Projet gazier GTA : une visite présidentielle stratégique ce 22 mai avec la Mauritanie

Le président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, se rendra ce jeudi 22 mai 2025 sur le site du projet gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA), situé à la frontière maritime entre le Sénégal et la Mauritanie. Il sera accompagné de son homologue mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Cette visite marque une étape symbolique et stratégique dans le processus de valorisation des ressources naturelles communes aux deux pays.

L’annonce a été faite par le chef de l’État lui-même lors du Conseil des ministres tenu mercredi. Ce déplacement conjoint vient souligner l’importance géopolitique et économique du projet GTA, fruit d’une coopération énergétique étroite entre le Sénégal et la Mauritanie, mais également d’un partenariat technique avec des géants du secteur comme British Petroleum (BP).

Dans la même journée de mercredi, Bassirou Diomaye Faye a reçu en audience une délégation de la société BP conduite par son directeur général, Murray Auchincloss. Cette rencontre de haut niveau a permis d’échanger sur les avancées du projet, notamment l’atteinte d’une étape historique : le chargement de la première cargaison de gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance du site GTA. Il s’agit là d’un jalon clé dans le calendrier d’exploitation du gisement offshore, qui ouvre la voie à une exploitation commerciale imminente.

Le projet GTA, développé par BP en partenariat avec Kosmos Energy, Petrosen (Sénégal) et SMHPM (Mauritanie), est l’un des plus grands projets gaziers en Afrique de l’Ouest. Il prévoit à terme une production annuelle de plusieurs millions de tonnes de GNL, positionnant le Sénégal et la Mauritanie parmi les futurs exportateurs majeurs de gaz sur le continent. L’impact attendu sur les économies locales et les recettes fiscales nationales est considérable.

Cette visite présidentielle sur le site marque non seulement la reconnaissance des efforts techniques et diplomatiques consentis depuis des années, mais elle témoigne également de la volonté du nouveau régime sénégalais d’inscrire les ressources naturelles dans une logique de souveraineté économique, de transparence et de bénéfices partagés pour les populations.

L’enjeu énergétique est au cœur de l’agenda diplomatique et économique du président Diomaye Faye, qui entend faire du gaz un levier de développement, tout en veillant à la préservation de l’environnement et à l’équilibre des intérêts nationaux. La visite de ce jeudi est donc perçue comme un moment charnière, à la fois sur le plan symbolique et opérationnel.

Khadim Bamba Diagne sur le projet gazier GTA : « Les contrats ne sont pas à l’avantage du Sénégal »

Alors que le groupe BP a annoncé le début de l’acheminement du gaz naturel liquéfié (GNL) dans le cadre du projet Grand Tortue Ahmeyim (GTA), Khadim Bamba Diagne, secrétaire général du COS-PETROGAZ, a exprimé son inquiétude quant à la préparation du Sénégal pour tirer pleinement profit de cette exploitation. Lors d’une déclaration, il a estimé que les contrats conclus avec les opérateurs étrangers désavantagent le pays.

« Les contrats ne sont pas à l’avantage du Sénégal. En plus d’être perdant sur les négociations, on ne s’est pas préparé au début de l’exploitation. Il n’y a pas eu un mètre de pipeline posé, ni de centrale pour transformer ce gaz en énergie », a-t-il dénoncé.

Le secrétaire général du COS-PETROGAZ regrette également l’absence d’infrastructures nécessaires pour le transport du gaz. « BP met à disposition du gaz, mais le Sénégal n’a rien prévu pour le transporter », a-t-il ajouté, pointant un manque d’anticipation de la part des autorités sénégalaises.

Le 2 janvier 2025, BP a officiellement lancé l’acheminement du gaz naturel liquéfié extrait des puits de la phase 1 du projet GTA. Ce gaz est destiné à être stocké sur un navire flottant, une étape clé dans l’exploitation de l’un des projets gaziers les plus prometteurs de la région ouest-africaine.

BP détient une participation majoritaire de 56 % dans ce projet, aux côtés de Kosmos Energy (27 %), la Société mauritanienne des hydrocarbures (SMH) avec 7 %, et PETROSEN, la société pétrolière nationale sénégalaise, qui détient 10 % des parts.

