La refondation de la gouvernance au Sénégal sous le Président Diomaye Faye

La refondation de la gouvernance au Sénégal sous le leadership du Président Diomaye Faye s’impose comme un jalon stratégique dans la trajectoire de développement du pays. Cette orientation s’inscrit pleinement dans les ambitions de la Vision 2050, et de l’agenda 2063 de l’Union africaine. Dans un continent où la corruption absorbe près de 148 milliards de dollars chaque année, soit environ 25 % du PIB africain, les politiques de redevabilité apparaissent comme une condition incontournable pour la mobilisation des ressources nationales. Les détournements de fonds, en excédant largement les flux d’aide publique et d’investissements directs étrangers, affaiblissent l’accès aux services essentiels, compromettent les efforts d’emploi des jeunes et limitent la résilience macroéconomique des États.

Le Sénégal illustre de manière exemplaire les impacts structurels d’un affaiblissement prolongé des mécanismes de régulation. Entre 2015 et 2022, selon Afrobarometer, la part des citoyens dénonçant une augmentation de la corruption a grimpé de 33 % à 72 %. Ce basculement traduit non seulement une perte d’intégrité administrative, mais aussi une défaillance systémique du cadre de gouvernance. L’absence de réponses institutionnelles crédibles a altéré la capacité de l’État à concevoir et exécuter des politiques publiques efficaces. L’asymétrie entre normes juridiques et pratiques informelles – clientélisme, impunité, opacité – a généré des dysfonctionnements budgétaires, une démobilisation des fonctionnaires et une défiance citoyenne croissante. Les affaires emblématiques telles que les « 94 milliards », le PRODAC, Petro-Tim ou les irrégularités sur les fonds Covid-19 ont révélé une disjonction persistante entre instruments de contrôle et mécanismes de reddition des comptes.

L’alternance politique de mars 2024 a marqué un tournant. Le Président Bassirou Diomaye Faye, appuyé par le Premier ministre Ousmane Sonko, a impulsé une stratégie de refondation institutionnelle articulée autour de trois piliers : la répression des infractions économiques, le renforcement des mécanismes de contrôle, et la transparence de la gestion publique. Ce triptyque ne constitue pas une simple réponse réactive, mais une reconfiguration normative du rôle de l’État. Il ambitionne de repositionner la fonction publique comme un levier de performance collective, en rupture avec les logiques de distribution clientéliste.

L’instauration du Parquet national financier en mai 2024 illustre cette logique de rupture. Ce nouvel organe, chargé des crimes économiques complexes, a ouvert plus de vingt enquêtes pour un montant cumulé avoisinant 300 milliards FCFA. Des dossiers longtemps bloqués, tels que ceux liés au PRODAC ou aux contrats pétroliers, ont été réactivés. La levée de l’immunité de figures politiques influentes symbolise une volonté de replacer la légitimité politique sous le sceau de la légalité. En parallèle, le gouvernement a engagé des démarches de recouvrement d’avoirs détournés, au niveau national et auprès des juridictions internationales.

Au plan législatif, une loi rénovée sur la déclaration de patrimoine, adoptée en juillet 2024, étend les obligations de transparence et introduit des systèmes de contrôle automatisés. L’OFNAC, l’Inspection générale d’État et la Cour des comptes ont été dotés de ressources accrues et d’une autonomie renforcée. Le taux de mise en œuvre des recommandations d’audit est passé de 18 % à 41 % en deux ans. Toutefois, l’efficacité de cette nouvelle gouvernance repose sur la capacité des institutions à transformer les constats en mécanismes d’apprentissage. C’est dans cette logique qu’émerge le concept de redevabilité circulaire, reliant audit, retour d’information, et réforme organisationnelle.

