La guerre en Ukraine : les véritables raisons du conflit.

PARTIE 1/5

Il est facile et particulièrement commode pour les représentants de la société occidentale de se rassembler derrière les narratifs de l’OTAN sur les raisons du conflit armé en Ukraine et de ne pas se mettre dans l’inconfort du doute et de la remise en question des postulats préétablis et dominant l’opinion public.

Pourtant, la sortie de cette zone de confort intellectuel qui n’est, en réalité, psychologiquement, qu’une zone de peur, est un exercice incontournable pour tous ceux qui privilégient la recherche de la vérité, qui, parfois, peut être bien différente des narratifs préétablis.

Dans cette analyse je n’entrerai pas dans les éléments historiques de chacun des belligérants, certes importants, qui ont mené vers la confrontation dans laquelle le monde se retrouve aujourd’hui, mais je parlerai du rôle réel sous-jacent et majeur de l’acteur-clé dans ce conflit : les Etats-Unis d’Amérique.

L’histoire nous démontre que, malgré les apparences, aucune guerre du passé n’a jamais eu une seule raison pour être déclenchée.

Chaque conflit majeur est basé sur un projet constitué de toute une multitude de raisons et de sous-objectifs à attendre dans le cadre d’un grand but ultime qui dépasse grandement, en général, le cadre de la guerre elle-même.

Les raisons-déclencheurs annoncées par les parties en confrontation ne sont que le reflet du point culminant, du haut de l’iceberg des divergences profondes qui, non seulement, ne peuvent plus être résolues par la voie diplomatique, mais, même au contraire, une solution diplomatique serait un obstacle à la réalisation des objectifs préétablis et soigneusement dissimulés.

L’instauration des démocraties

En terme général, les Etats-Unis d’Amérique et, auxiliairement, le monde dit occidental affirment que les conflits armés menés directement ou « orchestrés » par le monde de leur initiative ont pour raison l’instauration des états de droit, des libertés individuelles et collectives et de la lumière de la démocratie sur les territoires visés par la lutte face à la tyrannie, la dictature et la barbarie sanguinaires qui y résident.

En analysant l’intégralité de plus de cinquante guerres et intervenions armées menées depuis la fin de la seconde guerre mondiale, directement ou indirectement, par le bras armé des USA et/ou par procuration, via les pays satellites, et en analysant les résultats ultimes des hostilités on ne peut que faire un constat majeur :   

soit les Etats-Unis d’Amérique sont incroyablement mauvais dans la réalisation de leurs objectifs préétablis, car ils ne sont jamais atteints – pas une seule fois;

soit, et pour être plus sérieux, les véritables raisons de la mise à feux et en cendres de parties du monde d’une manière discontinue ne sont pas tout à fait, ou, pour être plus précis, n’ont rien à avoir avec celles affichées.

Nul doute sur l’objectivité de ce constat, car il y a beaucoup trop de précédents de « réalisations », dont on connait les résultats finaux. En mentionnant que les majeurs parmi elles, on peut citer les guerres en Corée et en Chine, au Guatemala, au Vietnam et au Cambodge, en Irak, en Bosnie et en Serbie, en Afghanistan, en Libye et en Syrie.

Sans parler de tant d’autres interventions américaines dans l’histoire contemporaine, y compris avec des bombardements directs de civils, comme à Cuba, au Congo, au Laos, à Grenade, au Liban, au Salvador, au Nicaragua, en Iran, au Panama, au Koweït, en Somalie, au Soudan, au Yémen et au Pakistan.

Et même cette liste n’est nullement exhaustive, car elle ne prend pas en compte tant d’opérations confidentielles menées de par le monde dans le but de « l’instauration des valeurs démocratiques et des droits de l’homme ».

L’observation de l’état général acquis par les sociétés visées, de leur qualité de vie avant et après les processus subis de la « démocratisation » ne peut laisser le spectateur que très perplexe.

La survie des Etats-Unis d’Amérique

En ne négligeant pas le fait que le peuple américain est un peuple fort sympathique et parfaitement amical en soi – ce qui ne peut nullement être nié par tous ceux qui ont eu l’expérience de relations et d’échange interpersonnel avec ses représentants et dont, pour ma part, j’ai la chance et l’honneur de côtoyer plus d’un de grand valeur humaine et vers qui j’éprouve de l’amitié et du respect profond – on ne peut, néanmoins, nier le fait que la liberté de pensée du peuple américain, dans sa majorité, est profondément soumise à la puissance de la propagande étatique, exercée depuis tant de décennies, via quasi l’intégralité des canaux de communication qui sont directement contrôlés par « l’état profond » américain et ses lobbies qui poursuivent les objectifs qui leur sont propres et ceci au nom de la nation américaine.

Les raisons tellement nobles des interventions armées des USA dans le monde, affichées auprès de la population américaine ne diffèrent, d’ailleurs, guère de celles affichées sur la scène internationale.

Comme le disait en 1981 l’ancien directeur de la CIA William Casey : « Notre programme de désinformation aura atteint son but lorsque tout ce que le public américain croira sera faux ».

Contrairement à des narratifs développés par les antagonistes des Etats-Unis, pour cet « état profond » américain les véritables raisons des massacres répétés à grande échelle – il est difficile de nommer autrement le mode opératoire qui leur est propre – n’ont pas pour objectif ultime et fondamental la domination du monde, appropriement dit.

Cette qualification n’est pas tout à fait précise. L’objectif final visé est bien plus pragmatique : la survie des Etats-Unis d’Amérique.

Non pas la survie toute courte, en tant qu’une entité étatique, mais la survie des constructions permettant de réaliser des superprofits à des élites, d’une part, et, d’autre part, la survie de la mode et du niveau de vie acquis par le pays depuis la fin de la Grande dépression qui est arrivée à terme avec le déclenchement de la seconde guerre mondiale et la relance de l’économie américaine par l’industrie de guerre.

Cette survie n’est, tout simplement, pas envisageable sans la domination militaro-économique, ou, pour être plus précis, militaro-monétaire du monde.

Et ce n’est nullement un hasard de l’histoire que le budget de guerre, dit de défense des Etats-Unis à lui seul est supérieur à 1/3 des dépenses mondiales dédiées à la défense – l’élément crucial dans le maintien de la domination monétaire à l’échelle mondiale.

Le concept de la survie par la domination mondiale a été clairement formulé à la fin de la guerre froide par Paul Wolfowitz, le sous-secrétaire américain à la Défense dans sa doctrine dit « de Wolfowitz » – qui considérait les USA comme la seule superpuissance restante au monde et dont l’objectif principal est de conserver ce statut: « empêcher la réémergence d’un nouveau rival, soit sur le territoire de l’ex-Union Soviétique, soit ailleurs, qui représente une menace de l’ordre de celle posée autrefois par l’Union Soviétique ».

Les principaux piliers-porteurs sous-jacents de la guerre en Ukraine

En mettant de côté les nobles narratifs adressés à la sensibilité psychologique des masses qui doivent exécuter le rôle qui leur est prescrit – l’approbation – voyons les réelles raisons, les principaux piliers-porteurs sous-jacents de la nouvelle guerre dans le cadre global de la survie des Etats-Unis d’Amérique – de la guerre en Ukraine.

Ses piliers-porteurs sont interdépendants et sont en nombre de trois :

le maintien de la domination mondiale par le système monétaire américain,

l’affaiblissement de l’économie de l’Union Européenne par le biais de la détérioration maximale des relations entre la Russie et l’Union Européenne

et l’affaiblissement significatif de la position de la Russie dans le cadre du futur conflit face à la Chine.

Tout autre élément de la guerre actuelle en Ukraine du côté américain, comme le lobbyisme de l’industrie de l’armement américain, la récupération des marchés énergétiques, la protection des importants acquis économiques américains sur le sol ukrainien, les schémas de corruption, le revanchisme personnel des « élites » américaines russophobes issues de l’immigration de l’Europe de l’Est et tant d’autres – ne sont que les compléments, les dérivés secondaires et les conséquences des trois raisons clés énumérées.

PARTIE 2/5

La guerre en Ukraine : les véritables raisons.

Le premier des trois piliers-porteurs sous-jacents de la guerre en Ukraine est le maintien de la domination mondiale par le système monétaire américain. 

Cette domination repose sur plusieurs éléments, dont les principaux sont l’extraterritorialité du droit américain, les bons du Trésor américain et le Pétrodollar.

Il est totalement impossible ni de connaitre, ni de comprendre les véritables raisons non seulement de la guerre en Ukraine, mais de la quasi-intégralité des guerres orchestrées ou menées directement pas les Etats-Unis d’Amérique, sans une vision précise des éléments mentionnés. Voyons-les donc en détail.

Le dollar et l’extraterritorialité du droit américain comme une arme de guerre économique

Le concept de l’extraterritorialité du droit américain est l’application du droit américain en-dehors des frontières des USA, ce qui permet à des juges américains d’engager des poursuites judiciaires pour des faits qui ont eu lieu dans n’importe quel point dans le monde. 

L’élément principal qui est utilisé comme prétexte aux engagements des poursuites est le fait de l’utilisation du dollar américain dans des transactions.

Ainsi, les mécanismes juridiques de l’extraterritorialité du droit américain procurent aux entreprises américaines un avantage concurrentiel majeur et totalement illégal, selon le droit international des affaires, mais bien légal selon le droit américain.

Car, l’extraterritorialité du droit oblige les entreprises étrangères utilisant dans leurs transactions le dollar américain à se conformer aux standards américains, à se soumettre à la surveillance et au contrôle de l’état américain – ce qui rend possible l’espionnage « légalisé » de leur savoir-faire et de mener des actions d’entrave au développement des concurrents des entreprises américaines.

Dans les procédures de poursuite par le Département de Justice américain, les entreprises étrangères sont soumises à l’obligation de la régularisation de leur situation par l’acceptation d’une surveillance durant plusieurs années d’affilée, dans le cadre d’un « programme de conformité ».

En outre, en mettant artificiellement les entreprises étrangères, qui intéressent les groupes américains, en danger de paiement de très grosses amendes – on les mets en position de ne pas être hostile au rachat par les américains, afin de les éviter.

Afin d’asseoir sa domination mondiale, un nombre incalculable de poursuites est lancé sans aucun véritable fondement, dont le réel but est l’accès à l’information des concurrents et l’ingérence économique.

Les bons du Trésor américain et les Pétrodollars

Dans la comptabilité il existe un terme comme les créances douteuses.

Les bons du Trésor américain sont des titres obligataires qui s’achètent et se remboursent en dollars américains et qui sont, factuellement, les créances douteuses.

Pourquoi ?

Aujourd’hui, la dette de l’état américain a dépassé les 31.000 milliards USD et continue à s’accroitre au quotidien à la hauteur de plusieurs milliards par jour. Ce chiffre dépasse largement celui du PIB annuel des USA et fait de la quasi-globalité des bons émis par le Trésor américain les titres à la solvabilité et valeur plus que douteuses, car remboursables par la monnaie nationale, dont pour la majorité émise il n’y a rien derrière. Rien de tangible.

Sa solvabilité n’est garantie que par l’émission monétaire et la confiance accordée au dollar américain qui se base non pas sur sa valeur réelle, mais sur la domination militaire du monde par les USA. 

Et la Russie avec l’Ukraine dans tout cela ?

Depuis l’arrivée de Poutine au pouvoir, la Fédération de Russie a commencé le processus progressif de séparation des bons du Trésor américain. Depuis le 2014, le début du conflit instauré par les USA en Ukraine par le coup d’état, la Russie s’est débarrassée de la quasi-intégralité de la dette américaine. Si en 2010 la Russie faisait partie des dix plus gros détenteurs de bons du Trésor américain, avec plus de 176 milliards USD, en 2015 elle en a détenu qu’à la hauteur d’environ 90 milliards, soit sa masse totale pratiquement divisée par deux en 5 ans. Aujourd’hui, la Russie ne détient que 2 milliards de cette dette, ce qui est une quantité dérisoire.

En tandem avec la Russie, la Chine de même, se débarrasse progressivement de ce dangereux débiteur. Si en 2015 elle a détenu des bons outre-Atlantique pour plus de 1270 milliards USD, aujourd’hui, c’est à la hauteur inférieure de 970 milliards, soit une baisse de ¼ en 7 ans. Aujourd’hui, la quantité de dette américaine détenue par la Chine est au plus bas depuis 12 ans.

Parallèlement au débarras des bons du Trésor américain, la Fédération de Russie a déclenché le processus progressif de la libération du monde du système des pétrodollars. 

Une spirale vicieuse est déclenchée : l’ébranlement du système des pétrodollars porterait un coup significatif au marché des bons du Trésor américain. En effet, la baisse de la demande du dollar sur la scène internationale enclenchera automatiquement une dévaluation de la monnaie et, de fait, la baisse de la demande de bons du Trésor qui mènera, mécaniquement, à une augmentation de leur taux d’intérêt, en rendant tout simplement impossible le financement de la dette publique américaine au niveau que l’on connait aujourd’hui. 

Les détracteurs du postulat que la chute du dollar contre bon nombre de devises causera de très importants dommages à l’économie américaine stipulent qu’un dollar plus faible mènera vers une augmentation significative des exportations américaines, fera profiter les fabricants américains et, de fait, diminuera le déficit commercial des États-Unis.

