Robert Bourgi sur la relation Sonko-Diomaye : « Je ne vois pas ce tandem échouer »

Lors de son passage à l’émission Grand Jury de la RFM, le dimanche 24 novembre, l’avocat et constitutionnaliste franco-sénégalais Robert Bourgi a tenu à apporter un éclairage sur les débats entourant la relation entre Ousmane Sonko et Diomaye Faye, ainsi que sur les propositions de réforme constitutionnelle portées par l’ancien ministre de la Justice, Ismaël Madior Fall.

Réagissant aux nombreuses prédictions de tensions entre Ousmane Sonko, actuel Premier ministre, et Diomaye Faye, président de la République, Robert Bourgi a balayé d’un revers de main les scénarios de conflit. « Il peut y avoir de temps à autre des anicroches, c’est normal dans le commerce intellectuel entre individus. Mais je ne vois pas ce tandem échouer. Au contraire, je le vois réussir à relever le défi », a-t-il déclaré avec assurance.

Selon lui, ces spéculations sont exagérées et ne reflètent pas la réalité de la coopération entre les deux hommes. Il appelle plutôt à se concentrer sur leurs efforts communs pour relever les défis auxquels le Sénégal fait face.

La proposition d’Ismaël Madior Fall, qui suggère une réforme constitutionnelle permettant de remplacer Diomaye Faye par Ousmane Sonko, a également été vivement critiquée par Robert Bourgi. Qualifiant cette idée d’« élucubration », il a déclaré : « Dire qu’aujourd’hui, par la voix même de l’ancien garde des Sceaux, qu’il faut enlever Diomaye Faye pour mettre à sa place Ousmane Sonko, c’est purement du délire pour montrer que l’on existe encore. »

Bourgi a souligné qu’Ousmane Sonko lui-même n’aurait aucun intérêt à briguer le poste présidentiel à ce stade, mettant en avant la loyauté et l’engagement du leader à respecter les institutions et les rôles établis.

Enfin, l’avocat a partagé ses recommandations sur l’organisation institutionnelle. Il conseille à Ousmane Sonko de rester à la tête du gouvernement et de confier la présidence de l’Assemblée nationale à une autre personnalité. « Si la question m’était posée par le Premier ministre, je lui dirais de rester à la tête du gouvernement. Le travail effectif se fait à ce niveau, en liaison constante et permanente avec le président de la République », a-t-il affirmé.

À travers ses propos, Robert Bourgi réaffirme son optimisme quant à la capacité du duo Sonko-Diomaye à collaborer efficacement, tout en dénonçant les manœuvres politiques visant à déstabiliser cet équilibre. Alors que le Sénégal traverse une période de transition politique cruciale, ses déclarations invitent à une réflexion sereine et constructive sur l’avenir institutionnel du pays.

Macky Sall tête de liste Takku-Wallu aux législatives : « C’était une faute majeure » selon Robert Bourgi

L’investiture de l’ancien président sénégalais, Macky Sall, comme tête de liste de la coalition Takku-Wallu lors des élections législatives du 17 novembre 2024, continue de susciter des réactions. L’une des critiques les plus vives est venue de Robert Bourgi, avocat franco-libanais et conseiller de nombreux présidents africains. Lors de son intervention à l’émission Grand Jury du dimanche sur RFM le 24 novembre 2024, Bourgi a qualifié cette décision de « faute grave », expliquant qu’il avait tenté de dissuader Macky Sall de se lancer dans cette campagne.

Robert Bourgi a révélé qu’il avait personnellement parlé à Macky Sall pour lui faire comprendre qu’il était inopportun pour un ancien chef d’État, ayant exercé deux mandats, de se présenter à nouveau comme tête de liste. Selon lui, Macky Sall ne pouvait même pas mener une campagne dans le pays, ce qui rendait sa candidature problématique. « Quand je l’ai appris, je lui ai dit que c’était une faute majeure. Je lui ai dit : ‘Macky, tu as exercé deux mandats, comment peux-tu être tête de liste alors que tu ne peux même pas faire campagne dans le pays ?’ », a confié Bourgi.

En outre, il a conseillé à l’ex-président de suivre l’exemple de ses prédécesseurs, comme Abdou Diouf, qui ont quitté la scène politique en toute dignité après leurs mandats. « T’aurais dû faire comme tes prédécesseurs, notamment Abdou Diouf, partir la tête haute et ne plus te mêler à la vie politique », a ajouté Bourgi, soulignant que ce retrait aurait été plus honorable pour un ancien chef d’État.

