En octobre 2021, une enquête de l’émission « Cash Investigation », diffusée sur France 2 et animée par Élise Lucet, a révélé des détails sur la collaboration entre Dominique Strauss-Kahn (DSK), ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI), et le Sénégal sous la présidence de Macky Sall. Ces révélations mettent en lumière des transactions financières et des services de conseil, qui soulèvent des questions sur la transparence et les enjeux de ces partenariats.
En 2017, le Sénégal aurait bénéficié d’un « mouvement de crédit » de la part du FMI, évalué à 1,1 million de dollars américains (environ 700 millions de francs CFA). Selon les révélations de l’émission, Dominique Strauss-Kahn aurait joué un rôle clé dans l’obtention de ce financement, bien que la nature exacte de son intervention reste floue.
Ce service, selon les informations rapportées, aurait été facturé 50 000 euros (un peu plus de 30 millions de francs CFA) par DSK, qui agissait alors en tant que consultant international. Cette somme, bien que modeste au regard des enjeux financiers en jeu, met en exergue le recours du Sénégal à des personnalités influentes pour optimiser sa quête de fonds à l’échelle mondiale.
Le partenariat entre Macky Sall et DSK semble s’être développé à partir de 2017, année où l’ancien ministre français de l’Économie a été officiellement consulté par l’État sénégalais. Selon les informations disponibles, cette collaboration a été précédée par une rencontre entre Macky Sall et Dominique Strauss-Kahn au Congo-Brazzaville, organisée par le président Denis Sassou Nguesso. DSK, conseiller de Sassou Nguesso depuis 2014, aurait ainsi facilité le rapprochement entre les deux chefs d’État. Quelques mois après cette rencontre, Macky Sall a reçu DSK au Palais présidentiel sénégalais, marquant ainsi le début de leur collaboration.
Malgré les révélations de « Cash Investigation », plusieurs zones d’ombre demeurent :
- Le rôle précis de DSK : Les détails sur ses interventions auprès du FMI pour le Sénégal n’ont pas été clairement établis. Son influence aurait-elle été déterminante dans l’obtention du crédit, ou s’agissait-il davantage d’un rôle symbolique ?
- La transparence des transactions : Le coût de ses services, bien qu’apparemment justifié par son expertise, interroge sur les modalités d’attribution de ces contrats et l’impact sur les finances publiques sénégalaises.
La collaboration entre Macky Sall et Dominique Strauss-Kahn s’inscrit dans une logique stratégique pour le Sénégal, un pays en quête de financements pour soutenir ses projets de développement économique. Cependant, elle suscite également des critiques, notamment sur la dépendance aux réseaux d’influence internationaux et les coûts associés à de telles alliances.
Ces révélations mettent en lumière la nécessité pour les États africains de renforcer la transparence dans leurs partenariats avec des consultants étrangers. Si l’apport de DSK a probablement permis de débloquer des fonds cruciaux pour le Sénégal, le recours à des personnalités controversées soulève des questions éthiques et politiques. À l’heure où la gouvernance des fonds publics est un enjeu majeur, ce type de collaboration pourrait bien faire l’objet de débats prolongés, tant au Sénégal qu’à l’international.
En définitive, cette affaire illustre à la fois les opportunités et les controverses liées à l’intervention de figures influentes dans la gestion économique des États.