S’ils ont tout-à-fait raison sur l’effet bénéfique de la dévaluation du dollar vis-à-vis des exportations américaines – ils ont parfaitement tort sur l’effet final inévitablement dévastateur sur l’économie américaine, car ils ne prennent pas en compte l’élément majeur :

les USA sont un pays qui se trouve depuis des décennies sur la voie de la désindustrialisation et l’effet positif sur les exportations ne sera que relativement négligeable face au déficit commercial gigantesque. Le déficit qui a déjà atteint en 2021 le niveau record de l’histoire des Etats-Unis et qu’avec une dévaluation du dollar, et donc l’augmentation du coût des importations à tous les niveaux, aura un effet destructeur.

Ainsi, régler le compte des deux fautifs de la situation – de la Russie et de la Chine – est donc l’élément clé dans la stratégie de survie des Etats-Unis d’Amérique.

Les pétrodollars

Avec l’effondrement, en 1971, des accords de Bretton Woods qui ont perduré depuis 1944, la dépendance mondiale vis-à-vis du dollar américain a commencé à diminuer très dangereusement pour l’économie des Etats-Unis et il leur fallait trouver un autre moyen pour augmenter la demande de la monnaie nationale.

Et c’est en 1979 que le « pétrodollar » est né dans le cadre de l’accord américano-saoudien de la coopération économique : « pétrole contre dollars ». Dans le cadre de cet accord l’Arabie Saoudite a pris des obligations de vendre son pétrole au reste du monde uniquement en dollar américain, ainsi que réinvestir ses réserves excédentaires en dollars dans des bons du Trésor américain et des entreprises américaines.

En contrepartie, les Etats-Unis ont pris des obligations militaires de garantir la sécurité de l’Arabie Saoudite.

Par la suite, cet accord « pétrole contre dollars » a été étendu à d’autres pays de l’OPEP et ceci est, d’ailleurs, sans aucune contrepartie de la part des américains, et a mené vers une émission exponentielle du billet vert. Progressivement, le dollar américain est devenu la monnaie d’échange de référence pour d’autres matières premières et, de ce fait, la monnaie de réserve mondiale – ce qui a procuré aux Etats-Unis une suprématie sans égale et des privilèges exorbitants.

Aujourd’hui, on observe une rupture stratégique entre les USA et l’Arabie Saoudite qui est due à plusieurs facteurs majeurs. On peut citer une très importante réduction des importations de pétrole brut par les USA, dont l’Arabie était le plus grand fournisseur ; le retrait du soutien américain à l’Arabie Saoudite dans la guerre du Yémen et l’intention du président américain Joe Biden de sauver l’accord nucléaire avec les mollahs chiites d’Iran – ennemi juré des saoudites sunnites.

Le Royaume a très mal vécu cette triple « trahison » des américains. Le grand désaccord entre les deux pays est arrivé au point culminant avec le déclanchement de la guerre en Ukraine, quand le pouvoir saoudite été mis devant un choix existentiel : continuer à évoluer dans le sciage des USA ou rejoindre le camp de leurs adversaires majeurs qui sont la Chine et la Russie. C’est la seconde solution qui a été retenue.    

Face à l’Amérique qui a négligé les intérêts stratégiques des saoudites, la Chine, tout au contraire, n’a fait que croître sa coopération avec l’Arabie Saoudite. Et cette relation bilatérale ne se limite pas qu’au secteur des énergies fossiles, mais s’élargit grandement dans le domaine des infrastructures, de commerce et d’investissement. Non seulement les importants investissements chinois en Arabie sont en croissance constante et la Chine rachète aujourd’hui près d’un quart des exportations mondiales de pétrole du Royaume, mais, en contrepartie, le Fonds Souverain du Royaume envisage de commencer à réaliser d’importants investissements dans des entreprises chinoises de secteurs stratégiques.

Parallèlement, un accord de coopération militaire entre le Royaume saoudien et la Fédération de Russie a été signé au mois d’août 2021.

De même qu’entre la Russie et la Chine, l’Arabie Saoudite a pris le chemin de la dédollarisation des échanges et des investissements dans ses relations avec les Chinois.

Les actions conjointes et synchronisées de la Russie, de la Chine et des pays de l’OPEP sur le chemin de la dédollarisation progressive ont pris de l’ampleur avec le déclanchement de la guerre en Ukraine qui a fait sauter les masques et auront, à terme, un effet d’avalanche quasi inévitable vis-à-vis de la domination monétaire américaine, car les banques centrales de nombreux pays sont incitées à repenser la logique de l’accumulation de réserves, ainsi que du bien-fondé d’investissement dans des obligations du Trésor américain.

Déclaration de guerre

La guerre sur le territoire de l’Ukraine contre la Russie et la future guerre imminente qui se prépare dans l’Asie Pacifique contre la Chine ne sont rien d’autre qu’une partie de la réaction des USA qui considèrent l’action de la Russie et de la Chine contre la domination mondiale de la monnaie américaine comme une véritable déclaration de guerre.

Et les Etats-Unis ont parfaitement raison de prendre cette déclaration plus qu’au sérieux, car la revente massive des bons de trésor américain jumelée avec la destitution progressive du système des pétrodollars par les puissances telles que la Russie et la Chine n’est rien d’autre que le début de la fin de l’économie américaine, telle qu’on la connait depuis la fin de la seconde guerre mondiale – début de la fin des Etats-Unis, tels qu’on les connait aujourd’hui. 

Les pays qui ont osé par le passé mettre en danger la domination mondiale par le système monétaire américain ont payé leur audace avec un prix on ne peut plus radical.  

Sauf que la Fédération de Russie, de même que la République Populaire de Chine, sont des puissances militaires qui ne peuvent, en aucun cas, être attaquées directement – ce qui vaut le suicide. Seules les guerres par procuration et les guerres hybrides peuvent être menées contre la puissance russe et la puissance chinoise.

Aujourd’hui nous sommes dans la « phase russe », demain nous serons dans la « phase chinoise ».

Il est important de souligner que la guerre en Ukraine n’est nullement la première, mais la troisième grande guerre du dollar américain, sans compter deux guerres « froides » de la monnaie américaine.

Quelles sont ces guerres, hormis celle qu’on connait aujourd’hui ?

Ce sont la guerre d’Irak et la guerre de Libye. Et les deux guerres « froides » du dollar sont les guerres contre l’Iran et contre le Venezuela.

La première grande guerre du dollar

En parlant de la première guerre du dollar qui est la guerre d’Irak, il faut mettre de côté la fameuse fiole d’anthrax imaginaire que le secrétaire d’État américain Colin Powell a brandi à l’ONU, le 5 février 2003, afin de détruire le pays et de massacrer le peuple irakien, et de rappeler les faits. Les faits qui sont très éloignés de la fantaisie américaine.

Au mois d’octobre de l’an 2000, le président irakien Saddam Hussein a fait une déclaration qu’il ne souhaite plus vendre son pétrole contre les dollars américains, mais uniquement contre les euros.

Une telle déclaration valait la signature de son arrêt de mort.

Selon une étude poussée de American Civil Liberties Union et du Fond américain de l’Independence du journalisme, qu’entre 2001 et 2003 le gouvernement américain a fait 935 déclarations mensongères concernant l’Irak, dont 260 directement par George W. Bush. Et parmi les 260 déclarations du mensonge prémédité du président américain, 232 ont été sur la présence en Irak d’armes de destruction massive inexistantes.

La fiole de Colin Powell, après 254 déclarations mensongères de ce dernier du même propos, n’a été que le point culminant d’une longue et laboureuse préparation de l’opinion publique nationale et internationale en vue d’un imminant déclanchement de l’extermination de la menace irakienne portée à la monnaie américaine.

Et, lorsqu’en février 2003, Saddam Hussein met sa « menace » à exécution en vendant plus de 3 milliards de barils de pétrole brut pour le montant de 26 milliards d’euros – un mois plus tard, les États-Unis procèdent à l’invasion et la destruction totale de l’Irak, dont on connait les conséquences tragiques avec l’anéantissement de l’intégralité de l’infrastructure du pays et tant de morts parmi la population civile.

Même à ce jour, les USA affirment fermement que cette guerre n’a strictement rien à avoir avec la volonté de l’Irak de s’affranchir du système des pétrodollars. Vu l’impunité judiciaire la plus totale des crimes contre l’humanité commis par les gouvernements successifs des Etats-Unis, ils ne se donnent même pas la peine de les couvrir par des récits ne serait-ce que peu crédibles aux yeux de la communauté internationale.  

Les faits sont parfaitement connus et on pourrait s’en arrêter là. Mais, pour que le procédé de « défense » des intérêts américains, dont l’actuelle guerre en Ukraine soit encore plus claire, parlons également de l’avantdernière – seconde grande guerre du dollar qui est la guerre de Libye.    

La seconde grande guerre du dollar

Six années se sont écoulées depuis l’anéantissement de la menace irakienne – une nouvelle menace existentielle pour le dollar américain est apparu en la personne de celui qui a refusé de tirer la leçon du destin tragique de Saddam Hossein : Mouammar Kadafi.

En 2009, alors à la présidence de l’Union Africaine, Mouammar Kadafi propose aux États du continent africain une véritable révolution monétaire qui avait toutes les chances de réussir pour changer le destin du continent et qui été accueilli avec un grand enthousiasme : se soustraire de la domination du dollar américain en créant une union monétaire africaine dans laquelle les exportations du pétrole et autres ressources naturelles africaines soient payées principalement par le dinar-or – une nouvelle monnaie à créer et qui serait fondée sur les actifs financiers et les réserves d’or des fonds souverains du continent.

Suivant l’exemple des pays arabes de l’OPEP ayant leurs propres fonds souverains pétroliers, d’autres pays   africains producteurs de pétrole, commençant par les géants pétroliers et gaziers l’Angola et le Nigeria, ont lancé des processus de la création de leurs propres fonds nationaux constitués des revenus tirés des exportations pétrolières. En tout, 28 nations productrices de pétrole et de gaz africains étaient parties prenantes du projet.

Kadafi, pourtant, a commis une erreur stratégique de calcul qui a non seulement « enterré » le dinar-or, mais également lui a coûté la vie.

Il a sous-estimé le fait qu’il était totalement exclu que ce projet se réalise, d’une part, pour l’Etat américain et, d’autre part, pour « l’état profond » de Wall Street et de la City de Londres.

Car, non seulement il mettait en danger existentiel la monnaie américaine, mais, en plus, privait les banques new-yorkaises et de la City du brossage habituel de trillions de dollars provenant des exportations de matières premières du continent africain. Le Royaume-Uni était donc en parfaite symbiose avec les USA dans sa volonté de destruction du pouvoir-auteur de la menace.

Dès la prise de décision par des « alliés » sur la neutralisation de la nouvelle menace – ils ne se soucièrent guère du drôle de timing pour être une coïncidence aux yeux des observateurs : plus de 40 ans d’inaction face à Kadafi, arrivé au pouvoir en 1969, et, dès qu’il expose à l’Union Africaine le projet de cette révolution monétaire – une nouvelle guerre civile orchestrée par les USA se déclenche de suite.

En ayant déjà dans le passif l’invasion criminelle et la destruction de l’Irak basées sur de grossiers mensonges prémédités que l’état américain a proliféré à l’ONU en 2003 via Colin Powell sur les soi-disant armes de destruction massive détenues par Saddam Hussein, les Etats-Unis ne pouvaient plus se permettre de réutiliser la même technique et ont été obligés de diversifier la mise en place de l’invasion, afin de ne pas se mettre, une fois de plus, en position de criminels de guerre.

Soit, au moment quand ce nouveau « printemps arabe » est arrivé au point d’être écrasé par le pouvoir de l’état libyen – les américains, en restant dans l’ombre, utilisent les pays satellites et vassaux – la France, le Royaume-Uni et le Liban – pour déterrer de l’oubli une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies contre la Libye datée de 1973 – vieille de plus de 35 ans – pour attaquer et détruire le pays.

La réalisation été faite en violant même leur propre résolution nouvellement adoptée : au lieu de l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye prévue par la résolution, ce sont les bombardements directs des objectifs militaires au sol qui ont eu lieu. Ces bombardements ont été totalement illicites et en totale violation du droit international, car ceux qui ont voté pour l’adaptation de la résolution l’ont fait étant rassurés par les auteurs que l’objectif de l’action n’est que l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne protégeant les civils et nullement la défaite de Kadhafi, ni la destruction de son armée.

C’est-à-dire que les USA, sous la couverture de ses pays-satellites, ont directement menti à l’ONU, une fois de plus, afin d’avoir une moindre base légale pour déclencher les hostilités et de faire par la suite ce qui était prévu d’avance : anéantir la nouvelle menace au dollar américain.

Que ce sont les USA et personne d’autre qui sont les réels auteurs de la destruction de la Libye en 2011 était un secret de polichinelle.

Et, à partir de la publication par Wikileaks de la correspondance du 2 avril 2011 entre l’ancienne secrétaire d’État américaine Hillary Clinton et son conseiller Sid Blumenthal sur le sujet, le « secret » est sorti de l’ombre : Clinton était l’élément-clé de la conspiration occidentale contre le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi et, plus précisément, contre la nouvelle monnaie panafricaine – menace directe au dollar américain.

