Après quatre mois de détention provisoire, l’ancien ministre des Sports et ex-directeur général de la Loterie nationale sénégalaise (Lonase), Lat Diop, a été entendu sur le fond du dossier par le doyen des juges financiers, Idrissa Diarra. Face aux accusations de détournement de deniers publics, d’extorsion de fonds et de blanchiment de capitaux, il a une nouvelle fois contesté les faits qui lui sont reprochés.
Placé sous mandat de dépôt le 28 septembre dernier, Lat Diop a été extrait de sa cellule de la prison de Rebeuss pour être auditionné par le magistrat instructeur. Durant plus de trois heures, vêtu d’un boubou blanc Getzner, il a répondu aux questions du juge dans une ambiance qualifiée de détendue.
Le premier point abordé lors de l’audience concernait le détournement présumé de deniers publics. L’ancien ministre a rappelé qu’il avait occupé plusieurs postes de responsabilité avant de prendre la direction de la Lonase, sans jamais avoir été mis en cause pour des malversations. Il a affirmé avoir réalisé des performances notables à la tête de l’institution, triplant son chiffre d’affaires, créant 1 500 emplois et modernisant le management.
Concernant une dette fiscale de 380 millions F CFA qui lui est reprochée, Lat Diop a assuré qu’il avait toujours respecté ses obligations fiscales. Il a précisé qu’il avait trouvé, à son arrivée à la Lonase, une dette fiscale cumulée de 4 milliards F CFA qu’il a totalement apurée et qu’il avait versé plus de 37 milliards F CFA au fisc durant son mandat. Selon ses avocats, la dette mise en avant par l’accusation est apparue après son départ et ne saurait donc lui être imputée.
L’un des points sensibles du dossier concerne les accusations de corruption formulées par Mouhamed Dieng, ex-directeur de 1XBet Sénégal. Ce dernier a affirmé que Lat Diop aurait perçu 5 milliards F CFA issus de ses commissions personnelles, utilisés pour acquérir plusieurs biens immobiliers au Sénégal et une maison à Grenoble, en France. Toutefois, selon la défense de Lat Diop, ces accusations reposent uniquement sur des captures d’écran de messages WhatsApp.
En outre, Mouhamed Dieng n’a jamais accepté de confrontation avec Lat Diop et s’est exilé à Dubaï, évitant ainsi de répondre aux convocations de la Division des investigations criminelles (DIC) et du juge d’instruction. Ce point affaiblit, selon la défense, la crédibilité des accusations portées contre l’ancien ministre.
Quant au volet blanchiment de capitaux, il a été mis en suspens pour le moment. Une source judiciaire citée par L’Observateur indique que cette infraction est généralement considérée comme secondaire, nécessitant la preuve préalable d’un délit principal, tel qu’un détournement de fonds ou un acte de corruption. Or, ces infractions ne sont pas encore établies de manière définitive dans ce dossier.
Après cette audition cruciale, les avocats de Lat Diop s’activent pour déposer une nouvelle demande de mise en liberté provisoire. Selon L’Observateur, cette requête devrait être introduite dans les prochains jours auprès du doyen des juges financiers.