Lancement du Référentiel 2050 : Cheikh Modou Thiam présente les défis et opportunités de l’économie sénégalaise

Le lundi 14 octobre 2024, au Centre international de conférences Abdou Diouf (CICAD), Cheikh Modou Thiam, Directeur de la Planification au Ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération, a dévoilé la première partie du Référentiel Vision « Sénégal 2050 ». Cette initiative, qui s’inscrit dans une réflexion à long terme sur le développement du pays, met en lumière les forces, les faiblesses et les opportunités de l’économie sénégalaise depuis l’indépendance en 1960.

Les faiblesses structurelles de l’économie sénégalaise

L’exposé de Cheikh Modou Thiam a d’abord dressé un tableau sans concession des défis auxquels fait face l’économie sénégalaise. Depuis l’indépendance, la répartition sectorielle de l’économie reste déséquilibrée. Le secteur primaire, composé principalement de l’agriculture et de la pêche, ne représente que 16% de l’économie. Bien que l’agriculture ait longtemps été le pilier de l’économie sénégalaise, elle reste vulnérable face aux aléas climatiques et à une productivité faible en raison de l’accès limité aux infrastructures modernes.

Le secteur secondaire, quant à lui, constitue environ 24% du produit intérieur brut (PIB). Ce chiffre révèle une industrialisation encore embryonnaire, marquée par une dépendance à l’importation de biens transformés et une capacité limitée à valoriser les ressources locales. L’industrie manufacturière, en particulier, peine à se développer à la hauteur des ambitions nationales.

Le secteur tertiaire domine largement l’économie, avec une part de 60%. Il englobe des services divers, mais aussi un secteur informel très présent. Ce dernier, bien qu’il soit une source majeure d’emploi, échappe souvent à la fiscalité et représente un défi pour la stabilité et la formalisation de l’économie sénégalaise. La prédominance de l’informel complique également la mise en œuvre de réformes structurelles.

Opportunités et leviers de croissance

Malgré ces faiblesses, le Sénégal dispose de nombreuses opportunités à saisir. La Vision « Sénégal 2050 » entend capitaliser sur ces atouts pour faire du pays un modèle de développement en Afrique de l’Ouest. La position géographique stratégique du Sénégal, à la croisée des routes commerciales internationales, constitue un avantage majeur pour attirer les investissements étrangers et renforcer son rôle en tant que hub logistique et commercial dans la région.

Cheikh Modou Thiam a également évoqué les ressources naturelles non négligeables du pays, notamment le pétrole et le gaz, dont l’exploitation pourrait transformer l’économie si elle est bien gérée. La diversification des sources de croissance est cruciale pour réduire la dépendance vis-à-vis des secteurs traditionnels et tirer profit des technologies émergentes, de l’innovation et de l’entrepreneuriat.

Menaces et défis à venir

Toutefois, le Directeur de la Planification a également mis en garde contre les menaces qui pèsent sur l’économie sénégalaise. L’une des principales inquiétudes concerne le taux de croissance démographique élevé, qui pourrait devenir un obstacle à la création d’emplois si l’économie ne s’adapte pas en conséquence. La nécessité d’améliorer la formation et les compétences de la jeunesse, qui représente une grande partie de la population, a été soulignée comme un impératif pour transformer cette croissance en opportunité.

Par ailleurs, les effets du changement climatique et les défis environnementaux, tels que la dégradation des sols et la montée des eaux, constituent des menaces sérieuses pour la sécurité alimentaire et la stabilité économique à long terme.

Le Référentiel Vision « Sénégal 2050 » offre une feuille de route ambitieuse pour les décennies à venir, en visant une transformation en profondeur de l’économie sénégalaise. Le discours de Cheikh Modou Thiam a mis en évidence les défis historiques du pays, tout en ouvrant des perspectives encourageantes pour l’avenir. L’atteinte de ces objectifs dépendra d’une gestion rigoureuse des ressources, d’un cadre institutionnel solide et d’une mobilisation collective des acteurs économiques, politiques et sociaux.

Le Sénégal se trouve à un carrefour crucial, où les choix d’aujourd’hui détermineront la capacité du pays à s’inscrire durablement sur la voie du développement inclusif et durable.

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