La BCEAO annonce le lancement de son système de paiement instantané interopérable le 22 juillet 2024, marquant une avancée significative pour l’UEMOA. Ce système permettra des transactions entre différentes institutions financières, facilitant les paiements instantanés et l’utilisation de QR Codes pour les commerçants. Toutefois, l’interopérabilité pose des défis aux services mobile money en réduisant leurs marges bénéficiaires. Ce système limite également les investissements des opérateurs mobiles dans les infrastructures, affectant la qualité du réseau, surtout en zones rurales.
La récente annonce par la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) concernant le lancement imminent de son système de paiement instantané interopérable marque une étape cruciale dans l’évolution des infrastructures financières au sein de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). Cette initiative vise à moderniser et à simplifier les transactions financières quotidiennes, en offrant un service opérationnel 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, indépendamment du type de compte détenu par l’utilisateur, à partir de ce 24 juillet 2024.
L’interopérabilité permettra aux utilisateurs de réaliser des transferts et des paiements instantanés vers n’importe quel bénéficiaire, peu importe l’institution financière à laquelle il est affilié. Les fonds seront disponibles instantanément à réception, facilitant ainsi les échanges financiers au quotidien. De plus, les consommateurs pourront utiliser des QR Codes interopérables pour régler leurs achats chez les commerçants, ou recevoir des demandes de paiement émises directement par les vendeurs, ce qui simplifie et standardise les transactions pour les entreprises.
Défis pour les opérateurs de réseaux mobiles
L’introduction de l’interopérabilité réduit les frais sur les transactions de mobile money, en particulier pour les paiements de faible montant, selon le Portail Findev. D’après la même source, dans le même temps, la concurrence accrue qui réduit ces frais entraîne également une réduction des marges bénéficiaires des opérateurs de réseaux mobiles, les obligeant à réduire leurs investissements dans les antennes-relais. Ainsi, l’interopérabilité a des effets négatifs sur la disponibilité du réseau, car les pays qui introduisent l’interopérabilité connaissent une baisse de leur couverture, particulièrement grave pour les districts ruraux.
Malgré les bénéfices évidents pour les utilisateurs, l’interopérabilité pose des défis importants pour les opérateurs de réseaux mobiles. Historiquement, les utilisateurs étaient souvent liés à une seule plateforme pour leurs transactions financières. L’interopérabilité brise ces barrières, mais elle intensifie également la concurrence entre les opérateurs. Pour rester compétitifs, les opérateurs doivent souvent réduire leurs frais de transaction, ce qui impacte directement leurs marges bénéficiaires.
Cette pression financière peut limiter leur capacité à investir dans les infrastructures critiques comme les antennes-relais, nécessaires pour maintenir une couverture réseau robuste. En conséquence, la qualité du réseau mobile pourrait être compromise, particulièrement dans les zones rurales déjà confrontées à des défis de connectivité. Cela risque d’aggraver les disparités d’accès aux services essentiels comme l’internet mobile, comme le montrent plusieurs études réalisées dans des pays où l’interopérabilité est largement adoptée.
Importance d’une régulation équilibrée
Pour atténuer ces effets négatifs tout en maximisant les avantages de l’interopérabilité, une régulation efficace est essentielle. Elle devrait encourager les investissements dans les infrastructures critiques tout en soutenant la concurrence et l’innovation dans le secteur des services financiers mobiles. Équilibrer ces priorités est crucial pour garantir une connectivité robuste et fiable pour tous les citoyens, qu’ils vivent en milieu urbain ou rural.
Le résultat paradoxal de cette situation est que, bien que l’interopérabilité améliore l’accès aux services financiers, elle peut aussi affecter négativement la qualité du réseau mobile, en particulier dans les zones rurales. Ces régions, déjà confrontées à des défis en matière de connectivité, risquent de voir leur couverture réseau réduite à mesure que les opérateurs ajustent leurs dépenses pour s’adapter à un environnement concurrentiel plus strict.
Bien que l’interopérabilité représente une avancée significative pour l’inclusion financière et l’accessibilité aux services financiers dans l’UEMOA, elle présente également des défis importants pour les opérateurs de réseaux mobiles. Gérer ces défis avec prudence et stratégie est indispensable pour assurer que tous les utilisateurs puissent bénéficier équitablement des opportunités offertes par les services financiers mobiles. Avec une régulation appropriée, les pays peuvent maximiser les bénéfices de l’interopérabilité tout en maintenant une connectivité de qualité pour tous leurs citoyens.
La Dakaroise