Le projet Grand Tortue Ahmeyim, situé à la frontière maritime entre le Sénégal et la Mauritanie, est l’un des développements offshore les plus profonds d’Afrique, avec des ressources gazières extraites à des profondeurs pouvant atteindre 2 850 mètres. Une fois la phase 1 pleinement opérationnelle, la production devrait atteindre environ 2,3 millions de tonnes de GNL par an.

Le Conseil d’orientation stratégique du pétrole et du gaz (COS-PETROGAZ) joue un rôle clé dans la gestion des ressources pétrolières et gazières du pays. Cet organe conseille le Président de la République sur les politiques énergétiques et les stratégies à adopter.

Lors de son discours du 31 décembre 2024, le président Bassirou Diomaye Faye a annoncé la réorganisation du COS-PETROGAZ à travers un décret visant à élargir sa composition. Désormais, le conseil inclura des représentants de l’opposition, de la société civile, des syndicats et de l’ordre national des experts. Cette démarche vise à renforcer la transparence et la participation dans la gestion des ressources naturelles du pays.

Selon le budget 2025, les recettes fiscales et non fiscales issues de l’exploitation du pétrole et du gaz sont estimées à 72,53 milliards de FCFA, soit seulement 1 % du budget total de l’État sénégalais. Cette prévision budgétaire est jugée décevante par de nombreux observateurs, qui s’attendaient à des retombées financières plus significatives avec le début de l’exploitation gazière.

Malgré les perspectives économiques prometteuses offertes par le projet GTA, plusieurs défis restent à relever pour le Sénégal. Parmi eux, l’insuffisance des infrastructures nécessaires pour maximiser les bénéfices de l’exploitation du gaz et les interrogations autour des conditions des contrats signés avec les multinationales.

Pour Khadim Bamba Diagne, il est impératif que le Sénégal renégocie ses contrats afin de garantir des retombées économiques plus justes pour le pays. Il appelle également à une meilleure préparation des autorités pour éviter que le Sénégal ne devienne un simple fournisseur de matières premières sans réelle valeur ajoutée sur son territoire.

Projet gazier GTA : BP annonce les premières exportations de gaz naturel liquéfié

Le projet gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA), fruit d’une coopération entre le Sénégal et la Mauritanie, a franchi une étape décisive avec le démarrage de l’acheminement du gaz naturel liquéfié (GNL) issu de la phase 1 du projet. Le groupe BP, principal opérateur de cette initiative, a fait l’annonce dans un communiqué relayé par le quotidien Enquête. Cette avancée majeure ouvre la voie à l’intégration des deux pays parmi les exportateurs de gaz naturel sur le marché mondial.

Selon Gordon Birrell, vice-président exécutif de BP, ce tournant marque un changement significatif pour la Mauritanie et le Sénégal. Il s’est félicité de cette réalisation qui témoigne du potentiel des deux nations à devenir des acteurs majeurs du secteur énergétique. Il a souligné l’importance des relations solides nouées avec les gouvernements et les populations des deux pays. Birrell a également rendu hommage aux efforts de l’équipe de BP et de ses partenaires, qui ont permis de concrétiser ce projet ambitieux.

Le projet GTA, situé à cheval sur les eaux territoriales du Sénégal et de la Mauritanie, est prévu pour produire environ 2,3 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an dans le cadre de sa phase 1. Cette production permettra non seulement de répondre à la demande locale en énergie, mais aussi d’exporter le gaz vers des marchés internationaux, notamment en Europe, où la demande reste élevée.

Le projet repose sur une infrastructure flottante innovante permettant de traiter et de liquéfier le gaz directement en mer. Ce dispositif technologique vise à maximiser l’efficacité et à minimiser les impacts environnementaux. Le démarrage de la production de GNL est une preuve de la faisabilité de cette approche unique dans la région.

Le projet GTA est le fruit d’un partenariat entre BP, Kosmos Energy, Petrosen pour le Sénégal et SMHPM pour la Mauritanie. Ce consortium travaille en étroite collaboration avec les autorités locales pour assurer le développement réussi de cette initiative stratégique. Le gaz naturel, considéré comme une source d’énergie de transition, pourrait jouer un rôle crucial dans la diversification des économies mauritanienne et sénégalaise.

Pour le Sénégal, ce projet s’inscrit dans une stratégie plus large de positionnement en tant que puissance énergétique régionale. Avec les découvertes récentes dans les blocs Sangomar et Yakaar-Teranga, le pays ambitionne de renforcer sa sécurité énergétique et de diversifier ses sources de revenus.

