Le Sénégal est un pays dont la population, majoritairement jeune et insuffisamment éduquée, est confrontée à de nombreux événements malheureux dus à l’indiscipline croissante. Les accidents de la route se multiplient de manière alarmante. Sur les réseaux sociaux tels que TikTok, on observe une absence flagrante de discipline au sein de notre société, en particulier chez la jeunesse qui semble dénuée de sens des responsabilités et d’amour pour le pays.
Il est impératif d’examiner cette situation critique, en particulier pour nos enfants qui sont l’avenir du pays.
Fort de mon expérience du service militaire et conscient de la discipline exemplaire ainsi que du profond engagement patriotique propre aux soldats, je suis convaincu qu’il serait judicieux d’envisager une forme de militarisation de nos jeunes concitoyens afin qu’ils puissent développer ces valeurs essentielles.
Je suggère que l’Etat instaure un programme intitulé « Service Militaire Initial » à destination de tous les jeunes du pays, qui sont en classe de seconde ou à un niveau équivalent, que ce soit dans les daaras ou tout autre lieu d’apprentissage (jeunes filles et jeunes garçons inclus).
Ce projet consisterait à enrôler l’ensemble des élèves en classe de seconde dans un programme de Service Militaire juste après la clôture de l’année scolaire, au début du mois de juillet. Ce cursus s’étendrait sur une période de 3 mois, entre juillet et fin septembre.
Compte tenu du nombre important d’élèves en seconde, les forces de défense et de sécurité (l’armée nationale, la gendarmerie nationale, la police nationale, les sapeurs-pompiers, les services d’hygiènes, l’administration pénitentiaire, les eaux et forêts, la douane et toutes autres institutions telles que l’administration des ASP ainsi que le service civique national) mobiliseraient toutes les zones militaires, les légions, les compagnies, les casernes, les commissariats, les postes, etc… de tout le territoire national afin de prodiguer une formation aux jeunes en matière citoyenneté (amour de la patrie et respect des institutions).
Par exemple, la région de Kaolack compte la zone militaire numéro 3 qui abrite le 3ème bataillon, le 23ème BRA, l’Ecole Nationale des Sous-officiers de l’Armée (ENSOA), plusieurs commissariats et postes de police. On y retrouve également la légion centre de la gendarmerie qui regroupe un escadron de terre et plusieurs brigades et postes y ajoutés les casernes des sapeurs-pompiers, des eaux et forêts, ASP, des Services d’hygiènes et des bureaux des douanes de Kaolack, Karang et Keur Ayib.
Cette répartition permettra aux élèves de la région de Kaolack d’intégrer ces différentes unités sans difficulté.
Ce processus sera répété pour toutes les régions, permettant ainsi d’envoyer tous les élèves en classe de seconde aptes au service militaire initial dans les casernes des forces de défense et de sécurité. Chaque année, cette rotation sera effectuée, dans le dessein ultime de former une jeunesse disciplinée et patriote.
À l’issue de son service militaire initial de trois mois, le jeune lycéen incorporé recevra une attestation de bonne conduite. Cette précieuse attestation devra être ajoutée au dossier d’admission à l’université ainsi qu’à toute candidature administrative afin de forcer les élèves récalcitrants.
Certes que cela requiert d’importantes ressources, mais il est indéniable que la discipline n’a pas de prix.
L’exemple de la Corée du Sud montre que l’éducation civique a un impact considérable sur la vie d’une nation.
PHASE OPERATIONNELLE
Je prends la liberté de vous présenter une première réflexion quant à sa mise en œuvre opérationnelle.
Si les autorités de l’État venaient à adhérer à cette idée, je sais que des séminaires ou des cercles de réflexion avec des experts du domaine seraient organisés afin d’élaborer une stratégie pour la concrétisation du service militaire initial.
Mais pour le moment, veuillez me permettre d’exposer ma modeste perception de ce concept.
Je précise que j’ai déjà évoqué la manière dont tous les élèves en classe de seconde pourraient être ventilés aisément sur l’étendue du territoire national au sein des casernes.
Alors, mon idée est que ces élèves vont suivre une formation initiale du combattant durant 21 jours, soit trois semaines au sein des casernes des forces de défense et de sécurité où ils seront logés, nourris et habillés.
Ci-dessous, l’emploi du temps que je soumettrais :
- 6H : Réveil et Nettoyage des chambres
- 6H 40 : Douche
- 7H : Petit-déjeuner
- 7H 30 : Sport matinal
- 8H 30 : Douche
- 9H 30 : Salle de classe : Cours sur le civisme, sur les exploits de nos figures historiques (notamment la vie d’El Hadji Omar Tall, Cheikh Ahmadou Bamba, El Malick Sy, Maba Diakhou Ba, Bour sine, Cardinal Thiandoum, Mamadou Dia, Lat Dior, Bour Sine, etc…), secourisme, etc.
- 13H: Déjeuner
- 13H 30: Pause et sieste
- 15H: Cours sur le développement personnel (beaucoup de nos jeunes manquent de charisme et d’esprit de leadership. Il est à noter qu’environ 90% des Sénégalais ont peur de parler en public).
