L’alternance politique tant espérée au Sénégal s’est concrétisée avec l’arrivée au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye comme président et de son Premier ministre, Ousmane Sonko. Ce tandem, porté par une vague d’espoir populaire, particulièrement chez les jeunes, s’engage à répondre aux aspirations d’une majorité de Sénégalais. Cependant, le poids financier légué par le précédent régime et les attentes sociales pressantes annoncent un mandat périlleux.
Entre 2024 et 2029, le Sénégal devra rembourser près de 18 milliards de dollars (environ 11 000 milliards de francs CFA) à ses créanciers. Cet endettement, fruit des ambitions de « l’émergence » prônée par le gouvernement précédent, pose des questions cruciales sur la viabilité économique et la capacité du pays à tenir ses engagements internationaux tout en finançant ses priorités nationales.
Le service de la dette absorbera une part significative des ressources publiques, limitant ainsi les marges de manœuvre pour investir dans les secteurs sociaux et économiques clés. Dans ce contexte, toute promesse de transformation radicale sera mise à l’épreuve de cette réalité budgétaire contraignante.
Le duo Faye-Sonko s’est imposé en articulant un discours tourné vers les préoccupations de la jeunesse et des couches les plus vulnérables. L’emploi, l’éducation, la santé et la bonne gouvernance figurent parmi les priorités de leur programme. Ce discours, soutenu par des engagements en faveur de la transparence et de la lutte contre la corruption, a su capter l’attention et la confiance de nombreux Sénégalais.
La jeunesse, qui a été au cœur de la mobilisation politique, attend des résultats concrets. L’emploi reste un défi majeur dans un pays où le chômage et le sous-emploi frappent durement. Des politiques audacieuses sont attendues pour transformer le potentiel démographique en un véritable moteur de croissance inclusive.
Toutefois, l’équation sera complexe. Comment financer des réformes ambitieuses sans alourdir davantage la dette publique ? Comment concilier les attentes sociales pressantes avec les exigences des créanciers internationaux ? Ces questions mettent en lumière le dilemme auquel sera confronté le gouvernement Faye-Sonko : mener des ruptures majeures tout en gérant un héritage économique accablant.
Ndongo Sylla, économiste sénégalais, souligne avec justesse que cet héritage financier est le revers de la médaille d’un modèle de développement basé sur des investissements souvent mal calibrés et peu inclusifs. Il prévient que la réussite du nouveau régime dépendra de sa capacité à rétablir la confiance en la gestion publique et à mobiliser efficacement les ressources internes.
L’élection de Bassirou Diomaye Faye et d’Ousmane Sonko ouvre une nouvelle page pour le Sénégal. Le duo, perçu comme porteur d’un vent de changement, devra naviguer entre ambitions progressistes et contraintes économiques.
Les Sénégalais, et particulièrement les jeunes, attendent des actes. Ils espèrent que cette alternance sera synonyme d’une véritable transformation socioéconomique, à même de briser les cycles de précarité et d’injustice. La tâche sera immense, mais l’opportunité d’écrire une nouvelle histoire pour le Sénégal est bien réelle.
L’avenir du pays repose désormais sur la capacité du gouvernement à répondre aux attentes et à transformer les espoirs en réalisations concrètes. Une mission à la fois exaltante et périlleuse.