En réponse aux pressions croissantes exercées par le gouvernement, plusieurs médias sénégalais ont observé une journée sans presse ce mardi, marquant une pause inédite dans leurs activités. Cette réaction a attiré l’attention de Reporters sans frontières (RSF), dont le directeur pour l’Afrique subsaharienne, Sadibou Marong, a exprimé ses préoccupations et appelé à un dialogue urgent entre les médias et les autorités publiques.
Invité sur les ondes de Radio Sénégal, Sadibou Marong a dénoncé la situation actuelle, soulignant qu’une telle réaction ne devrait pas se produire dans une démocratie comme celle du Sénégal, où des élections régulières et une alternance politique sont des réalités établies. Marong a noté que l’arrivée de nouvelles autorités aurait dû être l’occasion de rectifier les dérives observées, mais les faits indiquent une tendance inquiétante à la détérioration de l’indépendance des médias.
Selon Marong, les périodes électorales au Sénégal ont vu une pression croissante sur les médias, caractérisée par une ingérence éditoriale et la création de publications à vocation propagandiste. « L’indépendance éditoriale est cruciale pour garantir une information libre et impartiale », a-t-il affirmé. Il insiste sur la nécessité de renforcer cette indépendance pour préserver la qualité et l’intégrité de l’information.
Pour aborder ces problèmes, Marong recommande un dialogue constructif entre les acteurs des médias et les autorités publiques. Il plaide pour des propositions concrètes visant à surmonter les défis actuels et à rétablir un climat de confiance. Selon lui, un modèle économique durable pour la presse est essentiel, notamment à travers l’innovation digitale, afin de garantir une indépendance financière tout en préservant l’intégrité éditoriale.
Marong a également souligné l’importance de ne pas laisser la publicité influencer la ligne éditoriale des médias, afin de maintenir une séparation claire entre les intérêts commerciaux et les préoccupations politiques. « La publicité est cruciale pour la survie économique des médias, mais elle ne doit en aucun cas compromettre leur indépendance », a-t-il précisé.
L’appel de Sadibou Marong à la sérénité et à une réflexion collective vise à protéger la liberté de la presse au Sénégal, qu’il considère comme un pilier indispensable pour la démocratie et le développement du pays. Il a exprimé ses inquiétudes quant à la détérioration de la situation, notant que RSF a toujours considéré le Sénégal comme un modèle de liberté de la presse en Afrique de l’Ouest. Cependant, il fait état d’une détérioration préoccupante ces dernières années.
Un rapport publié par RSF en juin a révélé que le Sénégal avait enregistré 70 cas d’entraves à la liberté de la presse, incluant des arrestations, des emprisonnements et des attaques contre des journalistes. Cette situation souligne la nécessité urgente de réformes et de dialogue pour restaurer un environnement propice à une presse libre et indépendante.