Le Mouridisme, fondé par Cheikh Ahmadou Bamba, est une confrérie islamique sénégalaise qui a marqué l’histoire religieuse du pays. Ce mouvement spirituel repose non seulement sur les enseignements et la guidance de Serigne Touba, mais également sur le dévouement et l’engagement de ses disciples les plus proches, connus sous le nom de « Compagnons de Serigne Touba. » Ces hommes, à la fois érudits et dévots, ont joué un rôle crucial dans la propagation des valeurs mourides. Voici un portrait détaillé de six de ces figures emblématiques.
Cheikh Mouhamadou Gaye Diamoye, le Véridique
Né vers 1856, Serigne Mouhamadou Gaye Diamoye est issu d’une lignée de grands érudits. Son père, Serigne Mor Gallo Gaye, descendait de Serigne Diamoye Bara Anta, une figure influente dans la région de Mbacké. Dès son plus jeune âge, Serigne Mouhamadou Gaye s’engage dans une quête incessante de savoir, parcourant diverses localités à la recherche de connaissances spirituelles et intellectuelles.
Sa vie prend un tournant décisif lorsqu’il apprend l’existence de Serigne Touba, un guide religieux établi à Mbacké Kadior. Curieux et avide de découvrir de nouvelles voies spirituelles, il se rend auprès de ce dernier. La rencontre avec Cheikh Ahmadou Bamba marque le début de son engagement dans le Mouridisme. Rapidement, il rejoint le cercle restreint des disciples de Serigne Touba, où il se lie d’amitié avec Serigne Ndame Abdourahmane Lô, un autre compagnon fidèle.
L’histoire rapporte que la veille de l’importante mission divine confiée par le Prophète (PSL) à Serigne Touba, Serigne Mouhamadou Gaye Diamoye et Serigne Ndame Abdourahmane Lô étaient en service hors de Mbacké Kadior. Ce détail illustre non seulement leur dévouement, mais aussi leur rôle crucial dans la vie quotidienne du Cheikh, toujours prêts à servir et à soutenir leur maître.
Cheikh Issa Diène : Le Guerrier du Mouridisme
Né vers 1865 à Tagar, dans le Cayor, Cheikh Issa Diène est surnommé « Jambar Dji » (le guerrier) par Serigne Touba, un surnom qui témoigne de son courage et de sa détermination. Issu d’une famille d’érudits, son père, Serigne Ibrahima Diène, était un Khadre reconnu, tandis que sa mère, Sokhna Arame Ndiaye Diop, appartenait à une lignée pieuse. Dès sa naissance, son père reçut l’ordre de le nommer Seydina Issa Diène, un prénom qui allait résonner dans les annales du Mouridisme.
Sous la tutelle de son père, Cheikh Issa Diène commence très tôt l’apprentissage du Coran. Son parcours éducatif se poursuit auprès de grands maîtres coraniques, où il approfondit ses connaissances en sciences religieuses, incluant le fiqh (jurisprudence), la théologie, et le tafsir (exégèse coranique). Une fois ses études achevées, il retourne à Tagar pour rejoindre son père, mais son destin est ailleurs.
La rencontre avec Cheikh Ahmadou Bamba bouleverse sa vie. Dès lors, il consacre son existence au service de Serigne Touba. Connu pour son courage et son hospitalité, il s’engage corps et âme dans la mission mouride. Jusqu’à sa mort à l’âge de 82 ans, Serigne Cheikh Issa Diène reste un modèle de dévouement et de loyauté.
Serigne Abdourahmane Ndame Lô : Le Pilier de l’Éducation Mouride
Serigne Abdourahmane Ndame Lô fait partie de cette génération de disciples qui ont eu le privilège de recevoir une formation directe de Cheikh Ahmadou Bamba. Dès son jeune âge, il est confié à Serigne Massata Diakhaté, où il mémorise le Saint Coran. Il poursuit ensuite ses études à l’université de Pire, une institution réputée pour l’enseignement des sciences islamiques.
À la mort de Mame Mor Anta Sally, père de Serigne Touba, Cheikh Ahmadou Bamba prend en charge l’école fondée par son père. Lorsqu’il décide de partir en tournée au Sénégal et en Mauritanie, il confie la gestion de l’école à Serigne Ndame Lô, une preuve de la grande confiance qu’il avait en lui. Serigne Ndame devient ainsi un pilier de l’éducation au sein du Mouridisme, assurant la transmission des connaissances et des valeurs mourides aux générations futures.
Quelques mois après la prise en charge de l’école, Cheikh Ahmadou Bamba annonce à ses disciples qu’une mission divine lui a été confiée : vivifier et restaurer la Sunna du Prophète (PSL) et réformer la communauté musulmane. Serigne Ndame Lô, fidèle à son engagement, se soumet aux ordres et orientations du Cheikh, contribuant ainsi à l’expansion du Mouridisme.
Serigne Massamba Mbacké : Le Maçon de la Grande Mosquée de Touba
Lorsque Serigne Touba décide de construire la Grande Mosquée de Touba, il confie à Serigne Massamba Mbacké la tâche cruciale de superviser l’extraction des pierres nécessaires à la construction. Il lui ordonne de rester en permanence à la carrière, assurant ainsi une présence continue pour diriger les travaux. Serigne Massamba, avec une dévotion sans faille, s’installe sur place, creusant, extrayant, et taillant des pierres, jour après jour.
En 1912, lorsque Cheikh Ahmadou Bamba est assigné à résidence surveillée à Diourbel, il fait appel à Serigne Massamba pour une nouvelle mission : la copie et l’enluminure des Qaçidas, les poèmes spirituels composés par le Cheikh. Ce travail, auparavant assuré par Serigne Amsatou Diakhaté au Djolof, devient la responsabilité de Serigne Massamba. Il s’installe à Touba et, avec une grande minutie, s’applique à cette tâche, contribuant ainsi à la préservation des enseignements de Serigne Touba pour les générations futures.
Après quelques années de service à Touba, Serigne Massamba est rappelé à Diourbel par le Cheikh pour continuer son travail. Cette proximité avec Serigne Touba jusqu’à la fin de sa vie illustre la confiance et l’estime que le Cheikh avait pour lui.
Serigne Mbaye Diakhaté : Le Dévot et Mystique Mouride
Serigne Mbaye Diakhaté est un exemple vivant de dévotion et de spiritualité. Ses écrits, imprégnés de sa foi inébranlable, témoignent de son engagement profond envers Cheikh Ahmadou Bamba. Dans l’un de ses poèmes, il prie pour que son cœur soit purifié et que son corps obéisse aux prescriptions religieuses, illustrant ainsi son désir de se conformer entièrement à la volonté divine.
La relation entre Serigne Mbaye Diakhaté et Cheikh Ahmadou Bamba dépasse celle d’un simple disciple à son maître. Il considère le Cheikh non seulement comme son guide spirituel, mais aussi comme un protecteur et un directeur spirituel. Cette relation se reflète dans la manière dont il confie sa destinée, ainsi que celle de ses proches, entre les mains du Cheikh.
À travers ses prières et ses écrits, Serigne Mbaye Diakhaté a contribué à renforcer la foi et la spiritualité au sein du Mouridisme. Son engagement profond et son respect des prescriptions religieuses continuent d’inspirer les générations de mourides qui lui ont succédé.
Ndeye Yacine MBAYE
Correspondante à Diourbel