Diffamation : Les descendants des tirailleurs sénégalais portent plainte contre Cheikh Oumar Diagne

La Fédération des Associations des Descendants des Tirailleurs Sénégalais (FADTS) est passée à l’offensive judiciaire. Comme elle l’avait annoncé, une plainte pour diffamation publique a été déposée contre Cheikh Oumar Diagne, ministre chargé de l’Administration et de l’Équipement à la présidence.

La FADTS accuse le ministre d’avoir tenu des propos diffamatoires à l’encontre des tirailleurs sénégalais et des anciens combattants africains, lors d’un entretien sur la chaîne YouTube Fafa TV. Ce dernier avait déclaré : « Les tirailleurs sont des traîtres qui se sont battus contre leurs frères pour des miettes. Ils étaient préoccupés par l’argent, ce qui a conduit au massacre de Thiaroye. »

Dans un communiqué, la FADTS condamne fermement ces propos, qu’elle considère comme une atteinte grave à l’honneur et à la mémoire des tirailleurs sénégalais. “Les propos diffamatoires du Ministre Cheikh Oumar Diagne sabotent et remettent en cause les efforts du gouvernement sénégalais en faveur des anciens combattants africains. Conformément à l’article L.258 du Code pénal, la diffamation publique constitue un délit passible de sanctions”, déclare l’organisation.

La Fédération exige une application stricte de la loi, espérant que cette démarche judiciaire dissuadera d’autres personnes de tenir de tels propos. Elle demande par ailleurs que le ministre soit sanctionné à la hauteur de la gravité de ses déclarations.

Cette affaire relance le débat sur la perception et la reconnaissance des sacrifices des tirailleurs sénégalais, qui ont combattu sous le drapeau français durant les deux guerres mondiales et d’autres conflits. La plainte déposée par la FADTS pourrait bien marquer un tournant dans la défense de leur mémoire collective.

Le Dakarois Quotidien & Le Dakarois Sports N°356 – du 27/12/2024

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🔴 AYANT TRAITÉ LES TIRAILLEURS DE « TRAÎTRES » : C.O.D. SOUS LE COUP D’UNE PÉTITION

🔴 VIOLENCES APRÈS MATCH CONTRE USM ALGER / AMENDE DE PLUS DE 30 MILLIONS F CFA DE LA CAF : LE JARAAF PAIE CHER
🔴 CAN 2025 / DÉBOUTÉE SUITE AU RECOURS CONTRE LA TANZANIE : LA GUINÉE FERA APPEL AUPRÈS DU TAS

Cheikh Oumar Diagne et la polémique sur les tirailleurs sénégalais : un appel à une relecture critique de l’histoire

Dans une récente déclaration qui a suscité un large débat public, Cheikh Oumar Diagne a choisi de revenir sur ses propos concernant les tirailleurs sénégalais. L’intellectuel sénégalais, accusé de dénigrer la mémoire de ces soldats africains ayant servi la France durant la période coloniale, a tenu à clarifier ses intentions et à inviter à une relecture critique de l’histoire, dénuée d’émotions et de polémiques stériles.

Cheikh Oumar Diagne rappelle que le corps des tirailleurs sénégalais, créé en 1857 par décret de Napoléon III à la demande de Louis Faidherbe, servait initialement à consolider les ambitions coloniales françaises en Afrique. Ces soldats, souvent recrutés de manière forcée ou sous des promesses de rémunération et de reconnaissance, ont été impliqués dans des expéditions militaires visant à maintenir l’ordre colonial et à réprimer les résistances locales. Diagne met en avant ce rôle ambigu, soulignant que les tirailleurs étaient le « bras armé » de l’administration coloniale française.

« Comment peut-on détester Louis Faidherbe pour ce qu’il a fait, mais aimer ceux qui exécutaient ses ordres ? » interroge-t-il. Il pousse ainsi à une réflexion plus nuancée sur le rôle historique de ces soldats, entre héroïsme militaire et collaboration involontaire avec une puissance oppressive.