Les premiers résultats de cette dynamique sont visibles. L’Indice de perception de la corruption du Sénégal est passé de 43 à 45 en 2025, son plus haut niveau depuis 2016. Ce progrès, reconnu par des partenaires comme l’Union européenne et la Banque mondiale, a favorisé la reprise de certains financements suspendus. Parallèlement, une revue des dépenses publiques a permis d’économiser 105 milliards FCFA, immédiatement réalloués aux secteurs prioritaires : éducation, santé communautaire, sécurité alimentaire. Cette réorientation reflète une transformation dans l’allocation des ressources, ancrée dans une logique de justice sociale et d’impact redistributif.

Dans le secteur agricole, les crédits budgétaires ont été augmentés de 37 %, ce qui permet un soutien accru aux exploitations familiales. Cette inflexion traduit une volonté de renforcer la résilience des systèmes productifs ruraux. Elle illustre aussi une approche d’État développeur qui lie investissements publics et dynamisation des territoires. En matière d’emploi, la réforme des concours de la fonction publique s’est traduite par une hausse de la représentation des jeunes issus des régions périphériques, passés de 34 % à 56 % entre 2021 et 2024. Ces résultats confirment l’effet structurant d’une gouvernance centrée sur l’équité territoriale.

La modernisation administrative passe également par la digitalisation. Le portail e-Marches a permis d’accroître la transparence des appels d’offres, avec une hausse de 45 % des publications et une réduction de 27 % des délais d’attribution. Ce processus améliore l’équité entre opérateurs économiques, renforce la confiance des acteurs du secteur privé, et réduit les asymétries d’information à l’origine des rentes administratives.

Sur le plan interne, le mécanisme d’audit institutionnel permanent introduit par le Premier ministre Sonko a permis un suivi annuel rigoureux de la performance de chaque ministère. Aligné sur les standards de l’OCDE, ce dispositif a triplé le nombre de sanctions administratives entre 2022 et 2024. Il transforme le contrôle a posteriori en un outil de régulation dynamique, appuyé sur la culture de résultats. L’appropriation de ces mécanismes reste néanmoins conditionnée par un leadership ministériel fort, une infrastructure d’information robuste et un appui stratégique des cellules de planification.

À l’échelle macro-institutionnelle, cette gouvernance renouvelée renforce la prévisibilité de l’action publique, améliore la mobilisation des ressources intérieures et stabilise les attentes du secteur privé. Elle permet au Sénégal de se positionner comme un laboratoire régional de l’intégration entre réformes de transparence et stratégie de développement. Ce positionnement génère des externalités positives en matière de crédibilité, d’attractivité et de résilience systémique.

Cependant, la soutenabilité de ces acquis nécessite la protection des lanceurs d’alerte, la consolidation des contre-pouvoirs et l’institutionnalisation des processus d’évaluation. À ce titre, les expériences du Rwanda et du Ghana apportent des repères utiles. Au Rwanda, la centralisation des contrôles et l’alignement hiérarchique ont permis une réduction significative des comportements opportunistes. Au Ghana, l’autonomie progressive de la Commission des droits humains et de la justice administrative (CHRAJ) a renforcé la surveillance des pratiques publiques. Ces modèles illustrent l’importance de la cohérence entre volonté politique, autonomie régulatrice et transparence procédurale. En s’en inspirant, le Sénégal peut consolider ses réformes, tout en adaptant leur mise en œuvre à son contexte institutionnel propre.

L’engagement du Président Diomaye Faye et de son gouvernement constitue ainsi bien plus qu’un aggiornamento administratif : il trace les contours d’un nouvel horizon de gouvernance. Ce choix stratégique consolide la capacité de l’État à organiser un développement plus inclusif, plus équitable et plus résilient. Dans un environnement mondial incertain, cette orientation structurelle représente l’unique voie soutenable vers un progrès économique et institutionnel durable.

Dr. Abdourahmane Ba
Expert en Politiques Publiques, Suivi-évaluation, Évaluation, et Planification stratégique
Consultant International

Quitter la version mobile