Blumenthal écrit à Clinton : « Selon les informations sensibles disponibles par cette source, le gouvernement de Kadhafi détient 143 tonnes d’or, et un montant similaire en argent… Cet or a été accumulé avant le courant de rébellion et était destiné à être utilisé pour établir une monnaie panafricaine basée sur le dinar-or libyen ».

Comme je l’ai mentionné auparavant, aucune guerre n’a jamais une seule raison pour être lancée. Dans le cas de la guerre contre Kadhafi cela a été de même : une des raisons-clés complémentaires était l’intérêt personnel de Hillary Rodham Clinton de jouer le rôle de « dame de fer » dans le milieu politique américain, en vue des futures élections présidentielles. Ceci était comme dire à son parti politique : « regardez : j’ai été capable d’écraser tout un pays. Ne doutez donc pas que je suis bien en capacité de mener le combat électoral ». En avril 2015 elle annonce sa candidature à la présidence et, en juillet 2016, elle est officiellement désignée comme candidate du Parti démocrate.

Dans la seconde grande guerre du dollar ce n’est pas que l’avenir de la Libye, mais l’avenir de tout le continent africain qui était mis sur l’hôtel du sacrifice pour le bien-être de l’économie américaine

Tous ceux qui essaient de mettre en danger le système monétaire américain – doivent disparaitre, s’ils ne sont pas de taille à résister.

Néanmoins, si c’est un pays puissant qui est en cause et que l’on n’est pas en mesure de l’écraser directement, comme l’Irak et la Libye, ce sont des attaques indirectes multimodales d’envergure qui sont élaborées et lancées, restant toujours dans l’ombre, faisant passer l’agressé pour l’agresseur, dans le but d’affaiblir l’adversaire au point qu’il abandonne ses projets de « destitution » du dollar et soit obligé de se concentrer sur la résolution de problèmes nouvellement apparus.

Après la fin de la guerre en Ukraine – la troisième grande guerre du dollar américain, c’est inévitablement la quatrième grande guerre du dollar – la guerre de Chine – qui aura lieu et dont on ignore encore quelle forme précise elle prendra.

PARTIE 3/5

La guerre en Ukraine : les véritables raisons.

Le second des trois piliers-porteurs sous-jacents de la guerre en Ukraine est l’affaiblissement de l’économie de l’Union Européenne par le biais de la détérioration maximale des relations entre la Russie et l’Union Européenne

Les coups d’état en Ukraine

La détérioration maximale et à long terme vise les relations entre la Russie et l’Europe, surtout avec l’Allemagne qui est le point de gravité de la puissance économique européenne, dans le but de l’affaiblissement du principal concurrent direct des américains sur les marchés mondiaux qui n’est personne d’autre que l’Union Européenne.

J’aimerais souligner de nullement affirmer que les zones visées par les « intérêts » américains ne présentent pas un manque de démocratie ou des libertés personnelles, en particulier celles du format occidental. Mon affirmation : la présence ou l’absence de ces nobles principes ne font guère partie des raisons des agressions américaines et ne sont que des prétextes affichés les justifiant. Il existe toute une série d’exemples plus que parlant de véritables dictatures, voir sanguinaires et porteuses de législations moyenâgeuses, qui ne sont nullement dérangées par l’occident collectif gravitant autour des USA, voir même soutenues d’une manière active pour une raison simple de leur soumission à la politique étrangère américaine.   

Après avoir organisé et réalisé des coups d’état sous la couverture de « révolutions de couleur » : en Yougoslavie en l’an 2000 et en Géorgie en 2003 – la révolution « orange » a été orchestrée par les USA en Ukraine, en 2004, afin d’y faire tomber le pouvoir de la droite modérée majoritairement pro-russe et d’y créer « l’anti-Russie », d’instaurer un nouveau pouvoir de l’extrême droite russophobe permettant d’y mener une politique répondant aux intérêts stratégiques américains.

Avec l’arrivée au pouvoir en Ukraine de Viktor Ianoukovytch, en 2010, et de sa politique globalement pro-russe, il était nécessaire de se débarrasser de ce dernier. En profitant des mouvements sociaux en 2014, les Etats-Unis organisent le coup d’état et remettent en place un pouvoir ultra-nationaliste foncièrement russophobe.

En parlant d’un coup d’état organisé par les USA il ne s’agit nullement d’une spéculation, mais d’un fait prouvé. Non seulement depuis le déclenchement de la guerre que nous vivons aujourd’hui plusieurs déclarations de hauts responsables américains dans ce sens ont eu lieu, mais, en revenant en 2014, nous y trouvons une preuve directe. La preuve qui est un enregistrement d’une conversation téléphonique interceptée et diffusée par les services des renseignements russes : conversation entre Victoria Nuland, sous-secrétaire d’Etat américaine pour l’Europe et l’Eurasie, et Geoffrey Ross Pyatt, l’ambassadeur américain en poste en Ukraine à l’époque. L’enregistrement dans lequel Nuland et Pyatt décident et distribuent les sièges au nouveau gouvernement ukrainien et qui accable directement les autorités américaines dans le coup d’état perpétré.

Les adversaires de la Russie auraient bien aimé mettre en doute l’authenticité de l’enregistrement, mais cela n’était guère possible, car Victoria Nuland a commis une très grave erreur : au lieu de nier en bloc la véracité de l’enregistrement dans lequel, entre autres, elle a insulté l’Union Européenne – elle a fait des excuses officielles pour les injures qu’elle a prononcé à l’encontre de l’UE et, de ce fait, a authentifié la réalité de cette conversation.

En outre, du côté non-gouvernemental, le très controversé George Soros a déclaré, fin mai 2014, dans une interview à CNN, que la filiale de sa fondation en Ukraine « avait joué un rôle important dans les événements qui ont lieu actuellement en Ukraine ».

Les coups d’état et l’instauration en Ukraine de « l’anti-Russie », réalisés par les Etats-Unis, ne pouvaient ne pas déclencher des contre-mesures stratégiques par la Russie. Les contre-mesures que l’on connait depuis 2014 et dont on arrive à l’apogée en février 2022.

Le sabotage du spectacle des accords de Minsk

Le respect des accords de Minsk qui aurait instauré une paix durable en Ukraine serait pour les États-Unis d’Amérique une véritable catastrophe géopolitique avec des effets économiques néfastes majeur qui en découleraient. Il était donc vital de les faire échouer.

De 2015 à 2022, ni Paris, ni Berlin n’ont réussi à faire pression sur Kiev dans le format de Normandie pour que l’Ukraine accorde l’autonomie et l’amnistie au Donbass, comme ils auraient pu le faire, pour une raison simple : en la personne du nouveau président de l’Ukraine, l’oligarque Petro Porochenko, venu au pouvoir par le coup d’état de 2014, ce sont les intérêts sous-jacents des Etats-Unis qui y ont été représentés. Les intérêts qui se sont bien mariés avec ceux des nouvelles élites ukrainiennes.

Il était clair que si les accords de Minsk devaient être respectés, les réseaux ultra-nationalistes et néo-nazis de l’Ukraine – le « bras armé » du coup d’état piloté par les Etats-Unis en personne de Victoria Nuland – devait être immédiatement démantelés. Au même instant, le chef de l’organisation paramilitaire ultra-nationaliste « Secteur droit », Dmytro Yarosh, a clairement déclaré qu’il rejetait l’accord qu’il considère être une violation de la constitution ukrainienne et qu’il comptait poursuivre le combat.

Cette position des forces en croissance exponentielle des ultra-nationalistes convenait parfaitement et aux Etats-Unis et au président Porochenko.

Il existe un enregistrement vidéo très récent, daté du 17 novembre 2022, sur lequel l’ancien président de l’Ukraine, Petro Porochenko parle (en anglais) des accords de Minsk qui ont eu lieu en 2015. Il y avoue directement :

« Je considère que le document des accords de Minsk était un document écrit avec talent. Il me fallait les accords de Minsk, afin d’avoir au moins 4 ans et demi pour former les forces armées ukrainiennes, construire l’économie ukrainienne et entrainer les militaires ukrainiens ensemble avec l’OTAN pour créer les meilleures forces armées de l’Europe de l’Est qui seraient formées avec les standards de l’OTAN ».

Порошенко о Минских соглашениях и Путине 17.11.2022г.

Selon cette déclaration de la personne-clé des accords de Minsk, les réels objectifs des pourparlers n’ont rien eu à avoir avec ceux affichés – recherche d’un modus vivendi – mais ont été uniquement de gagner le temps nécessaire à la préparation d’une grande guerre.

En ce qu’il concerne le récent interview sensationnelle accordée à Die Zeit par l’ex-chancelière allemande Angela Merkel – ceci n’est qu’un écho de la vérité annoncée par Porochenko. Et il serait un gage de myopie politique de dissocier les révélations de Merkel de ses propres « garanties » données au président Ianoukovitch en 2014 et qui ont été l’un des facteurs fondamentaux du succès du coup d’État en Ukraine.

Les accords de Minsk ont été, en réalité, qu’un spectacle, une mise en scène – et donc sabotés, de facto, avant même leur initiation.     

Le sabotage des Nord Stream 

Actuellement, les spéculations sur l’auteur des explosions sur les gazoducs russes Nord Stream dans la mer Baltique circulent. Sans même prendre en compte les déclarations non réfléchies des derniers mois émanant de divers responsables américains qui les incriminent grandement,

il faut remonter à des années auparavant, afin de constater que le sabotage de l’approvisionnement de l’Union Européenne par la Russie ne fait nullement partie des opérations hâtives « dans le feu de l’action » de la guerre en cours, mais entre bien dans les objectifs stratégiques calculés de la géopolitique américaine de long terme.

C’est déjà en 2014, que dans une interview télévisée Condoleezza Rice, la secrétaire d’état américaine de l’époque, a avoué l’importance stratégique de faire réorienter les approvisionnements en gaz et en pétrole de l’Europe vers l’Amérique du Nord en coupant les gazoducs russes : « … à long terme, on veut simplement changer la structure de la dépendance énergétique. Faire dépendre davantage de la plateforme énergétique nord-américaine, de la formidable abondance de pétrole et de gaz que nous trouvons en Amérique du Nord … ».

https://www.youtube.com/watch?v=7a0s_RWudjM

Avec l’explosion des gazoducs Nord Stream I et Nord Stream II l’objectif est, enfin, atteint.

Je laisse à votre jugement si c’est une coïncidence ou pas, le fait que cette déclaration de la responsable de la politique étrangère américaine a eu lieu l’année même du coup d’état en Ukraine organisé par les Etats-Unis – l’année de la prise du contrôle du pouvoir ukrainien par Washington D.C. – qui a mené vers la réorientation totale de la politique ukrainienne, dont on accuse aujourd’hui les conséquences. 

Il est clair que, d’une part, une telle destruction n’était pas envisageable en temps de paix, quand aucune communication et conditionnement de l’opinion des masses ne pouvait permettre le moindre doute sur l’unique auteur et bénéficiaire possible d’un tel événement sans précèdent ;

d’autre part, que la mise hors service des gazoducs russes change immédiatement la structure de la dépendance énergétique européenne et la fait réorienter directement vers la plateforme énergétique nord-américaine, vu la saturation au niveau de la demande auprès des producteurs du golfe Persique.

Le pouvoir corporatif américain accède, enfin, au grand marché énergétique européen et, en même temps, décide des prix de vente qui font réguler les coûts de revient dans les industries du concurrent du vieux continent.

Une balle dans le pied 

Les faits de la réalité économique sont têtus : l’un des fondements de la concurrentialité des entreprises européennes sur le marché mondial face à ses concurrents direct était, depuis des décennies, l’énergie à des prix bas livrée par la Russie et sécurisée par des contrats à long terme.

L’auto-privation, assumée par les responsables actuels des pays européens, de l’accès à cette énergie rend le sens de l’expression « se tirer une balle dans le pied » bien propre à la situation que les industries de l’UE subiront à court et moyen terme, voir à long terme, si la politique dans ce sens ne connait pas de changement radical de son vecteur.

Comme un des « effets secondaires » obtenus par les Etats-Unis sera la désindustrialisation partielle de l’UE qui va directement contribuer au nouveau rêve américain de la réindustrialisation du pays, en déclin depuis les années 1970, et dont la contribution sera apportée par des entreprises européennes énergivores qui ne seront plus en mesure de maintenir leurs activités au niveau habituel sur le continent européen et chercheront de nouveaux débouchés pour le développement sur le continent américain qui préservera les prix de l’accès à des énergies à des niveaux relativement modérés.   

En septembre 2022, les prix à la production industrielle en Allemagne ont bondi de 45,8 %, soit un record historique absolu depuis 1949, année du début des enquêtes statistiques par l’Office fédéral allemand de la statistique. Ce qu’il fallait démontrer.

Par ailleurs, le freinage constant entrepris dans les dernières années par les allemands au niveau de la quasi intégralité des accords dans le domaine de la coopération des industries de l’armement entre la France et l’Allemagne qui pourraient mener au développement significatif de l’industrie de défense européenne autonome, démontre sans nul doute possible la domination politique de l’Allemagne par les Etats-Unis. L’annonce faite par les allemands au déclenchement de la guerre en Ukraine d’une commande de niveau sans précèdent d’armements américains ne fait que reconfirmer la certitude.

Cette domination a mené vers plusieurs succès majeurs supplémentaires américains qui sont l’affaiblissement significatif du concurrent européen dans le domaine de l’armement ; l’élargissement du marché pour l’industrie américaine de l’armement et, surtout, la neutralisation du danger de la création d’un véritable bloc de défense européenne autonome.     