Cette nouvelle dynamique devrait avoir des retombées économiques et sociales positives pour les deux pays. En effet, les revenus générés par l’exportation du gaz pourraient être réinvestis dans des secteurs prioritaires tels que l’éducation, la santé et les infrastructures. Les gouvernements mauritanien et sénégalais ont déjà annoncé leur intention de mettre en place des programmes de développement durable afin d’assurer que les bénéfices de cette exploitation profitent à l’ensemble des populations.

Le démarrage de la production de GNL marque un nouveau chapitre dans l’histoire énergétique de la sous-région ouest-africaine. Cette avancée devrait renforcer la position du Sénégal et de la Mauritanie sur la scène internationale en tant que nouveaux acteurs dans le secteur du gaz naturel liquéfié.

Projet gazier GTA : BP et Kosmos accusés d’irrégularités graves

Les compagnies britannique BP et américaine Kosmos Energy font face à des accusations de malversations financières dans l’exploitation du gaz du champ Grand Tortue/Ahmeyim (GTA), situé entre le Sénégal et la Mauritanie. Ces accusations, révélées dans un rapport d’audit du cabinet Mazars, détaillent plusieurs irrégularités financières majeures sur la période 2012-2021, remettant en question la gestion transparente de ce projet stratégique.

Selon le rapport, BP détenait 60 % des parts du projet, Kosmos Energy 30 % et l’État du Sénégal, via la société nationale Petrosen, 10 %. Cependant, les auditeurs ont identifié des anomalies touchant la comptabilisation des coûts pétroliers, les procédures fiscales, et la conformité aux dispositions contractuelles.

Le document met en avant que BP a déclaré des coûts récupérables pour un total de 4,1 millions de dollars, dont 1,8 million de dollars hérités de Timis Corporation, l’opérateur initial du projet. Ces coûts, non justifiés par des pièces comptables probantes, ont été jugés inadmissibles pour récupération. De son côté, Kosmos Energy aurait déclaré près de 172 000 dollars de dépenses pour la période 2014-2016, mais les justificatifs fournis se limitaient à des factures sans documentation contractuelle ou preuve de services rendus, rendant ces coûts également non valables.

Le rapport souligne également des pratiques fiscales litigieuses. Par exemple, le sous-traitant Eiffage Marine aurait refacturé des charges fiscales d’un montant de 12 millions de dollars comme coûts récupérables, alors même que ces charges devraient être exonérées selon les termes du Contrat de recherche et de partage de production d’hydrocarbures (Crpp). De telles irrégularités pourraient avoir un impact significatif sur les revenus à percevoir par l’État sénégalais.

D’autres anomalies relevées incluent une gestion non conforme des devises étrangères. BP aurait généré un surplus de coûts estimé à 194 346 dollars en raison de la réestimation des gains et pertes de change. En outre, une surévaluation massive de 301 millions de dollars dans les frais de siège imputés au projet a été identifiée. Cette surévaluation pourrait représenter une tentative de gonfler artificiellement les coûts pétroliers à la charge des États partenaires.

Enfin, Mazars a mis en lumière un manque flagrant de documentation pour plusieurs dépenses. Des écarts totalisant près de 31 000 dollars ont été constatés sur les pièces justificatives, et certains montants, atteignant 69 731 dollars, étaient appuyés par des justificatifs insuffisants.

Ces accusations pourraient affecter gravement les intérêts du Sénégal, qui dépend des revenus issus de ce projet gazier pour financer son développement économique. Avec 34 milliards de francs CFA de coûts pétroliers jugés non récupérables, le pays risque de voir ses bénéfices futurs compromis. Les allégations d’irrégularités pourraient également entacher la réputation de BP et Kosmos Energy, tout en mettant en lumière la nécessité d’une gouvernance rigoureuse des ressources naturelles.

Face à ces révélations, il est attendu que les autorités sénégalaises et mauritaniennes procèdent à une enquête approfondie. Le rapport d’audit pourrait servir de base pour une renégociation des termes contractuels ou une prise de mesures légales contre les contractants concernés. De leur côté, BP et Kosmos Energy devront fournir des explications détaillées pour dissiper les doutes sur leur gestion du projet GTA, un projet clé pour l’avenir énergétique de la région.

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