En juillet 2024, la France a reconnu officiellement comme « morts pour la France » six tirailleurs africains tués au Sénégal en 1944. Ces soldats faisaient partie d’un groupe exécuté sur ordre d’officiers de l’armée française à Thiaroye, un épisode sombre de l’histoire coloniale française. Cette décision survient dans le cadre des commémorations des 80 ans de la libération de la France et à l’approche du 80e anniversaire des évènements de Thiaroye.
Cependant, cette initiative mémorielle suscite des réactions mitigées. Ousmane Sonko, président du parti sénégalais Pastef Les Patriotes, a exprimé sa désapprobation sur sa page Facebook. « Les temps ont changé. Pourquoi cette subite « prise de conscience » alors que le Sénégal s’apprête à donner un nouveau sens à ce douloureux souvenir, avec la célébration du 80e anniversaire cette année ? » a-t-il déclaré.
Sonko critique le fait que la France semble vouloir dicter unilatéralement les termes de la reconnaissance de ce tragique événement. « Ce n’est pas à la France de fixer unilatéralement le nombre d’Africains trahis et assassinés après avoir contribué à la sauver, ni le type et la portée de la reconnaissance et des réparations qu’ils méritent », a-t-il ajouté.
Pour Sonko et d’autres voix au Sénégal, l’histoire de Thiaroye 44 ne peut plus être contée et commémorée uniquement par la France. Ils appellent à une réappropriation de ce récit par les Africains eux-mêmes, en insistant sur le fait que ce souvenir doit être remémoré autrement, avec une perspective et une reconnaissance authentiquement africaines.
Cette tension autour de la mémoire collective souligne les complexités et les sensibilités entourant les actes de reconnaissance et de réconciliation post-coloniale. La démarche française, bien que symbolique, doit s’accompagner d’un dialogue ouvert et inclusif pour véritablement honorer la mémoire des victimes de Thiaroye et d’autres évènements similaires.