Passé deux fois près du limogeage, l’entraîneur du Nigeria José Peseiro s’est refait une santé pendant la CAN 2024 malgré les critiques et les menaces de renvois. Il a déjà gagné son pari en conduisant les Super Eagles jusque dans le dernier carré. Mais pas question de s’arrêter là.
On ne sait pas de quel bois est fait José Peseiro, à 63 ans, mais sûrement pas de ceux qui craquent au moindre coup de vent. Cet entraîneur a la peau dure, le cuir solide, et il est capable de traverser les tempêtes déclenchées par la Fédération nigériane de football, d’échapper plusieurs fois au limogeage et de se retrouver en demi-finale, à deux matches de remporter la CAN. L’histoire du technicien portugais et du Nigeria est une série à rebondissements qui pourrait même rendre jaloux les scénaristes de Nollywood.
Il y a d’abord sa nomination surprise et surprenante en mai 2022. Comment un entraîneur quasi inconnu, qui n’a sur son CV qu’un éphémère poste d’entraîneur-adjoint au Real Madrid avec Carlos Queiroz et une finale de Coupe de l’UEFA perdue avec le Sporting (2005), s’est retrouvé à la tête de l’une des équipes les plus titrées du continent africain ? Comment passe-t-on de sélectionneur du Venezuela à entraîneur du Nigeria, trois fois champion d’Afrique ?
Seul Amaju Melvin Pinnick, ex-président de la Fédération nigériane de football, pourrait répondre à ces questions. Une chose est sûre, son successeur Ibrahim Musa Gusau ne s’est jamais montré ravi d’avoir hérité de Peseiro. Un an après l’arrivée du coach portugais, qui compte un premier bilan de 4 victoires et 5 défaites en 9 matches à la tête des Super Eagles, Ibrahim Musa Gusau fait en effet la proposition lunaire de faire voter les supporters nigérians sur le maintien ou non de Peseiro. Ce dernier encaisse sans sourciller.
Pas d’argent pour le limoger…
Quatre mois plus tard, son contrat prend fin, mais Peseiro accepte d’être reconduit à court terme avec un salaire… à la baisse. « Les joueurs m’ont demandé de rester parce qu’ils croient que nous pouvons gagner (la CAN). Nous pouvons la gagner », confie-t-il pour justifier son envie de rester à la tête du Nigeria. Mais l’épée de de Damoclès est toujours au-dessus de sa tête.
Car à peine un mois plus tard, et après deux matches nuls décevants face au Lesotho (1-1) et au Zimbabwe (1-1) en éliminatoires de la Coupe du monde 2026, la Fédération fait part de son envie de limoger Peseiro. Mais elle n’a pas les moyens de son « ambition ». « Si nous avions l’argent (pour payer ses indemnités), nous serions prêts à le démettre de ses fonctions, nous ne sommes pas contents », a déclaré devant la presse Nse Essien, membre du comité exécutif de la Fédération. « Tout le monde demande le limogeage de l’entraîneur principal. (…) C’est regrettable, mais nous sommes dans une situation très précaire ».
Le Nigeria est donc obligé de garder son sélectionneur et José Peseiro continue d’avaler des couleuvres à moins de deux mois de la CAN.
C’est cet homme qui est aujourd’hui en demi-finale de la CAN, à deux matches d’un sacre qui serait incroyable à la lecture de sa trajectoire ces derniers mois. Lui ne veut pas parler de revanche (pour l’instant), il poursuit son chemin avec un groupe qu’il a réussi à façonner et qu’il dirige en alternant la carotte et le bâton. Comme cette interdiction des téléphones portables à une certaine heure pour ses joueurs. « Je suis un entraîneur démocratique, se défend-il. C’est vrai, c’est moi qui décide, mais j’aime bien discuter avec les joueurs, avoir leur ressenti sur le match, sur eux. Je peux m’énerver si les règles ne sont pas suivies, mais je discute beaucoup avec mes joueurs. »
Ola Aina, le défenseur présent avec lui en conférence de presse ce 6 février, confirme. « C’est un entraîneur qui est « équilibré » dans sa façon de gérer le groupe. Il sait quand il faut taper sur la table et quand il faut lâcher un peu les joueurs. Nous, ça nous va comme management. »
Un management gagnant qui pourrait conduire à un sacre le 11 février prochain, à condition d’abord d’écarter l’Afrique du Sud en demi-finale. Un gros morceau, mais José Peseiro en a vu d’autres…