Néanmoins, malgré le succès considérable dans le processus de l’affaiblissement de l’économie européenne, le parti démocrate américain, qui est historiquement un pouvoir belliqueux, a commis une erreur stratégique de refuser de suivre les préconisations de Donald Trump, disant qu’il fallait redresser les relations, faire la paix avec l’adversaire traditionnel qui est la Russie, afin que cette dernière ne soit pas un soutien significatif – énergétique et alimentaire – vis-à-vis de l’ennemi majeur des USA qui est la Chine, quand la grande confrontation aura lieu.

PARTIE 4/5

La guerre en Ukraine : les véritables raisons.

La quatrième grande guerre du dollar

Le troisième pilier-porteur sous-jacent de la guerre en Ukraine est l’affaiblissement significatif de la position de la Russie dans le cadre du futur conflit face à la Chine, qui sera la quatrième grande guerre du dollar.

Objectif : l’affaiblissement de la Russie qui est le partenaire stratégique de la Chine tant dans le domaine économique, dont les deux pays ont une véritable complémentarité, tant dans le domaine politico-diplomatique et militaro-technologique. Et, malgré le maintien par la Chine du statut quo vis-à-vis de la guerre en Ukraine, à la suite de menaces directes de graves sanctions émanant de l’occident collectif dirigé par les USA, ce dernier fait un constat amer : l’alliance sino-russe n’a nullement été ébranlée.

De même que pour la guerre en Ukraine et les guerres précédemment mentionnées, il est important de faire le constat des faits qui indiquent que, d’une part, la guerre des Etats-Unis face à la Chine est inévitable et que, d’autre part, les véritables raisons de la future guerre sont, une fois de plus, et en grande partie dans la volonté de la RPC à se soustraire du système des pétrodollars, ce qui est un véritable casus belli « classique » du point de vue du pouvoir américain.

Plusieurs faits majeurs mettent les américains dans la nécessité d’agir d’une manière ferme, dont je peux en citer les principaux :

En 2012, la Chine commence à acheter le pétrole brut à l’Iran, en payant en yuan. À l’Iran qui déjà, depuis 2016, fait libeller ses contrats pétroliers en euro, en rejetant le dollar américain.

En 2015, la Chine lance les futures – contrats à terme sur le pétrole auprès de Shanghai Futures Exchange, qui ont pour objectif principal la réalisation des transactions via des swaps en yuan entre la Russie et la Chine et entre l’Iran et la Chine – ce qui est un nouvel élément stratégique de la géopolitique chinoise.

En 2017, la Chine avec ses importations de 8,4 millions de barils du pétrole brut par jour, devient le premier importateur mondial de pétrole brut et, parallèlement, signe un accord avec la Banque centrale de Russie, visant à acheter le pétrole russe avec la monnaie chinoise.

En 2022, comme on l’a vu précédemment, la RPC entre en accord avec l’Arabie Saoudite pour les achats du pétrole en yuan.

Et ces processus, rappelons-nous, se déroulent parallèlement à la séparation lente, mais progressive des bons du Trésor américain, dont la masse détenue par la Chine a été diminuée de ¼ dans les 7 dernières années.  

L’analyse des initiatives entreprises par l’Empire du Milieu dans leur politique économique étrangère de la dernière décennie démontre nettement le danger en croissance exponentielle vis-à-vis de la viabilité du modèle contemporain de l’économie américaine. Seules les mesures radicales à entreprendre par le pouvoir outre-Atlantique face à l’adversaire chinois peuvent enrayer ou, au moins, essayer d’enrayer, le processus de la fragilisation des fondations de l’économie mondiale construites par l’Amérique depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

Dans cette logique, l’attaque militaire de Taïwan par la Chine est une nécessité absolue pour les États-Unis d’Amérique. Tout sera donc fait pour que cela arrive.

Néanmoins, restons réalistes : l’état américain est conscient qu’à court terme, dans les années à venir, la Chine ne représente pas de grand danger pour leur économie car,

d’une part, l’internationalisation de la monnaie chinoise est très lente : son poids dans les paiements mondiaux est inférieur à 4%, ce qui est négligeable, en vue du poids du PIB chinois. De même pour la part du yuan dans les réserves officielles mondiales qui reste très faible, inférieure à 3%, avec une progression non significative. 

D’autre part, vu les quantités gigantesques des bons de Trésor américain accumulées par la banque centrale de Chine, il lui faudra un temps considérable pour s’en débarrasser.

Sans parler qu’à court et moyen terme les marchés ne présentent aucun produit de substitution crédible aux bons du Trésor américain quant à la liquidité.

Un danger existentiel

Ceci étant, les américains sont parfaitement conscients qu’à long terme, les processus en marche représentent bien un danger existentiel et, vu l’expérience des dernières décennies, il est inconcevable que les Etats-Unis n’entreprennent pas une frappe ou des frappes préventives stratégiques contre les auteurs de la nouvelle menace. 

Le travail de longue haleine réalisé par les américains en Ukraine, afin d’y instaurer le régime politique ultra-nationaliste russophobe et d’y développer l’intégralité des éléments nécessaires à la mise de la Russie en situation de l’impossibilité de ne pas entrer en guerre, est le même travail de provocation que les USA sont en train de réaliser en Asie du sud-est vis-à-vis de Taïwan, en sabotant les espoirs d’une réunification pacifique dans le cadre de la politique de Pékin d’une seule Chine, afin que les chinois l’attaque militairement – ce qui sera en soi la réalisation d’une frappe stratégique américaine.

Le scénario est globalement similaire à celui du sabotage des accords de Minsk-II, ce qui a été l’élément clé du déclenchement de « l’agression » russe.

Avec Taïwan comme l’outil, la provocation d’une « agression injustifiée » des chinois aurait pour l’objectif primaire le déclenchement des sanctions massives de l’occident collectif qui devront faire écrouler l’économie du principal concurrent américain. Ceci est de même avec l’Ukraine comme l’outil qui a déjà fait ébranler l’économie de son second grand concurrent – l’Union Européenne – par la privation de son industrie de l’alimentation en énergie russe.

L’un des éléments clés des sanctions prévues ne sera, certainement pas, une « contre-attaque » synchronisée de la coalition transatlantique, vu une réticence croissante de la vielle Europe trop éprouvée par le conflit ukrainien et trop dépendante des échanges économiques sino-européens, mais, fort probablement, le blocus énergétique de la Chine mené directement par les américains en bloquant le détroit de Malacca, dont la Chine dépend à 2/3 au niveau de ses importation de pétrole et de GNL.

Avec la guerre en Ukraine, les sanctions collectives occidentales contre la Russie ont dû jouer un rôle clé pour faire effondrer l’économie russe, afin qu’au moment du conflit futur face à la Chine elle ne pourra pas se permettre le soutien significatif de son partenaire stratégique chinois : fournir à la Chine l’énergie par la voie terrestre sous la menace de nouvelles sanctions que le pays, dont l’économie est sensée être mise à genoux, ne serait pas en mesure de supporter davantage.

Le plan primaire qui a dû fonctionner contre la Russie en quelques mois a totalement échoué à cause des éléments que les premiers mois de la guerre en Ukraine ont démontrés. L’action américaine a été donc fondamentalement revue et se base, dorénavant, sur la stratégie de l’usure à long terme.

La guerre des Etats-Unis contre la Chine, est-elle pour demain ?

Ayant aujourd’hui la guerre contre la « base arrière » énergétique, militaire et alimentaire de la Chine qui est la Russie, les importantes hostilités contre la Chine devraient être déclenchées à court ou moyen terme, avant que les Russes ne soient rétablis de l’affaiblissement prévu causé par le conflit ukrainien.   

Mais, sans même la prise en compte de l’élément imprévu de la persistance de la résistance de l’économie russe au choc des sanctions, malgré la rhétorique belliqueuse de Washington sur la concentration des efforts pour mener les hostilités contre la Russie et la Chine simultanément, l’analyse de la planification de la défense américaine démontre qu’elle ne le permet, tout simplement pas, pour des raisons structurelles.

En 2015, la Pentagone a revu sa doctrine sur la capacité à mener deux grandes guerres simultanément, qui a dominé durant la guerre froide et jusqu’à l’année en question, au bénéfice de la concentration des moyens, afin d’assurer sa victoire dans un seul conflit majeur.

Par ailleurs, depuis le début de la guerre en Ukraine, les Etats-Unis ont déjà investi plus de 20 milliards de dollars pour la faire perdurer et ont envoyé vers l’Europe un supplément de 20.000 soldats, en plus du contingent déjà présent sur le vieux continent.

De l’autre côté, en ce qui concerne le soutien de Taiwan face à la Chine, les sénateurs américains sont seulement en train de discuter les aides à hauteur de 10 milliards de dollars pour les 5 années à venir. C’est-à-dire des aides 2 fois inférieures à celles que l’Ukraine a perçu en 8 mois de guerre. 

Il est donc très hautement improbable que le déclenchement du conflit armé en Asie du Pacifique, du côté américain, ait lieu avant la cessation complète de la guerre en Ukraine. Sauf si c’est la Chine qui prend des initiatives, étant consciente de l’affaiblissement militaire ponctuel de son rival.

En attendant, vu la synergie sino-russe qui se reflète dans la formule chinoise « le partenariat avec la Russie n’a aucune limite », la grande volonté de « neutraliser » la Russie avant la guerre de Chine fait partie intégrante de la nouvelle doctrine qui domine les forces armées américaines depuis sept ans.

PARTIE 5/5

La guerre en Ukraine : les véritables raisons.

Seule la politique étrangère américaine très agressive appuyée par la domination militaire et monétaire mondiale permettent aux États-Unis d’Amérique d’occuper aujourd’hui les positions qui sont les siennes. 

Tout autre état ayant perpétré ne serait-ce qu’une partie infime des exactions énumérées, non exhaustive, sur ces pages – serait classé par la « communauté internationale » réunie autour des USA en tant qu’un état criminel, un paria, et serait soumis à des embargos « légitimes » bien plus graves que ceux de la Corée du Nord, de l’Iran et de Cuba réunis.

L’Ukraine en tant qu’outil périssable

Une des raisons principales pourquoi le cours des événements n’a pas été orienté au déclenchement des hostilités russo-ukrainiennes des années auparavant, encore sous la présidence de Barak Obama, dans la période de 2014-2017, réside dans la ligne conductrice de la Maison Blanche de cette époque qui était basée sur le postulat : la domination de l’Ukraine face à la Russie n’est pas un élément existentiel pour les USA.

Depuis Obama, la politique américaine a connu des mutations, mais, malgré les diverses déclarations, sa ligne conductrice vis-à-vis de l’Ukraine n’a nullement changé. 

L’Ukraine n’est utilisé qu’en tant qu’outil périssable de l’affaiblissement de la puissance russe, comme un pays-mercenaire de l’Otan, au moins pour la période de la confrontation future avec la Chine et, parallèlement, de la réduction au minimum des relations économiques entre la Russie et l’Europe.

Au moment venu quand le pouvoir américain considérera que le « retour sur investissement » dans la guerre en Ukraine est suffisant ou bien quand il fera le constat que la probabilité à attendre le seuil de satisfaction est trop faible – le régime de Kiev sera abandonné par les américains. Abandonné de la même manière qu’est le régime afghan de Ghani a été abandonné et les kurdes en Irak et en Syrie ont été abandonnés après avoir accomplis, partiellement, les missions qui leurs ont été attribuées par l’Amérique, contre la promesse de la création d’un état kurde. La promesse qui n’engageait que ceux qui l’écoutaient.

De ce fait, et vu que malgré la pression des sanctions occidentales sans précèdent la Russie dispose toujours de finances publiques saines, dette négligeable, balance commerciale excédentaire et aucun déficit budgétaire – le conflit en Ukraine ne peut ne pas être importé par les russes, dans une forme ou une autre.

De plus que, élément fondamental : pour la Fédération de Russie ceci est un élément existentiel ; pour les Etats-Unis d’Amérique, comme déjà mentionné, il ne l’est pas.

Post-scriptum

Les actions des Etats-Unis des dernières décennies, et celles qui auront, inévitablement, lieu dans les décennies à venir, sont l’expression du capitalisme dans son état pur et donc nécessairement malsain, car pour effet la provocation de dangereux mouvements tectoniques, d’un grave dérèglement, voire de la mise en péril de l’économie du marché mondial qui a pour objectif majeur la recherche de l’équilibre ; le capitalisme étant très éloigné des postulats libéraux d’Adam Smith et de ses idées quelque peu naïves sur la régulation du système capitaliste par le marché.

Les gouvernements américains successifs, étant le bras armé de « l’état profond », du pouvoir corporatif, donnent non seulement raison à Karl Marx, l’ennemi tant détesté par ces derniers, mais également et entièrement à Fernand Braudel pour qui le capitalisme est la recherche de l’affranchissement des contraintes de la concurrence, la limitation de la transparence et l’établissement des monopoles qui ne peuvent être atteints qu’avec la complicité directe de l’Etat.

N’étant pas un partisan des théories socialistes, encore moins communistes, en constatant le modèle économique américain d’aujourd’hui il m’est difficile, néanmoins, de ne pas leur accorder le bienfondé de leur approche du capitalisme.     

