L’audition du député-maire de Louga, Moustapha Diop, devant la commission ad hoc de l’Assemblée nationale, a pris des allures de bras de fer politique et judiciaire. Accusé par l’inspectrice du Trésor Tabaski Ngom d’un prêt non remboursé, l’élu a choisi d’affronter seul les membres de la commission, sans avocat ni accompagnant, affichant une sérénité assumée.
Présent dès 14h30, soit une demi-heure avant l’heure officielle de convocation, Moustapha Diop a voulu donner le ton : celui d’un homme déterminé à s’expliquer, sans faux-fuyants. Pendant plus de deux heures, il a répondu aux questions des parlementaires, sans esquive. « Je me suis présenté seul, sans avocat, prêt à répondre à toutes les questions », a-t-il confié dans un entretien exclusif accordé à L’Observateur, soulignant ainsi sa volonté de transparence.
Mais l’audition a révélé une première zone d’ombre : l’écart entre le montant évoqué par la plaignante — 700 millions de FCFA — et celui mentionné dans le rapport de la commission — 300 millions. Une contradiction que Moustapha Diop n’a pas manqué de relever : « Quand j’ai demandé des preuves, ils m’ont répondu qu’elle avait déclaré que je l’avais maraboutée. C’est très léger comme argument », a-t-il ironisé.
Autre point de friction : la volonté de la commission de lever son immunité parlementaire. « On m’a dit que j’étais entendu à titre de simple témoin. Mais alors, pourquoi vouloir lever mon immunité alors que je suis prêt à répondre à la justice ? », s’interroge-t-il. Une position qu’il assume pleinement, allant jusqu’à proposer lui-même de renoncer à cette protection : « Je suis prêt à lever mon inviolabilité pour répondre directement », a-t-il martelé.
Moustapha Diop veut faire de cette affaire un exemple de sa transparence et de sa bonne foi. En refusant tout accompagnement juridique, il entend prouver qu’il n’a rien à cacher. Mais cette posture suffira-t-elle à apaiser les tensions ou à convaincre la commission de l’abandonner à la seule justice ?
Pour l’instant, le mystère demeure entier. La commission ad hoc poursuivra-t-elle la procédure de levée d’immunité ? La justice s’en saisira-t-elle rapidement ? En attendant, cette confrontation n’a fait qu’épaissir les zones d’ombre d’un dossier aux allures de duel judiciaire inévitable.