Démarrage des Assises sur les daara : vers une intégration progressive des écoles coraniques au système éducatif national

Une étape importante vient d’être franchie dans la réforme de l’éducation au Sénégal. Le mardi 13 mai 2025, les Assises nationales sur les daara ont officiellement démarré à l’Institut islamique de Dakar, sous l’impulsion du président de la République Bassirou Diomaye Faye. Cette rencontre inédite, pilotée par le ministre de l’Éducation nationale Moustapha Guirassy, a réuni un large éventail d’acteurs, allant des maîtres coraniques aux imams, oulémas, responsables religieux, personnalités politiques, membres de la société civile, ainsi que des partenaires au développement.

L’objectif principal de ces assises est clair : intégrer les écoles coraniques (daara) au système éducatif national, sans altérer leur vocation religieuse. Dans son discours d’ouverture, le ministre Guirassy a mis l’accent sur l’importance de bâtir une réforme « ancrée dans le réel », fondée sur une écoute attentive des besoins des acteurs locaux. Il a plaidé pour une cohabitation harmonieuse entre les savoirs religieux et les disciplines contemporaines, comme l’informatique, les langues étrangères ou les sciences. Il s’agit, selon lui, de « permettre aux pensionnaires des daara d’avoir une formation complète, sans renier leur ancrage spirituel ».

Cette initiative découle d’une instruction présidentielle prononcée le 28 novembre 2024, à l’occasion de la Journée nationale des daara, et marque une volonté affirmée de revaloriser ces écoles coraniques souvent marginalisées dans les politiques éducatives publiques. Pour le ministre de l’Éducation nationale, il s’agit également de rétablir l’équité entre les différentes formes d’enseignement présentes au Sénégal. « Le gouvernement agit avec la même volonté d’équité envers toutes les formes d’éducation religieuse sur notre territoire », a-t-il déclaré.

L’approche des autorités ne se limitera pas à une centralisation des débats à Dakar. Selon Sud Quotidien, les assises se poursuivront dans les régions, pour une prise en compte plus fine des réalités locales. Chaque territoire aura ainsi l’occasion de faire entendre sa voix, de partager ses défis et de proposer des solutions adaptées à ses spécificités.

L’État compte également s’appuyer sur le soutien de partenaires techniques et financiers, dont la Banque mondiale, déjà impliquée dans le processus de modernisation des daara. Ce partenariat vise à offrir aux pensionnaires des conditions d’apprentissage plus encadrées, modernes, tout en respectant les fondements religieux de ces écoles.

Ces assises marquent donc le début d’un processus historique, qui pourrait transformer durablement le paysage éducatif sénégalais en assurant aux daara une reconnaissance institutionnelle et pédagogique, dans un cadre de respect mutuel et de complémentarité des savoirs.

Système éducatif : Vers un recrutement massif d’enseignants et la fin des abris provisoires

Le déficit d’enseignants dans les écoles, collèges et lycées, aggravé par une démographie scolaire croissante, constitue un problème majeur pour le système éducatif sénégalais, comme l’a souligné le dernier Conseil des ministres.

Pour y remédier, le gouvernement a décidé de lancer un programme spécial de recrutement d’enseignants entre 2025 et 2027. Ce plan ciblera particulièrement les matières prioritaires et les spécialités les plus déficitaires, avec une attention particulière accordée aux zones rurales et périurbaines, souvent les plus touchées par le manque d’enseignants.
Le Président a ainsi donné des instructions claires pour que ce recrutement massif soit mis en œuvre rapidement afin de combler les besoins criants dans le système éducatif.
Dans le cadre des résolutions adoptées au Conseil des ministres, le Président a également décidé de mobiliser les Forces armées, notamment le génie militaire, pour accélérer la résorption des abris provisoires utilisés comme salles de classe. Ces équipes joueront un rôle clé dans la construction rapide d’infrastructures scolaires durables, en collaboration étroite avec les collectivités locales et les ministères concernés.
Cet apport du génie militaire permettra de remplacer ces abris de fortune par des bâtiments scolaires modernes et adaptés, offrant de meilleures conditions d’apprentissage aux élèves.
Au-delà de ces mesures d’urgence, le Conseil des ministres a mis l’accent sur la nécessité d’une réforme structurelle de la gestion des flux d’élèves et des emplois dans le secteur éducatif.
Cette réforme inclura une planification à long terme pour anticiper les besoins futurs, ainsi qu’un accent mis sur la formation continue et la mobilité au sein de la fonction publique pour combler les gaps de compétences.
L’objectif est d’assurer une gestion prévisionnelle et efficace des ressources humaines dans l’éducation, afin de garantir un système éducatif performant et adapté aux défis démographiques et pédagogiques du Sénégal.
Ces mesures ambitieuses, décidées en Conseil des ministres, traduisent une volonté politique forte de moderniser le système éducatif sénégalais et d’assurer un avenir scolaire digne pour tous les élèves du pays.
Le recrutement massif d’enseignants, la construction d’infrastructures durables et la réforme structurelle de la gestion des ressources humaines sont autant d’initiatives qui devraient permettre de relever les défis auxquels est confronté le système éducatif sénégalais.

Système éducatif : Les préoccupations de Moustapha Guirassy

Moustapha Guirassy, récemment nommé à la tête du département de l’éducation, a déjà identifié plusieurs points de préoccupation dans le système éducatif sénégalais. Lors de la 11ème revue sectorielle du secteur de l’éducation, il a souligné ces défis et proposé des pistes pour y remédier.

Tout d’abord, Guirassy a salué l’engagement des partenaires, qu’ils soient des partenaires techniques et financiers, des syndicats d’enseignants ou des représentants de la société civile. Cependant, il a exprimé sa préoccupation quant à l’efficacité et à la rationalisation des efforts. Il estime qu’il y a trop de pertes de temps et d’énergie dans les multiples revues, concertations et assises, dont les conclusions finissent souvent par être négligées.

Pour améliorer cette situation, le ministre s’engage à instaurer des cadres de concertation plus réguliers, afin d’intégrer davantage les différents acteurs du secteur dans le processus de prise de décision et d’action.

Un autre défi majeur identifié par Guirassy est la réticence aux changements et aux réformes. Il constate que les ressources et les politiques ne parviennent pas toujours aux élèves, soit par manque d’ambition, soit en raison d’intérêts particuliers qui profitent du statu quo. Il déplore également le manque de mise à l’échelle des initiatives réussies, qui restent souvent à un stade pilote.

Le ministre souligne également l’importance de l’inclusion dans le système éducatif. Il est alarmé par le manque d’écoles publiques adaptées aux malentendants, ainsi que par d’autres lacunes dans l’accessibilité pour les élèves en situation de handicap. Il souhaite que les revues sectorielles soient élargies à d’autres ministères pour une approche plus holistique des défis, notamment en matière d’infrastructures et de services de base comme l’eau et l’état civil.

Enfin, concernant le numérique, Guirassy estime que c’est un outil précieux mais qu’il ne peut pas résoudre tous les problèmes à lui seul. Il insiste sur la nécessité d’une organisation efficace et d’une méthodologie solide pour tirer pleinement parti des avantages de la digitalisation dans l’éducation.

En résumé, Moustapha Guirassy met en lumière plusieurs défis importants dans le système éducatif sénégalais et propose une approche inclusive et concertée pour les surmonter.

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