Dans sa déclaration, Cheikh Oumar Diagne précise qu’il n’a jamais remis en question la dignité des tirailleurs ni nié leurs sacrifices. Toutefois, il distingue entre la commémoration des tirailleurs eux-mêmes et celle des massacres coloniaux qu’ils ont parfois subis. Le 1er décembre, jour de commémoration du massacre de Thiaroye (1944), il affirme avoir voulu souligner l’acte « lâche et ingrat » de la France envers ces soldats africains. Pour lui, cette commémoration devrait être une victoire contre le déni occidental et non une simple glorification des tirailleurs sans critique de leur rôle historique.

Diagne appelle à une relecture « décomplexée » de l’histoire coloniale sénégalaise. Selon lui, il faut classer les différents acteurs de la colonisation : les résistants, qu’il qualifie de « héros », les collaborateurs qu’il considère comme des « traîtres », et les neutres. « Où placer les tirailleurs dans cette typologie ? » demande-t-il à ses interlocuteurs, les invitant à dépasser les émotions pour engager un débat basé sur des faits historiques.

Il rappelle également que les premiers soldats africains au service de la France étaient souvent des anciens esclaves reconvertis, utilisés pour sécuriser les intérêts commerciaux français. Pour lui, l’histoire des tirailleurs ne peut être dissociée du contexte de domination coloniale, et toute tentative d’idéalisation risque d’occulter des vérités fondamentales.

Cheikh Oumar Diagne dénonce par ailleurs ce qu’il appelle la « fabrique de la polémique » dans le débat public sénégalais. Selon lui, ses propos ont été sortis de leur contexte pour alimenter des controverses inutiles, empêchant ainsi un véritable échange d’idées. Il invite ses détracteurs à visionner l’intégralité de son interview diffusée sur Fafa TV avant de formuler des jugements hâtifs.

La question des tirailleurs sénégalais reste un sujet sensible au Sénégal et dans les anciens territoires colonisés. Pour Cheikh Oumar Diagne, la mémoire collective ne peut se construire que sur une base historique solide et sans tabous. Tout en rendant hommage aux sacrifices des tirailleurs, il appelle à reconnaître les ambiguïtés de leur rôle dans l’histoire coloniale afin de mieux comprendre le passé et de tirer les leçons nécessaires pour l’avenir.

Massacre de Thiaroye : la mémoire des tirailleurs sénégalais divise au sommet de l’État

Le Sénégal a célébré, le 1ᵉʳ décembre 2024, le 80ᵉ anniversaire du massacre de Thiaroye, une tragédie survenue en 1944, où des tirailleurs sénégalais furent massacrés par l’armée coloniale française pour avoir réclamé leurs droits après leur retour du front. Cette commémoration, présidée par le chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye, a été marquée par des annonces historiques visant à honorer la mémoire des victimes et réhabiliter cette page sombre de l’histoire coloniale. Pourtant, ces initiatives présidentielles viennent d’être ébranlées par des propos controversés d’un proche collaborateur : Cheikh Omar Diagne, ministre conseiller et Directeur des moyens généraux à la présidence.

Lors de la cérémonie, le président Bassirou Diomaye Faye a prononcé un discours émouvant, dans lequel il a dévoilé une série de mesures ambitieuses pour restaurer l’honneur des tirailleurs sénégalais. Parmi ces annonces figurent l’érection d’un mémorial à Thiaroye, la revalorisation des pensions des descendants des victimes et le lancement d’une campagne nationale de sensibilisation sur cet épisode tragique. Le président a également appelé les Sénégalais à se souvenir de ces soldats souvent enrôlés sous contrainte et à reconnaître leur sacrifice.

Ces annonces ont été largement saluées, tant par la société civile que par les historiens. Beaucoup y voient un geste fort pour renforcer la conscience nationale et faire face aux blessures laissées par la colonisation. « C’est une initiative qui montre que l’État prend enfin ses responsabilités envers ceux qui ont été abandonnés à leur sort pendant des décennies », a déclaré l’historien Mamadou Diop, spécialiste de la période coloniale.

Cependant, cette démarche présidentielle a été éclipsée par une polémique déclenchée par Cheikh Omar Diagne. Dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, ce ministre conseiller a tenu des propos jugés révisionnistes et offensants. Il a qualifié les tirailleurs sénégalais de « traîtres » et estimé qu’ils « ne méritent pas d’être célébrés ». Selon lui, bien que ces soldats aient été enrôlés sous contrainte, ils auraient participé à l’oppression de leurs propres compatriotes au service de l’armée coloniale française.