- 17H: Pause
- 17H 30 : Sport (arts martiaux, jeux d’esprit (scrabble, dame), Basket, Foot, etc…)
- 18H 30 : Nettoyage de la caserne et Douche
- 19H 30 : Dîner
- 20H 30 : Activités ludiques telles que cinéma, chant militaire et théâtre, etc…
- 22 H : Tout le monde au lit sauf ceux qui sont de gardes.
De temps à autre, des perturbations du sommeil accompagnées de légères séances de révisions afin de vérifier si les enseignements du jour ont été bien assimilés.
Cela se déroulera du lundi au samedi, les dimanches étant réservés au repos et offrant éventuellement la possibilité aux plus méritants de contacter leur famille par téléphone.
Ainsi, durant une période de 21 jours, les élèves soldats seront soumis à la discipline militaire dans le but de leur inculquer des valeurs et des compétences nécessaires pour devenir un citoyen modèle et patriote.
À l’issue des 21 jours de formation, une cérémonie sera organisée pour célébrer leur réussite en hissant le drapeau national. Tous ‘’les élèves soldats’’ seront regroupés dans chaque capitale régionale pour une grande cérémonie sous l’autorité du gouverneur. Leurs familles y seront conviées et diverses activités (défilé militaire des élèves soldats, des scènes de théâtres) ponctueront cette journée festive.
Afin de rehausser la cérémonie, la fête du drapeau des nouveaux élèves soldats de la région de Dakar sera présidée par le Premier Ministre ou le Président de la République. Cette présence conférera davantage de prestige au service militaire initial marquant l’accomplissement de la formation initiale du combattant de ces jeunes élèves.
Après cette célébration, les élèves soldats bénéficieront d’un repos bien mérité de six jours. L’occasion de donner à chacun d’eux son temps de gloire. Ce repos leur permettra d’apprécier pleinement leur moment de gloire en retournant dans leurs quartiers revêtus de leur uniforme militaire, suscitant admiration et respect auprès des habitants.
À l’issue de leur repos, ils auront achevé un mois complet de service militaire initial. Il restera alors deux mois avant le début de l’année scolaire.
Au retour de leur congé, les élèves soldats seront affectés individuellement à leurs communes respectives. Le service civique national prendra le relais et bénéficiera du soutien logistique de l’armée. Le service civique national affectera dans chaque commune du pays une équipe de deux à trois encadreurs.
Ces encadreurs seront hébergés dans une école primaire de chaque commune et accueilleront chaque matin les élèves soldats pour poursuivre ainsi leurs deux derniers mois de service militaire initial.
De ce fait, ces élèves soldats ne seront désormais plus astreints à résider en internat. L’État réalisera des économies en n’ayant aucune charge à assumer, car ci-dessous ma proposition relative à leur emploi du temps :
• 8H : Rassemblement dans une école primaire de chaque commune que l’on appellera « Poste de Contrôle »
• 8H 10 : Levée des couleurs et chants militaires.
• 8H 30 : Salle de classe : Cours de renforcement axés sur la culture générale, le développement personnel, l’hygiène, les premiers secours, etc…
• 9H 30 : Fin de classe et Pause
• 10H : Service d’utilité publique : Nettoyage des marchés, des écoles, des rues, embellissement et décoration des quartiers, création et gestion des jardins publics pour les former à mieux s’occuper de l’environnement, etc…
• 12H 30 : Retour au Poste de Contrôle (l’école primaire) et chant militaire.
• 13H : Fin de la journée : chaque élève soldat rentre chez lui jusqu’au lendemain.
Ainsi de suite, du lundi au Vendredi et les weekends seront des jours de repos.
A une semaine de l’ouverture de l’école, il sera organisé une cérémonie solennelle pour la remise des attestations de bonne conduite émises par le directeur général du service civique national. Cette cérémonie verra également la distribution de récompenses individuelles et collectives.
Par exemple, les élèves soldats qui auront rendu leur commune la plus propre et belle du pays se verront gratifier d’une récompense spéciale : la gratuité des frais d’inscription de la classe de Première au Terminale ainsi que la fourniture scolaire offerte.
En outre, les 10 meilleurs élèves soldats de chaque région auront l’honneur et le privilège de défiler sous les couleurs du service civique national lors des festivités marquant la fête de l’indépendance (Ils seront 140 élèves soldats pratiquement une compagnie à défiler à Dakar devant le Président de la République).
De retour dans leurs lycées respectifs, ces élèves soldats vont se retrouver en classe de Première. On sait qu’en classe de Première, il n’y a pas d’examens. Par conséquent, ils seront chargés de gérer toutes les activités socio culturelles du lycée telles que la montée et la descente du drapeau national chaque matin et soir, la gestion de la propreté et l’organisation des fosco, etc… Ces tâches constitueront une forme de prolongation de leur service militaire initial tout au long de l’année scolaire jusqu’à ce que leurs successeurs prennent la relève.
Ainsi, lors des prochaines grandes vacances, leurs cadets en classe de Seconde ou en âge équivalent, emprunteront le même chemin pour accomplir leur service militaire initial.
Je suis convaincu qu’en parvenant à avoir une génération de 5 promotions consécutives, nous verrons éclore une jeunesse disciplinée et patriotique ayant un sens accru des responsabilités.
Babacar HANE hanebabs@gmail.com