La France reconnaît officiellement le massacre de Thiaroye, 80 ans après les faits

Le président français Emmanuel Macron a franchi une étape historique en reconnaissant officiellement le massacre des tirailleurs sénégalais survenu en 1944 à Thiaroye, au Sénégal. Cet événement, longtemps occulté dans les récits officiels, est désormais qualifié de « massacre » par l’État français, marquant un tournant dans les relations entre la France et ses anciennes colonies africaines.

Le 1er décembre 1944, à Thiaroye, près de Dakar, des tirailleurs sénégalais – des soldats ouest-africains ayant combattu sous le drapeau français pendant la Seconde Guerre mondiale – ont été tués par l’armée française. Ces hommes, revenus du front, réclamaient simplement le paiement de leurs soldes et primes de guerre, qui leur avaient été promises mais non versées. Leur protestation pacifique a été réprimée dans le sang : plusieurs dizaines de soldats furent abattus, et les circonstances exactes de ce drame sont restées floues pendant des décennies.

Dans une lettre adressée aux autorités sénégalaises, Emmanuel Macron a reconnu que cette répression avait constitué un massacre et a exprimé la responsabilité de la France dans cette tragédie. « La France doit reconnaître que ce jour-là, la confrontation entre soldats et fusiliers qui demandaient le paiement intégral de leur salaire légitime a déclenché une chaîne d’événements qui ont entraîné un massacre », a-t-il déclaré.

Le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a salué cette reconnaissance historique. Interrogé sur une chaîne de télévision française, il a déclaré : « Nous avons longtemps cherché à clore cette histoire, et nous pensons que cette fois-ci, l’engagement de la France sera plein, franc et collaboratif. »

Cette reconnaissance intervient dans un contexte où la France est de plus en plus invitée à affronter les parts sombres de son histoire coloniale. Les tirailleurs sénégalais, qui ont joué un rôle crucial dans les conflits mondiaux, restent des symboles de la contribution africaine à l’histoire de la France. Mais ils ont aussi été victimes d’injustices, souvent marginalisés et oubliés après la fin des guerres.

Les descendants des tirailleurs et plusieurs historiens demandent désormais des gestes concrets pour accompagner cette reconnaissance, tels que l’accès complet aux archives, des compensations pour les familles des victimes, et une commémoration officielle du massacre de Thiaroye.

La déclaration de Macron pourrait ouvrir une nouvelle ère dans les relations entre la France et le Sénégal. Pour de nombreux observateurs, elle constitue une opportunité de réconciliation basée sur une vérité historique enfin assumée. Ce geste pourrait également inspirer des démarches similaires pour d’autres événements liés au passé colonial français en Afrique.

En 2024, alors que le massacre de Thiaroye marque son 80ᵉ anniversaire, la reconnaissance par la France est un signal fort. Cependant, pour les familles des victimes et les défenseurs de la mémoire, ce n’est qu’un premier pas vers une justice longtemps attendue.

Emmanuel Macron reconnaît le rôle de la France dans le génocide rwandais : « Une responsabilité que nous n’avons pas assumée »

Le président français Emmanuel Macron a renouvelé ses excuses pour le rôle de la France dans le génocide de 1994 au Rwanda, affirmant que la France « aurait pu arrêter le génocide » avec ses alliés occidentaux et africains, mais « n’en a pas eu la volonté ». Ces déclarations ont été faites en amont du 30e anniversaire du début des massacres au Rwanda, lors desquels environ un million de Tutsi ont été tués.

Dans un communiqué de l’Elysée, Emmanuel Macron a réaffirmé la reconnaissance de la responsabilité de la France dans le génocide des Tutsi, basée sur les conclusions de la commission d’historiens dirigée par le professeur Vincent Duclert. Il a également souligné que la communauté internationale avait les moyens de savoir et d’agir lorsque la phase d’extermination contre les Tutsi a commencé, mais n’a pas suffisamment réagi.

Le président français a ajouté que la France aurait pu intervenir pour stopper le génocide, mais qu’elle a manqué de volonté politique pour le faire. Ces propos font suite à la reconnaissance par Emmanuel Macron, lors de sa visite à Kigali en mai 2021, des « responsabilités » de la France dans le génocide des Tutsi.

Bien que convié par le président rwandais Paul Kagame aux commémorations du 30e anniversaire du génocide, Emmanuel Macron ne s’y rendra pas personnellement. Il sera représenté par son ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné et le secrétaire d’Etat chargé de la Mer Hervé Berville, né au Rwanda.

Dans son message, le chef de l’État français a réaffirmé l’engagement de la France aux côtés du Rwanda et du peuple rwandais, en mémoire des victimes du génocide. Il a également souligné l’importance du devoir de mémoire et de l’éducation des jeunes générations en France sur cette tragédie.

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