La guerre en Ukraine n’est que la démonstration d’une étape intermédiaire de la lutte des Etats-Unis d’Amérique pour sa survie dans son état actuel qui est inconcevable sans la sauvegarde et l’élargissement des monopoles, de la domination unipolaire à l’échelle mondiale.

A ce stade de la confrontation on peut faire plusieurs constats majeurs.

La détérioration maximale des relations entre la Russie et l’Union Européenne et, de ce fait, l’affaiblissement économique significatif de son concurrent direct qui est cette dernière, sont une grande réussite des Etats-Unis.

Pourtant, la stratégie américaine a été totalement ébranlée par deux imprévus fondamentaux interdépendants qui sont en train de changer la face du monde d’une manière irréversible :

Premièrement, la Fédération de Russie s’est montrée, d’une manière inattendue, incomparablement plus résistante qu’il était prévu à la pression économique de l’occident collectif et n’a nullement connu une très grave récession économique planifiée et même hâtivement annoncée par les responsables de ce dernier.

De ce fait, la Russie n’a pas été neutralisée dans le cadre du futur conflit des USA face à la Chine – ce qui est une défaite majeure qui a mené vers le deuxièmeimprévu cardinal :

les Etats-Unis d’Amérique se sont retrouvés dans l’incapacité de fédérer autour d’eux le monde non occidental dans son projet anti russe et ceci malgré la réalisation de pression sans précèdent.

Les événements depuis le 24 février 2022 ont produit un effet opposé : l’accélération de la décomposition du modèle du monde unipolaire de l’histoire contemporaine par la réussite de la Russie à faire face à l’occident collectif, ainsi que la génération des grandes différenciations et prises de positions, ouvertes ou dissimulées, des acteurs majeurs non occidentaux de l’économie mondiale, hormis le Japon et la Corée du Sud qui sont les satellites traditionnels de la politique américaine. Les différenciations et les positions qui sont la consolidation des fondations d’un nouveau monde multipolaire.     

Ceci est la seconde défaite majeure qui, en ce qui la concerne, est une menace existentielle pour les Etats-Unis, car, à long terme, met en danger imminant le maintien de la domination mondiale du système monétaire américain.

L’irréversibilité du processus rend inutile une éventuelle remise à jour de la stratégie américaine vis-à-vis de l’Ukraine qui pourrait se traduire par un renforcement très significatif de l’aide militaire, de plus qu’une telle action augmentera proportionnellement les risques de frappes nucléaires sur le sol américain.

Le futur proche nous montrera quelle sera la riposte de Washington.

La rupture diplomatique du Niger avec l’Ukraine : répercussions et implications pour la sécurité au Sahel

Dans un geste de solidarité sans précédent avec le Mali, le Niger a récemment annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec l’Ukraine. Cette décision fait suite à une attaque menée par des Touaregs séparatistes contre les Forces Armées Maliennes (FAMa) et les instructeurs russes à Tinzaouaten, que les autorités nigériennes ont imputée à Kiev. Cette escalade de tensions intervient dans un contexte où les relations internationales et régionales sont déjà fragilisées.

Le 3 août dernier, les autorités nigériennes, par la voix du porte-parole du Conseil nigérien, Amadou Abdramane, ont accusé l’Ukraine d’être impliquée dans l’attaque contre les forces maliennes et les instructeurs russes. Cette accusation s’appuie notamment sur une vidéo diffusée par l’ambassade d’Ukraine au Sénégal, dans laquelle Andriy Yusov, représentant de l’Ukraine, semble revendiquer l’implication de son pays dans cette attaque. En réponse, le Niger a immédiatement rompu ses relations diplomatiques avec l’Ukraine, invoquant la nécessité de protéger la stabilité de la région du Sahel.

Cette rupture diplomatique est perçue comme un acte de solidarité avec le Mali, qui a pris une mesure similaire quelques jours auparavant. Depuis 2022, les relations entre les États sahéliens—le Mali, le Niger, et le Burkina Faso—et leurs anciens partenaires occidentaux, principalement la France et les États-Unis, se sont considérablement détériorées. Ces pays ont cherché à diversifier leurs alliances, notamment en se rapprochant de la Russie, vue par certains comme un partenaire plus fiable dans la lutte contre les groupes terroristes qui sévissent dans la région.

Le Sénégal a réagi rapidement à ces événements, condamnant l’attaque et convoquant l’ambassadeur d’Ukraine à Dakar pour des explications. Le Burkina Faso, de son côté, a exprimé son indignation face à la publication de la vidéo par l’ambassade d’Ukraine. Le silence de la communauté internationale, et en particulier de l’Union africaine, face à cette situation est perçu par certains comme une complaisance coupable, alors que la région du Sahel est confrontée à une menace terroriste croissante.

La décision du Niger soulève des questions plus larges sur l’avenir des relations entre les pays du Sahel et l’Ukraine. D’autres nations pourraient-elles suivre l’exemple du Mali et du Niger en rompant leurs relations avec Kiev ? Si tel est le cas, cela pourrait marquer un tournant dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel, où les alliances se reconfigurent à un rythme rapide.

Le Niger a appelé la communauté internationale, et particulièrement le Conseil de sécurité des Nations Unies, à prendre ses responsabilités face à ce qu’il considère comme une agression ukrainienne. Les autorités nigériennes ont également déploré le manque de réaction des pays africains, mettant en lumière un besoin urgent de réévaluation des politiques internationales envers la région.

La rupture des relations diplomatiques entre le Niger et l’Ukraine est un signe de plus des tensions croissantes au Sahel. Alors que la région est déjà en proie à une instabilité chronique, exacerbée par la présence de groupes terroristes, ces événements pourraient encore compliquer la situation. L’implication présumée de Kiev dans ces attaques et la solidarité manifestée par les pays sahéliens pourraient entraîner un réalignement géopolitique, avec des conséquences potentiellement profondes pour la sécurité et la stabilité de la région. Dans ce contexte, la communauté internationale est appelée à réagir de manière décisive pour éviter une escalade supplémentaire.

Donald Trump promet de mettre fin à la guerre en Ukraine s’il est réélu Président

Le vendredi, l’ex-président américain Donald Trump a fait une déclaration audacieuse concernant la guerre en Ukraine. Sur sa plateforme Truth Social, il a révélé qu’il avait eu une conversation téléphonique avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Lors de cet échange, Trump a promis que, s’il était réélu à la Maison Blanche, il mettrait fin au conflit entre l’Ukraine et la Russie.

« En tant que votre prochain président des États-Unis, je vais apporter la paix dans le monde et mettre fin à la guerre qui a coûté tant de vies », a affirmé le candidat républicain à la présidentielle de novembre prochain. Cette promesse, bien que réitérée à plusieurs reprises par Trump, manque toutefois de détails concrets sur les moyens par lesquels il envisage d’atteindre cet objectif ambitieux.

Depuis le début de sa campagne pour la présidence de 2024, Trump a souvent mis en avant sa capacité à négocier la paix et à résoudre les conflits internationaux. Cependant, il n’a jamais clairement expliqué les stratégies qu’il utiliserait pour mettre un terme à la guerre en Ukraine, un conflit qui a fait des milliers de victimes et déplacé des millions de personnes depuis son début en 2014.

Cette déclaration intervient dans un contexte où les relations internationales sont particulièrement tendues, avec de nombreux analystes soulignant la complexité de la situation en Ukraine. Le conflit, qui oppose les forces ukrainiennes aux séparatistes soutenus par la Russie dans l’est du pays, est alimenté par des questions historiques, ethniques et géopolitiques profondes.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n’a pas encore commenté publiquement cette conversation téléphonique avec Donald Trump. Cependant, il est bien connu que l’Ukraine cherche désespérément un soutien international pour repousser l’agression russe et rétablir la paix dans le pays. Toute proposition de paix, surtout venant d’une figure politique influente comme Trump, sera donc scrutée de près à Kiev.

Mettre fin à la guerre en Ukraine nécessitera plus que des promesses de campagne. Il faudra des négociations diplomatiques complexes, la coopération de plusieurs acteurs internationaux et, surtout, la volonté de la Russie de s’engager dans un processus de paix. Trump, connu pour son style de négociation imprévisible et ses relations controversées avec le président russe Vladimir Poutine, devra démontrer une approche différente et plus structurée s’il souhaite réellement apporter une solution durable à ce conflit.

La promesse de Donald Trump de mettre fin à la guerre en Ukraine s’il est réélu à la présidence est une déclaration puissante qui attirera sans doute l’attention des électeurs américains et de la communauté internationale. Cependant, sans détails concrets sur les mesures qu’il compte prendre, cette promesse risque de rester une simple rhétorique de campagne. Seul le temps dira si Trump peut effectivement réaliser cette ambition de paix mondiale.

Joe Biden dénonce les frappes en Ukraine et annonce de nouvelles mesures pour renforcer la défense antiaérienne

Lundi dernier, le président américain Joe Biden a vivement condamné les récentes frappes en Ukraine, qui ont causé la mort d’au moins 36 personnes. Dans une déclaration poignante, Biden a qualifié ces événements de rappel atroce de la brutalité manifestée par la Russie dans le conflit en cours. Il a promis des actions décisives pour renforcer la défense antiaérienne de l’Ukraine, visant à protéger ses centres urbains et ses civils des attaques aériennes russes.

« Ensemble, avec nos alliés, nous allons annoncer de nouvelles mesures pour renforcer la défense antiaérienne de l’Ukraine afin d’aider à protéger ses villes et ses civils des frappes russes », a affirmé le président Biden. Ces mesures seront discutées dans le cadre d’un sommet crucial de l’OTAN prévu à Washington, où il rencontrera notamment le président ukrainien Volodymyr Zelensky à partir de mardi.

Cette déclaration survient dans un contexte de tensions exacerbées entre la Russie et l’Ukraine, marqué par une escalade des violences qui a alarmé la communauté internationale. Biden a également souligné l’engagement des États-Unis et de leurs partenaires européens à soutenir l’Ukraine face à l’agression russe, et à renforcer les capacités défensives du pays dans cette période critique.

Le sommet de l’OTAN s’annonce ainsi comme une plateforme cruciale pour coordonner les efforts internationaux visant à endiguer le conflit et à protéger la souveraineté de l’Ukraine, tout en cherchant des voies diplomatiques pour une résolution pacifique du conflit.

Les États-Unis annoncent une nouvelle aide militaire à l’Ukraine de 2,3 milliards d’euros

Le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a révélé mardi dernier un soutien militaire renforcé à l’Ukraine, avec une aide financière atteignant 2,3 milliards de dollars. Cette initiative comprend des équipements essentiels tels que des systèmes de défense anti-aérienne avancés et des armes antichar, dans le but de renforcer les capacités défensives de l’Ukraine face à la menace croissante dans la région.

L’annonce a été faite lors d’une rencontre au Pentagone entre M. Austin et son homologue ukrainien, Roustem Oumerov. Le ministre américain a souligné l’importance de ce soutien pour garantir la sécurité de l’Ukraine et renforcer sa résilience face aux défis sécuritaires actuels.

Cette nouvelle tranche d’aide sécuritaire reflète l’engagement continu des États-Unis envers l’Ukraine, dans un contexte de tensions persistantes en Europe de l’Est. Les mesures incluront non seulement des équipements militaires cruciaux, mais aussi un appui stratégique pour renforcer la préparation et la capacité de réponse de l’Ukraine face à toute menace émergente.

L’aide américaine témoigne d’un soutien international significatif en faveur de l’Ukraine, qui continue de faire face à des défis géopolitiques complexes. Cette initiative marque une étape importante dans la coopération bilatérale entre les deux nations, soulignant l’engagement des États-Unis à défendre la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans un climat de sécurité européenne en évolution constante.

Deux responsables de la sécurité d’État arrêtés en Ukraine pour tentative d’assassinat de Zelensky

Le journal en ligne « Ukrainska Pravda » a récemment rapporté l’arrestation de deux hauts responsables de l’administration de la sécurité d’État en Ukraine. Les deux individus sont accusés de trahison et de complicité dans un attentat terroriste, mais selon le média, leur véritable intention était l’assassinat du président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Selon un communiqué du Service de sécurité ukrainien (SBU), ces deux colonels faisaient partie d’un réseau d’agents supervisés par les services secrets russes (FSB) depuis Moscou. L’objectif principal de ce réseau de renseignement russe était d’identifier des militaires proches de la sécurité du président susceptibles de prendre Zelensky en otage et de le tuer par la suite.

En plus de Zelensky, les autorités ukrainiennes affirment que les agents russes cherchaient également à éliminer d’autres hauts responsables ukrainiens, dont le chef du service de sécurité ukrainien Vasyl Malyuk et le chef de la Direction générale du renseignement du ministère de la Défense ukrainien (GUR) Kirill Budanov.

Le chef du SBU a déclaré qu’un cercle restreint de personnes était au courant de cette opération spéciale qui a permis de démasquer les deux agents ennemis. Il a également souligné que l’élimination de Zelensky devait être un « cadeau fait à Poutine pour son investiture », faisant référence au serment présidentiel de Vladimir Poutine qui a eu lieu le même jour.

Cette tentative d’assassinat met en évidence les tensions persistantes entre l’Ukraine et la Russie, ainsi que les dangers auxquels sont confrontés les responsables politiques ukrainiens. Elle souligne également l’importance de la vigilance et de la sécurité nationale dans un contexte de géopolitique complexe et de conflit en cours.