Robert Bourgi a également mentionné un rôle que Macky Sall avait acquis sur la scène internationale, notamment grâce à son influence auprès du président français Emmanuel Macron. Selon Bourgi, cet engagement diplomatique ne nécessitait pas une nouvelle candidature. « Macky Sall avait une fonction que lui avait attribuée le Président Macron, il n’avait pas besoin d’être candidat, c’est une faute de sa part de le faire », a-t-il déclaré.

Lors de la proclamation des résultats provisoires des élections législatives anticipées, la coalition Takku-Wallu, dirigée par Macky Sall, n’a remporté que 17 sièges sur les 165 disponibles. Pour Bourgi, ce résultat est bien en deçà des attentes et ne correspond pas à la dignité attendue d’un ancien président. « Ce n’est pas digne d’un ancien chef d’État », a-t-il fustigé.

Pour Robert Bourgi, l’ancien président sénégalais semble avoir pris conscience de la portée de son engagement politique. « Je crois que Macky Sall lui-même a réalisé qu’il avait fait une faute », a conclu l’avocat. Selon lui, la situation aurait pu être évitée si Macky Sall avait choisi de s’abstenir de revenir dans la vie politique, laissant ainsi la place à de nouvelles figures pour mener le pays.

Amadou Bâ, un homme meurtri mais déterminé à se ressaisir, selon Robert Bourgi

Dans une interview accordée à Bès Bi (Le Jour), l’avocat français Robert Bourgi a partagé des confidences poignantes sur sa récente rencontre avec l’ancien Premier ministre sénégalais, Amadou Bâ, à Paris. Cette entrevue, qui a eu lieu avant le retour de Bâ au Sénégal après sa défaite à la présidentielle du 24 mars dernier, révèle un homme profondément affecté par son échec électoral.

Robert Bourgi, connu pour ses liens étroits avec plusieurs dirigeants africains, a raconté qu’il avait rencontré Amadou Bâ à Paris il y a environ quinze jours. « J’ai vu Amadou Bâ à Paris, il y a une quinzaine de jours. Et, il avait à ses côtés son fidèle ministre de l’Éducation nationale, Cheikh Oumar Hann », a confié Bourgi. Lors de cette rencontre, Bourgi a observé un homme « meurtri par l’échec ».

Lorsqu’il a eu l’occasion de s’entretenir en privé avec Amadou Bâ, Bourgi lui a prodigué un conseil clair : « Il faudrait que tu te ressaisisses, Amadou. » En réponse, l’ancien Premier ministre a simplement déclaré : « Je vais rentrer au pays. » Cependant, Bâ n’a pas divulgué ses intentions futures, laissant planer le mystère sur ses prochains mouvements politiques.

Bourgi a souligné la complexité de la situation d’Amadou Bâ. « Il est évident qu’il ne peut pas rester comme ça », a-t-il affirmé, tout en insistant sur le fait que Bâ devrait probablement rester aligné avec l’ancien président Macky Sall. « De l’avis de Bourgi, Amadou Bâ devrait rester dans la ligne de l’ancien président. C’est le seul qui reste, je parle de Macky Sall, à pouvoir maintenir en vie ce qui reste du parti présidentiel. »

Cette déclaration laisse entrevoir les défis auxquels Amadou Bâ est confronté alors qu’il envisage son avenir politique. Bien que ses plans précis restent flous, une chose est certaine : Bâ ne compte pas rester inactif. Sa détermination à se ressaisir et à revenir au Sénégal suggère qu’il pourrait jouer un rôle significatif dans les prochaines évolutions politiques du pays.

La question demeure cependant : Amadou Bâ suivra-t-il le conseil de Robert Bourgi et restera-t-il fidèle à la ligne de Macky Sall ? Ou choisira-t-il une voie différente pour relancer sa carrière politique ? Les réponses à ces questions détermineront en grande partie le paysage politique sénégalais dans les mois à venir.

Le retour d’Amadou Bâ au Sénégal et ses prochaines décisions politiques seront observés de près, tant par ses partisans que par ses adversaires, alors qu’il s’efforce de surmonter les séquelles de sa défaite électorale et de tracer une nouvelle voie pour son avenir.

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