« Ils ont combattu pour une cause qui n’était pas la leur. Ils ont porté l’uniforme de l’oppresseur et se sont retournés contre leurs propres frères africains. Comment pouvons-nous les honorer aujourd’hui ? », aurait-il déclaré dans cette vidéo, dont l’origine et la date d’enregistrement restent incertaines.

Ces propos ont suscité une vive indignation au sein de l’opinion publique et de la classe politique. Plusieurs organisations de défense des droits humains et de la mémoire historique ont dénoncé des « déclarations irresponsables » et exigé des clarifications de la part du gouvernement. Pour Sokhna Ndiaye, présidente de l’Association des descendants des tirailleurs sénégalais, ces propos « trahissent l’engagement de l’État à rétablir la vérité et à rendre justice à ceux qui ont été injustement sacrifiés ».

Dans les cercles politiques, la position de Cheikh Omar Diagne crée un malaise. Certains estiment que ces déclarations ternissent l’image du gouvernement et mettent en péril les efforts du président Faye pour réconcilier les Sénégalais avec leur histoire. « Ces propos sont inacceptables, d’autant plus qu’ils viennent de quelqu’un qui occupe une position influente dans l’entourage présidentiel », a réagi un député de l’opposition.

Face à la controverse, la présidence n’a pour l’instant publié aucun communiqué officiel. Toutefois, des sources proches de l’entourage présidentiel affirment que le chef de l’État serait profondément contrarié par les propos de son conseiller. Certains observateurs estiment qu’une sanction ou un rappel à l’ordre pourrait être envisagé pour dissiper les tensions et rassurer l’opinion publique.

Cette controverse illustre les tensions persistantes autour de la mémoire des tirailleurs sénégalais, symboles à la fois du sacrifice et des injustices de l’époque coloniale. Elle pose également des questions plus larges sur la manière dont le Sénégal souhaite se réapproprier son histoire et en tirer les leçons pour l’avenir.

Septième Hommage Annuel aux Soldats Tirailleurs Sénégalais: Une Commémoration Emouvante à Paris

Le 8 mai 2024 marquera le septième hommage annuel aux soldats tirailleurs sénégalais, avec une attention particulière portée à Serigne Fallou Fall et Serigne Sidy Ahmed Sy. La cérémonie se déroulera à Paris, à l’Arc de Triomphe, à partir de 16 h. Présidant l’association Serigne Falilou Fall, Serigne Cheikh Fall Khady Gueye, petit-fils de Cheikh Ibra Fall, a exprimé sa gratitude envers l’ambassadeur du Sénégal à Paris, Maguette Seye, le consul Amadou Diallo, et la vice-consule Aissata Dia, pour leur soutien.

Après la cérémonie, un dîner de gala aura lieu au Cercle National des Armées, place Saint-Augustin à Paris, selon les informations fournies par l’organisation. La commémoration sera enrichie par la présence de dignitaires religieux, notamment Serigne Cheikh Bintou Fall, khalife de Serigne Ablaye Fall Ndar, et une délégation de la famille religieuse de Tivaouane.

Serigne Falilou Fall, matricule 2222, a disparu pendant la Première Guerre mondiale. Fils aîné de Cheikh Ibra Fall, compagnon dévoué de Serigne Touba Khadim Rassoul, sa mémoire sera honorée lors de cet événement.

En France, le 8 mai est également l’occasion de rendre hommage aux milliers de soldats mobilisés inconnus qui ont combattu pour la nation française. L’événement débutera à Nice pour se conclure à Menton, au cimetière du Trabuquet où se trouve le mémorial du tirailleur. Serigne Cheikh Khady Abdoulaye Fall Ndar entreprend depuis quelques années de retrouver la tombe de son défunt parent en Europe.

Les organisateurs lancent un appel à la participation de tous pour assurer le succès de cet événement. Une cagnotte a été ouverte afin de collecter la somme de 5000€, destinée à financer la location de la salle.

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