Nouvelles frappes en Ukraine : Au moins neuf morts et 18 blessés signalés

De nouvelles frappes dévastatrices ont secoué la région de Dnipropetrovsk en Ukraine, faisant au moins neuf morts, dont trois enfants, et 18 blessés, selon le ministre de l’Intérieur. Les attaques, attribuées à la Russie, ont ciblé des zones résidentielles, provoquant d’importants dégâts matériels et semant la terreur parmi les habitants.

Dans le district de Synelnykové, des maisons ont été gravement endommagées, entraînant la mort de plusieurs personnes, dont des enfants. À Dnipro, la capitale régionale, un immeuble résidentiel et d’autres infrastructures civiles ont été touchés, faisant d’autres victimes parmi les civils.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a vivement condamné ces attaques, soulignant la nécessité d’une réponse internationale pour protéger les civils et renforcer la défense aérienne du pays. Il a appelé à une action urgente pour fournir à l’Ukraine les systèmes de défense nécessaires pour contrer les attaques incessantes de la Russie.

Depuis le début de l’invasion russe en 2022, l’Ukraine est confrontée à une série d’attaques quotidiennes, mettant à rude épreuve ses infrastructures et ses ressources. Malgré les appels répétés à l’aide de la communauté internationale, l’Ukraine continue de subir les assauts de l’armée russe, tandis que l’aide occidentale peine à arriver à temps pour contrer ces attaques meurtrières.

Dans cette escalade de la violence, l’armée de l’air ukrainienne a affirmé avoir abattu un bombardier russe, une première depuis le début de l’invasion. Selon les rapports, l’avion aurait été abattu par des missiles antiaériens ukrainiens, démontrant la détermination du pays à se défendre contre l’agression russe.

Ces événements tragiques soulignent la nécessité d’une action internationale urgente pour mettre fin au conflit et protéger la population civile en Ukraine. Alors que les pertes humaines et les destructions continuent de s’accumuler, il est impératif que la communauté internationale intensifie ses efforts pour résoudre cette crise et mettre fin aux souffrances du peuple ukrainien.

Un joueur d’Arsenal prêt à rejoindre le front en Ukraine : Éthique, sécurité et implications contractuelles

La guerre en Ukraine, théâtre d’un conflit meurtrier opposant le pays à son voisin la Russie, continue de susciter des réactions mondiales. Dans ce contexte de crise, une déclaration récente du joueur d’Arsenal FC, Alexandre Zinchenko, a captivé l’attention. Affirmant sa volonté de rejoindre le front pour défendre son pays, Zinchenko soulève des questions éthiques, de sécurité et contractuelles pour lui-même et son club.

La décision de Zinchenko de se porter volontaire pour combattre l’armée de Poutine en Ukraine témoigne d’un profond sentiment de solidarité envers son pays en temps de crise. Cette démarche souligne l’engagement personnel de certains individus à défendre leurs valeurs et leur nation face à l’adversité.

Cependant, cette décision soulève également des préoccupations légitimes quant à la sécurité et au bien-être de Zinchenko. Le front en Ukraine est un environnement extrêmement dangereux, où des milliers de vies ont été perdues dans un conflit qui semble loin de trouver une résolution. Les risques pour la sécurité du joueur sont donc considérables, ce qui soulève la question de la responsabilité de son club envers lui.

Outre les préoccupations de sécurité, la décision de Zinchenko pourrait également avoir des implications juridiques et contractuelles. En tant que joueur professionnel sous contrat avec Arsenal FC, Zinchenko est lié par des obligations contractuelles strictes envers son club. Participer à un conflit armé pourrait être considéré comme une violation de ces obligations, ce qui pourrait entraîner des conséquences juridiques pour lui-même et potentiellement pour le club.

Pour Arsenal FC, la situation pose un dilemme délicat. D’une part, le club pourrait être tenté de soutenir Zinchenko dans sa décision en tant que geste de solidarité et de patriotisme. D’autre part, Arsenal doit également veiller à la sécurité et au bien-être de son joueur, ainsi qu’à ses propres intérêts juridiques et contractuels.

La déclaration de Zinchenko sur sa volonté de rejoindre le front en Ukraine soulève des questions complexes et délicates pour lui-même et son club. Entre solidarité nationale, préoccupations de sécurité et implications contractuelles, cette situation met en lumière les défis auxquels les individus et les institutions sont confrontés dans des moments de crise mondiale. Arsenal FC devra naviguer avec prudence et compassion dans cette situation difficile, en tenant compte des multiples considérations en jeu.

L’Otan planifie une assistance durable à l’Ukraine en l’absence d’une direction américaine stable

Réunis à Bruxelles pour une session de deux jours, les 32 ministres des Affaires étrangères de l’Otan ont pris une décision capitale concernant l’aide directe à l’Ukraine, lors de la veille du 75e anniversaire de l’Alliance. L’initiative vise à assurer conjointement un soutien militaire à l’Ukraine, jusque-là principalement coordonné par les États-Unis au sein du groupe de contact de Ramstein.

L’absence de garanties quant à la continuité de ce soutien américain, notamment en cas d’un retour de Donald Trump à la Maison Blanche, a incité les alliés de l’Otan à se préparer à assumer collectivement cette responsabilité. La guerre en Ukraine, qualifiée par le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg de « confrontation avec la Russie », a poussé l’Alliance à renforcer son rôle dans la région.

Jens Stoltenberg a souligné la nécessité de doter ce soutien à l’Ukraine d’un cadre institutionnel plus solide pour garantir sa pérennité et son efficacité à long terme. Alors que jusqu’à présent, la plupart du soutien à l’Ukraine provenait des membres de l’Otan, la création d’un cadre institutionnel renforcé vise à accroître la prévisibilité et l’engagement à long terme.

Initialement réticents à confier à l’Otan un rôle direct dans le soutien militaire à l’Ukraine par crainte d’une escalade avec la Russie, les alliés de l’Otan semblent désormais prêts à s’engager dans cette direction. La menace potentielle du retour de Donald Trump, qui a déjà exprimé des réticences quant à l’engagement des États-Unis dans l’Otan, suscite des inquiétudes quant à la solidarité des membres en cas de crise.

Le débat sur la proposition d’un fonds de 100 milliards d’euros sur cinq ans pour l’Ukraine devrait occuper une place centrale lors des discussions de jeudi. Cette proposition vise à garantir la stabilité politique et l’indépendance de l’Ukraine, en réduisant sa dépendance vis-à-vis des changements politiques à Washington.

La Russie annonce le début de sa campagne de conscription militaire de printemps

La Russie s’apprête à lancer sa campagne de conscription militaire de printemps, une initiative qui soulève des inquiétudes alors que le pays est déjà engagé dans un conflit en Ukraine avec plus de 617 000 soldats déployés sur le terrain. Cette campagne, qui débutera le 1er avril, vise à enrôler des dizaines de milliers de jeunes âgés de 18 à 30 ans.

L’état-major russe a confirmé que la campagne de conscription se déroulera sur le territoire russe et que les nouveaux conscrits ne seront pas envoyés en Ukraine. Malgré les assurances selon lesquelles ces recrues ne participeront pas aux opérations militaires spéciales en Ukraine, de nombreux Russes redoutent une deuxième vague de mobilisation, rappelant la mobilisation de plus de 300 000 personnes à l’automne 2022.

L’année dernière, la campagne de conscription de printemps a concerné environ 147 000 hommes, tandis que celle d’automne a vu 130 000 conscrits rejoindre l’armée russe. Bien que le nombre de recrues visées par la campagne de printemps de cette année ne soit pas encore précisé, la récente modification de la loi russe a repoussé l’âge limite de conscription de 27 à 30 ans, ce qui suscite des préoccupations quant à une mobilisation accrue.

Les avancées militaires de la Russie en Ukraine, combinées à une aide occidentale en déclin pour l’armée ukrainienne, ont alimenté les craintes d’une escalade du conflit. Lors de sa conférence de presse annuelle en décembre dernier, le président russe Vladimir Poutine a déclaré que 617 000 soldats russes étaient présents en Ukraine dans le cadre de l’opération militaire en cours.

Cette nouvelle campagne de conscription de printemps s’inscrit dans un contexte tendu alors que les relations entre la Russie et l’Occident restent sous tension en raison du conflit en Ukraine et d’autres questions géopolitiques. Les réactions au sein de la population russe restent mitigées, certains exprimant des préoccupations quant à une possible escalade du conflit, tandis que d’autres appellent au soutien des opérations militaires de la Russie.

La Russie accuse la France d’avoir des mercenaires en Ukraine et convoque son ambassadeur

L’ambassadeur français en Russie a été convoqué jeudi au ministère russe des Affaires étrangères pour répondre aux accusations du Kremlin concernant la présence de mercenaires français en Ukraine. La Russie avait en effet justifié le bombardement d’un hôtel à Kharkiv, mardi, par la présence de combattants français à l’intérieur. Le Quai d’Orsay dénonce une accusation mensongère et une tentative de manipulation. 

Le Quai d’Orsay se serait bien passé de cette polémique. La France « n’a pas de ‘mercenaires' » en Ukraine, a affirmé jeudi 18 janvier le ministère français des Affaires étrangères, en réaction aux affirmations de Moscou qui assure avoir visé mardi un bâtiment abritant des « mercenaires français » à Kharkiv (nord-est).

« La France n’a pas de ‘mercenaires’, ni en Ukraine, ni ailleurs, contrairement à d’autres. Il s’agit d’une nouvelle manipulation grossière russe. Il ne faut pas lui donner plus d’importance qu’aux précédentes et qu’aux suivantes qui ne manqueront pas d’arriver », a ajouté le Quai d’Orsay. Dans la foulée, l’agence Tass a rapporté que l’ambassadeur de France en Russie, Pierre Lévy, a été convoqué jeudi au ministère russe des Affaires étrangères citant la porte-parole du ministère. 

La Russie a revendiqué mercredi une frappe menée la veille au soir sur un bâtiment dans lequel étaient déployés des « mercenaires français » à Kharkiv, la deuxième ville d’Ukraine, où les autorités locales avaient fait état de 17 civils blessés.
« Alors que le ministère russe de la Défense affirme avoir tué des mercenaires français », ils ont en réalité frappé des infrastructures énergétiques et médicales », a réagi dans la foulée l’ONG All Eyes on Wagner sur le réseau social X (ex-Twitter).

La France dénonce une tentative de manipulation

Ces accusations russes sont intervenues après l’annonce par le président Emmanuel Macron mardi que la France allait livrer à Kiev 40 missiles à longue portée Scalp supplémentaires et signer un accord de sécurité avec l’Ukraine. Les alliés de l’Ukraine ont par ailleurs lancé jeudi à Paris une coalition « artillerie » pour répondre aux besoins criants en armement de Kiev.

Pour un haut gradé français, le tempo des accusations répond précisément aux annonces françaises. « La Russie utilise le champ informationnel pour répliquer au champ politique », explique-t-il sous couvert de l’anonymat.

« Cela rentre dans le cadre de leur narratif, articulé autour d’une guerre de l’Otan contre la Russie et du complot contre Moscou pour l’empêcher d’être une puissance », ajoute-t-il.

Selon lui, les accusations russes sont d’abord à destination de la population russe, « pour confirmer que ses dirigeants se battent courageusement face à un bloc de pays ». Elles entretiennent aussi « une sorte de flou pour ceux qui pensent, dans les pays occidentaux, que la Russie est dans son bon droit ».

Ukraine: les autorités de la région de Kharkiv demande l’évacuation de 26 localités

Ces villages sont situés dans le secteur de la ville de Koupiansk, en proie à d’intenses combats depuis plusieurs mois alors que la ligne de front reste, elle relativement statique. Les regards se portent vers le nord-est de l’Ukraine, où les forces ukrainiennes semblent attendre une offensive russe.

La ville de Koupiansk, occupée au début de l’invasion à grande échelle, avait été libérée comme la majorité de la région de Kharkiv à la fin de l’été 2022.

Depuis, la ligne de front est située plus à l’est. Mais courant 2023, l’armée russe s’est remise à pousser afin de reprendre cette petite ville, noeud ferroviaire stratégique au nord-est du pays.

Koupiansk est bombardée de manière quotidienne, et l’été dernier, les autorités régionales ont demandé aux habitants de quitter la ville.

Depuis, la pression augmente, les combats font rage à l’est de la rivière qui longe Koupiansk, et cette fois les autorités ont demandé l’évacuation forcée dans 26 localités. « Au regard de la situation, nous mettons en place une évacuation obligatoire de la population des communautés de Kindrachivska et Kourylivska dans le district de Koupiansk », a indiqué sur les réseaux sociaux le gouverneur régional Oleg Synegoubov, listant les noms des villages concernés où vivent 3 043 personnes, dont 279 enfants.

Récemment, l’état-major ukrainien s’est rendu à Koupiansk, semblant indiquer qu’une menace d’offensive russe renouvelée planait sur la cité.

Mais pour le moment, rien n’indique qu’une percée est imminente. Il s’agit plutôt d’éloigner la population civile du théâtre des combats.

Ukraine, école, natalité… ce qu’il faut retenir de la conférence de presse d’Emmanuel Macron

Le président français Emmanuel Macron s’invite ce mardi 16 janvier à la télévision pour expliquer son cap, quelques jours après la nomination d’un gouvernement marqué à droite et déjà confronté à de premières polémiques. Les annonces d’Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse de 2h20.

