bonne gouvernance au sein des institutions sénégalaises.
Il reste à voir si cette enquête aboutira à des poursuites judiciaires contre les responsables impliqués dans le scandale du Prodac. Quoi qu’il en soit, Ousmane Sonko, aujourd’hui au pouvoir, semble déterminé à solder les comptes avec le passé et à faire de la lutte contre la corruption une priorité nationale.
Alors que l’opération de traque s’intensifie, l’attention reste rivée sur les conclusions de l’enquête en cours et les répercussions politiques qu’elles pourraient engendrer.