Le président français Emmanuel Macron a commencé son propos liminaire par défendre le bilan de la première partie de son second quinquennat : « Nous avons créé plus de 2 millions d’emplois, plus de 300 usines […]. Nous avons massivement réinvesti dans nos armées, pour nos policiers, nos gendarmes, pour notre justice, mais aussi pour notre école et notre santé […]. Nous sommes mieux armés qu’il y a six ans et demi. »

Emmanuel Macron admet toutefois qu’il n’a pas « radicalement changé [les choses] » contre le « déterminisme social et familial ». « C’est la pire des injustices, l’inégalité de départ » alors que « la promesse républicaine, c’est celle de l’égalité des chances ».

■ Hommage aux victimes françaises du Hamas le 7 février annoncé

Emmanuel Macron a annoncé l’organisation le 7 février d’un hommage aux victimes de l’attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël qui aura lieu « Le 7 février prochain, au monument pour les victimes du terrorisme » situé sur l’esplanade des Invalides à Paris.

Le chef de l’État a rappelé que la France avait « perdu 41 de ses enfants » dans ces attaques et qu’elle avait « encore trois otages » dans la bande de Gaza. « Nous nous battons pied à pied avec les autorités israéliennes, avec le Qatar, qui a un rôle décisif en la matière, avec plusieurs autres collègues pour les libérer ».

■ « Ne pas se joindre » aux frappes contre les Houthis pour éviter l’« escalade »

Paris a « décidé de ne pas se joindre » aux frappes de la coalition américano-britannique contre les Houthis au Yémen « pour éviter tout escalade », selon Emmanuel Macron. « Mais nous sommes présents pour préserver la liberté de navigation […]. Nous agissons pour protéger nos propres équipements et les équipements de nos alliés », a-t-il précisé.

■ Israël mis en garde contre « un risque dans la durée » pour sa sécurité

La poursuite par Israël d’opérations pas suffisamment ciblées à Gaza constitue « un risque dans la durée pour la sécurité » du pays, a prévenu le chef d’État, plaidant à nouveau pour un cessez-le-feu. « Nous allons poursuivre les initiatives diplomatiques, les résolutions, les discussions pour appeler un cessez-le-feu et je vais poursuivre le contact bilatéral pour essayer de l’obtenir de manière très concrète », a dit Emmanuel Macron. « C’est ça maintenant la priorité, car on le sait, c’est ce qui permettra d’aller au contact des populations, de les protéger ».

■ Emmanuel Macron en Ukraine en février 

À propos de l’aide à l’Ukraine, Emmanuel Macron a déclaré travailler avec Kiev sur un accord bilatéral de garantie de sécurité, qui devrait être signé dans quelques semaines. Il a également annoncé la livraison d’une quarantaine de missiles de longue portée Scalp, des « centaines de bombes » et de canons Caesar. « J’irai moi-même en février en Ukraine. J’annoncerai la finalisation de ces textes. Les livraisons de munitions que j’évoque là seront commencées », a-t-il poursuivi.

■ Uniforme testé dans 100 établissements scolaires à la rentrée 2024

À l’école, la France assumera un « choc des savoirs civiques », dit Emmanuel Macron. Il a annoncé l’expérimentation de la tenue unique pour une centaine d’établissements à la rentrée prochaine, et une généralisation en 2026 « si c’est concluant ». « Nous irons vers la généralisation du service national universel en seconde », a aussi déclaré Emmanuel Macron lors de la conférence de presse.

Il a annoncé également une « rénovation des programmes » : « Dès la rentrée 2024, l’instruction civique sera refondée, son volume horaire sera doublé 1 h par semaine dès la 5e, avec, en appui, les grands textes fondateurs de la Nation. » Il évoque aussi le retour de l’histoire de l’art à la rentrée prochaine dans les collèges et lycées – l’histoire de l’art étant actuellement un enseignement optionnel. Le chef de l’État veut que « le théâtre devienne un passage obligé au collège » et l’instauration de cérémonies de remises de diplômes.

En pleine polémique sur les propos d’Amélie Oudéa-Castéra, pas de « conflit » entre école publique et privée

Emmanuel Macron a récusé tout « conflit » entre école privée et école publique, en pleine polémique sur les propos de sa nouvelle ministre de l’Éducation, Amélie Oudéa-Castéra, qui a mis ses enfants à l’école privée en dénonçant des « paquets d’heures pas sérieusement remplacées » dans le public. « Moi, je suis un enfant des deux écoles, comme disent les grands auteurs. J’ai été à la laïque et à l’école privée sous contrat, j’y ai vu des professeurs engagés à qui je dois beaucoup. Donc, je pense qu’il n’y a pas de conflit entre les deux écoles à avoir », a déclaré le président lors d’une conférence de presse.

■ Régulation de l’usage des écrans

Emmanuel Macron a affirmé souhaiter déterminer « le bon usage des écrans pour nos enfants, dans les familles, à la maison comme en classe », sur la base d’un rapport d’experts que le chef de l’État a réunis la semaine dernière. Emmanuel Macron n’a pas exclu qu’il y ait « des interdictions » et des « restrictions » dans l’usage des écrans. « On a laissé beaucoup de familles sans mode d’emploi […]. Il faut qu’on ait un consensus scientifique, que les scientifiques commencent à nous donner un plan et qu’on éclaire un débat public, qui viendra ensuite. »

■ Régularisation des « médecins étrangers »

Emmanuel Macron souhaite mettre fin aux déserts médicaux et « régulariser nombre de médecins étrangers qui tiennent parfois à bout de bras nos services de soins ». Il faut « permettre des coordinations plus simples » entre médecine de ville et hôpital, et avec les professions paramédicales, a plaidé le chef de l’État.

Emmanuel Macron s’est dit favorable à une hausse des franchises médicales à un euro : « Au moment où je vois ce que nos compatriotes peuvent dépenser pour les forfaits de téléphonie, la vie quotidienne, se dire qu’on va passer de 50 centimes à un euro pour une boîte de médicaments, je n’ai pas le sentiment qu’on fait un crime terrible ». Toutefois, il a déclaré que les personnes touchées par des affections de longue durée doivent être « protégées » par un plafond de 50 euros par an.

L’éventuelle hausse des franchises médicales et des participations forfaitaires, déjà envisagée par l’exécutif, a suscité de vives critiques des oppositions lors des débats sur le budget de la Sécurité sociale pour 2024.

■ Congé de naissance et lutte contre la baisse de la natalité

Emmanuel Macron annonce la création d’un congé de naissance de six mois pour les deux parents, qui prendra la place du congé parental. Selon le président français, il sera « mieux rémunéré » et « plus court que le congé parental actuel », qui « écarte beaucoup de femmes du marché du travail ». La ministre des Solidarités, Aurore Bergé, avait déjà promis en novembre la création en 2025 de ce « nouveau droit » pour les familles, indiquant à l’époque que ce congé « pourrait » coexister avec l’ancien congé parental, actuellement rémunéré à hauteur de 429 euros par mois.

Face à l’infertilité et la baisse de la natalité, le chef de l’État indique également la mise en place d’un « grand plan de lutte contre ce fléau sera engagé pour permettre justement ce réarmement démographique ». « La natalité baisse parce que l’infertilité progresse. Les mœurs changent, beaucoup de couples souffrent », justifie le président Macron.

■ « S’adapter » au changement climatique

Concernant la situation dans le Pas-de-Calais, faisant face à des inondations exceptionnelles, Emmanuel Macron a assuré que le gouvernement allait « continuer à intensifier [ses] efforts pour pomper et pour évacuer cette eau » et dit qu’il serait « à leurs côtés pour restaurer au plus vite ».

« Quels que soient les efforts qu’on fait pour baisser nos émissions […], nous aurons à vivre les conséquences du dérèglement climatique. Il est déjà là et donc on doit s’adapter », a-t-il ajouté. Le président a insisté sur la nécessité de bâtir une stratégie pour « s’adapter » aux conséquences du réchauffement climatique, ajoutant qu’« on continuera à vivre à Dunkerque, à Calais ». « Grâce à certains investissements, on adaptera nos territoires en France hexagonale comme ultramarine, à l’évolution des risques ».

■  Sur le nucléaire, des annonces dès l’été sur « les grands axes pour les 8 prochains » EPR

« J’ai annoncé les sites des six nouveaux réacteurs, les travaux, les investissements et tout le travail commencent à EDF. Dès l’été, j’annoncerai les grands axes pour les huit prochains », a indiqué le président, rappelant son engagement de relancer le nucléaire lors de son discours de Belfort de février 2022.

■ « Mieux gagner sa vie par le travail »

Le président Macron a souhaité aussi des mesures pour permettre de « mieux gagner sa vie par le travail ». Le chef de l’État a réclamé « un travail ardent » du gouvernement pour « permettre de mieux gagner sa vie par le travail, avec la dotation de nos dispositifs fiscaux et sociaux, mais aussi avec des négociations dans certaines branches ».

Le président français a déclaré aussi : « Il en va de même pour nos fonctionnaires pour lesquels le principal critère d’avancement et de rémunération devra être à côté de l’ancienneté et également le mérite, en tout cas bien davantage qu’aujourd’hui. »

■ Deux milliards d’euros de baisses d’impôts 

« On aura entre autres, dans notre trajectoire financière, deux milliards de baisses d’impôts sur nos compatriotes qui sont dans ces catégories [classes moyennes, ndlr] en 2025 », a informé Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse. Cette mesure est envisagée depuis le printemps 2023, mais son calendrier exact avait évolué au cours des mois, avec une possibilité qu’elle soit repoussée en fin de quinquennat.

■ « Règles plus sévères » pour les chômeurs

Concernant les chômeurs, le chef de l’État veut un « acte II de la réforme du marché du travail » avec des « règles plus sévères quand des offres d’emploi sont refusées et un meilleur accompagnement » des chômeurs. L’objectif de ces futures mesures est d’« atteindre le plein emploi », objectif fixé à horizon 2027 et correspondant à un taux de chômage de 5% contre 7,4% actuellement.

■ Dix opérations contre le trafic de drogue par semaine et la lutte contre l’islam radical

Emmanuel Macron veut dix opérations « place nette » par semaine contre le trafic de drogue, « dans toutes les catégories de ville », dans une volonté de restaurer « l’ordre ». « Nous allons accroître le rythme à partir de la semaine prochaine. Dix opérations de ce type seront conduites chaque semaine », a déclaré le président lors de sa conférence de presse.

Il a ajouté vouloir lutter contre « l’islam radical », notamment grâce à la loi qui a permis de mettre fin « au système des imams détachés » depuis le 1er janvier 2024.

■ « Pas eu de mollesse » de la part de l’État pour le président français lors des émeutes de juin 2023

Sur les émeutes de juin 2023, Emmanuel Macron a commencé par se féliciter de l’« action implacable de l’État », avec un « record d’interpellations et de condamnations ». « Il n’y a pas eu de mollesse [de la part de l’État ndlr] ». Emmanuel Macron a toutefois refusé de faire un lien entre l’immigration et l’« embrasement » constaté après le décès du jeune Nahel.

Selon le président français, les causes des émeutes ne résidaient pas dans un déficit de « présence policière » ou une dimension exclusivement sécuritaire de la question, mais dans « l’oisiveté » de « jeunes qui s’ennuyaient » alors que les établissements scolaires ne les accueillaient plus en raison de la réforme des examens, un ennui dans lequel « les écrans ont eu un rôle » et « ont suscité une forme de mimétisme ».

■ Élire au suffrage universel direct les maires de Paris, Lyon et Marseille

Emmanuel Macron plaide pour que les maires de Paris, Lyon et Marseille soient élus au suffrage universel direct, appelant à une réforme de la loi en ce sens.

Le président Emmanuel Macron a aussi assuré qu’il n’avait pas parlé des prochaines élections municipales à Paris avec Rachida Dati. Le chef de l’État a expliqué avoir proposé à l’ex-LR Rachida Dati, qui ne cache pas son ambition de devenir maire de la capitale, de devenir ministre de la Culture « parce que son énergie, son talent, sa liberté ne se réduisent pas à une appartenance politique ».
RFI

Malgré la crise au Proche-Orient, l’Ukraine, « priorité de la France »

Pour sa première visite officielle en tant ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné s’est rendu samedi à Kiev, où il a rencontré le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. Il a notamment affirmé que l’Ukraine resterait « la priorité de la France », promettant son soutien sans faille « en dépit de la multiplication des crises ».

Quelques heures après des frappes russes, le chef de la diplomatie française Stéphane Séjourné a assuré, samedi 13 janvier, à Kiev, que l’Ukraine resterait « la priorité de la France », promettant son soutien sans faille « en dépit de la multiplication des crises ».

« La Russie espère que l’Ukraine et ses soutiens se lasseront avant elle. Nous ne faiblirons pas », a lancé Stéphane Séjourné, en conférence de presse avec son homologue ukrainien Dmytro Kouleba.

Le ministre des Affaires étrangères a relevé que choisir Kiev pour sa première visite officielle, deux jours après sa nomination, était en soi un « message adressé aux Ukrainiens ».

Il s’est entretenu une heure avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, selon son entourage, notamment sur les « enjeux européens liés au Conseil extraordinaire du 1er février et le rôle moteur de la France pour que ce sommet signe une nouvelle fois un soutien unitaire des Européens à l’Ukraine ». 

Des tirs de missiles

Le chef de la diplomatie française, qui a remplacé au pied levé celle à qui il a succédé, Catherine Colonna, dans ce voyage, a répété que « l’avenir de l’Ukraine (était) au sein de l’Union européenne ». Paris, a-t-il dit, pèsera « de tout son poids » pour que Kiev obtienne une enveloppe d’aide européenne de 50 milliards d’euros, pour l’instant bloquée par le veto de la Hongrie.

Le président Zelensky l’a remercié pour le soutien français « constant » apporté aux « forces de sécurité et de défense ukrainiennes » ainsi que dans le processus de rapprochement de son pays avec l’UE.

Le déplacement de Stéphane Séjourné réaffirme la pérennité de l’engagement français alors que la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas menace la stabilité de l’ensemble du Proche-Orient et mobilise les efforts diplomatiques des chancelleries occidentales.

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en février 2022, la France a soutenu Kiev tant sur le plan militaire que diplomatique mais a parfois été accusée de ne pas en faire assez. 

Cette visite intervient à un mois du deuxième anniversaire de l’invasion russe et après une contre-offensive des troupes ukrainiennes jugée décevante.

L’armée de l’air ukrainienne a accusé la Russie d’avoir lancé des dizaines de missiles et de drones sur l’Ukraine dans la nuit de vendredi à samedi. Elle affirme que huit missiles ont été détruits et que 20 engins n’ont « pas atteint leur cible », détournés par des « contre-mesures électroniques », sur un total de 40 projectiles. 

L’armée russe a pour sa part revendiqué avoir frappé des usines d’armement, affirmant avoir touché, avec des missiles hypersoniques Kinjal, « toutes » ses cibles parmi des installations « du complexe militaro-industriel » ukrainien fabriquant obus, drones et poudre à canon.

« Une phase nouvelle de la coopération de défense »

« La Russie continue à cibler volontairement et frapper les infrastructures civiles au mépris du droit international » et à « se rendre coupable de crimes de guerre », a pour sa part dénoncé Stéphane Séjourné. « Nous avons fourni aux forces armées ukrainiennes de l’artillerie » ainsi que « de la défense antiaérienne » par le passé. « Nous entrons dans une phase nouvelle de la coopération de défense », pour « renforcer la capacité ukrainienne de produire sur son sol » les armes dont elle a besoin.

Dmytro Kouleba a confirmé quant à lui des discussions en vue de « la création des conditions les plus favorables à l’interaction entre nos entreprises de défense ». Une coopération engagée au niveau bilatéral, puis avec l’UE, a-t-il précisé, envisageant une « production commune » de matériels militaires sur le sol ukrainien.

« Dans le contexte des bombardements de la nuit, je voudrais rappeler que beaucoup de composants occidentaux ont déjà été trouvés dans des missiles russes », a aussi relevé le ministre ukrainien, réitérant un point plusieurs fois soulevé par son pays.

Dmytro Kouleba a aussi appelé de ses vœux à la mise en place d' »étapes concrètes » au premier semestre 2024 pour engager l’Ukraine sur la voie d’une adhésion à l’UE.

La visite du chef de la diplomatie française suit celle à Kiev, vendredi, du Premier ministre britannique, Rishi Sunak. Ce dernier a annoncé la signature d’un accord de sécurité d’une durée de dix ans entre le Royaume-Uni et l’Ukraine, qualifié de « sans précédent » par le président Volodymyr Zelensky.

Après l’Ukraine, Stéphane Séjourné est attendu en Allemagne dès dimanche et en Pologne le lendemain pour s’entretenir avec ses homologues, a fait savoir son entourage.

Avec AFP

Ukraine: le projet de loi sur la conscription militaire tourne à l’imbroglio politique

Jeudi 11 janvier, le gouvernement ukrainien a retiré le projet de loi sur la conscription militaire qui était déjà à l’étude au Parlement. Le cabinet des ministres a annoncé vouloir réviser sa copie et proposer un nouveau texte dans les jours à venir.

Avec notre correspondant à KievStéphane Siohan

Tous les ans, le dictionnaire Myslovo de la langue ukrainienne recense et adoube des néologismes, ou les nouvelles expressions les plus populaires. Et cette semaine, cette institution des lettres vient de décerner le titre de mot de l’année 2023 à « mobilisation », un terme qui revient en effet sur toutes les langues.

Depuis plusieurs jours, la Verkhovna Rada étudie un texte de loi décidé à faciliter l’enrôlement d’un demi-million de soldats dans l’armée. Seulement, le projet n’est pas clair, certains de ses paragraphes fuitent dans la presse, et leur contenu provoque un début de polémique.

Ainsi, on ne sait pas trop si le gouvernement ukrainien veut plutôt manier la carotte ou le bâton, créer des mesures incitatives pour pousser les Ukrainiens à s’engager, ou bien mettre l’accent sur la punition des hommes qui tentent de se soustraire à l’éventualité d’un appel sous les drapeaux.

Selon certaines sources parlementaires, le texte actuel, écrit à la va-vite pendant les fêtes, présentait des articles qui contrevenaient à certaines règles de base en matière de droits individuels.

Désormais le ministre de la Défense Rustem Umerov va devoir reprendre sa plume, l’enjeu de cette loi est crucial : Il s’agit non seulement de donner l’envie aux civils d’aller se battre, tout en sachant qu’ils peuvent y laisser leur vie. Mais aussi de donner l’impression à la société que la loi est juste pour tout le monde.

RFI

Escalade des tensions entre la Russie et l’Ukraine : Demande urgente d’aide militaire et appel à l’action internationale

Ce mardi matin, la Russie a mené de nouvelles frappes qualifiées de « massives » contre l’Ukraine, provoquant la mort d’au moins cinq civils et blessant 119 personnes, principalement à Kiev et Kharkiv. Les autorités ukrainiennes ont dénoncé ces attaques, soulignant la nécessité d’une aide militaire accrue de la part de la communauté internationale.

L’armée russe affirme avoir ciblé exclusivement des installations militaires, mais les dégâts collatéraux touchent des zones résidentielles et des infrastructures essentielles. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a qualifié les frappes de « terreur russe » dans une allocution diffusée sur les réseaux sociaux, dénonçant des actes « inhumains ». Le ministre ukrainien de la Défense, Roustem Oumerov, accuse la Russie de cibler délibérément des quartiers résidentiels et des infrastructures essentielles.

L’armée ukrainienne a signalé que 99 missiles ont été lancés par la Russie, dont 72 ont été abattus, dont 10 par des systèmes de défense antiaérienne Patriot, un exploit qualifié de « record ». Les villes de Kiev et Kharkiv ont subi d’importants dégâts, entraînant la mort de civils.

La situation a également entraîné des tensions à la frontière, avec des tirs de l’armée ukrainienne sur la région russe de Belgorod. Malgré les efforts pour détruire les ogives, des pertes humaines ont été enregistrées.

Face à cette escalade, l’Ukraine demande une aide militaire renforcée, incluant des systèmes de défense antiaérienne, des drones de combat et des missiles à longue portée. Des négociations sont en cours pour une aide américaine de 61 milliards de dollars, mais la situation critique nécessite des actions immédiates.

La coordinatrice humanitaire de l’ONU pour l’Ukraine a qualifié les frappes russes d' »alarmantes », soulignant les conséquences humanitaires graves avec des centaines de milliers d’Ukrainiens privés d’électricité et d’eau dans des conditions météorologiques difficiles. Cette escalade russe aggrave la crise humanitaire en Ukraine, deux ans après le début de l’invasion russe. Une réponse internationale urgente est nécessaire pour atténuer les souffrances et rétablir la stabilité dans la région.

Plus de 30 morts en Ukraine, cible d’un « nombre record de missiles »

Au moins 30 personnes ont été tuées et 160 blessées, vendredi, dans des frappes russes de missiles et de drones sur plusieurs villes d’Ukraine, dont la capitale Kiev. Il s’agit de l’attaque « la plus massive » depuis le début de la guerre a déclaré le porte-parole de l’armée de l’air ukrainienne. Le président américain Joe Biden a exhorté le Congrès à agir pour valider une nouvelle aide à l’Ukraine après ces bombardements massifs.

Tout le territoire ukrainien a été mis en alerte aérienne. La Russie a lancé, vendredi 29 décembre, une vaste série de frappes sur plusieurs villes à travers l’ensemble de l’Ukraine, ciblant notamment la capitale Kiev.

Au moins 30 personnes ont été tuées et 160 blessées dans les régions de Dnipropetrovsk (centre) et Soumy (Nord-Est), mais aussi à Kiev (centre-Nord), Odessa (Sud), Kharkiv (Nord-Est), Lviv (Ouest), et Zaporijjia (Sud). Un décompte qui devrait s’aggraver au fil des opérations de secours, ont annoncé les autorités ukrainiennes. 

La Russie a tiré sur l’Ukraine « un nombre record de missiles » en une journée, a déclaré à l’AFP le porte-parole de l’armée de l’air ukrainienne. « Il s’agit de l’attaque de missiles la plus massive d’une manière générale », a ajouté Iouri Ignat, précisant que ce décompte excluait les premiers jours de la guerre qui ont vu des frappes « constantes et ininterrompues ».

Les réactions internationales n’ont pas tardé. Ces frappes sont des « agressions épouvantables », a déploré le secrétaire général adjoint de l’ONU Mohamed Khiari. « Le Secrétaire général condamne sans équivoque, dans les termes les plus forts, ces attaques effroyables perpétrées aujourd’hui contre des villes et des villages en Ukraine », a ajouté le diplomate onusien

Le Royaume-Uni a annoncé l’envoi d’environ 200 missiles anti-aériens à l’Ukraine pour renforcer ses défenses, appelant ses alliés à « redoubler d’efforts » pour soutenir militairement Kiev. 

Soutien des alliés de l’Ukraine

De son côté, le président américain Joe Biden a exhorté le Congrès à « agir sans plus attendre » pour valider une nouvelle aide. « À moins que le Congrès ne prenne des mesures urgentes au cours de la nouvelle année, nous ne serons pas en mesure de continuer à envoyer les armes et les systèmes de défense aérienne, indispensables à l’Ukraine pour protéger son peuple », a averti le dirigeant.

Le président russe Vladimir Poutine « teste les défenses ukrainiennes et la détermination de l’Occident (…) et l’envoi aujourd’hui d’un ensemble de défense aérienne envoie un message irréfutable selon lequel, face à la barbarie russe, le Royaume-Uni reste absolument déterminé à soutenir l’Ukraine », a déclaré le ministre britannique de la Défense Grant Shapps, dans un communiqué. 

Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Volker Türk, s’est déclaré « choqué » par la nouvelle vague de frappes russes en Ukraine, sommant Moscou de mettre fin « immédiatement » à ces attaques.

« Je suis choqué par la nouvelle série de frappes coordonnées et à grande échelle de missiles et de drones »  – a affirmé M. Türk dans un communiqué, dans lequel il appelle la Russie à « mettre fin immédiatement à ces attaques en Ukraine et à respecter les lois internationales régissant les conflits ».

La Pologne, membre de l’Otan, a affirmé qu’un missile russe est entré vendredi matin dans son espace aérien avant de le quitter en direction de l’Ukraine. « Tout indique qu’un missile russe a pénétré dans l’espace aérien polonais. Nous l’avons repéré au moyen d’un radar. Il a quitté cet espace » aussitôt, en direction de l’Ukraine, a déclaré le chef de l’état major de l’armée polonaise, général Wieslaw Kukula.

« Toutes les cibles ont été atteintes » dans les frappes russes ayant visé l’Ukraine cette semaine, a affirmé le ministère russe de la Défense, dans un communiqué, précisant que la Russie a effectué plus de 50 frappes, dont une « frappe d’envergure » en Ukraine entre le 23 et 29 décembre contre des sites d’infrastructures militaires, des dépôts de munition et des lieux de déploiement des soldats ukrainiens et des mercenaires étrangers.

Quelque 110 missiles ont été tirés par la Russie contre l’Ukraine, selon Volodymyr Zelensky.

« Aujourd’hui, la Russie a utilisé presque tous les types d’armes de son arsenal », a déclaré le président ukrainien sur le réseau social X (ex-Twitter). « Au total, environ 110 missiles ont été tirés contre l’Ukraine et la majorité d’entre eux ont été abattus », a-t-il ajouté.

Vladimir Poutine « ne reculera devant rien »

« Il y a des morts aujourd’hui, tués par des missiles russes lancés sur des installations civiles, des bâtiments civils », a dénoncé Andriy Yermak, le chef de cabinet de Volodymyr Zelensky.

« Nous faisons tout notre possible pour renforcer notre bouclier aérien. Mais le monde doit voir que nous avons besoin de plus d’aide et de moyens pour arrêter cette terreur », a-t-il ajouté sur le réseau social Telegram. 

Ces frappes surviennent après que la Russie a confirmé, mardi, qu’un de ses vaisseaux, le grand navire de débarquement Novotcherkassk, avait été endommagé dans une attaque de Kiev en Crimée annexée.

La dernière vague massive de frappes russes sur l’Ukraine montrent que le président russe Vladimir Poutine « ne reculera devant rien », a dénoncé le Premier ministre britannique Rishi Sunak, appelant à soutenir Kiev « aussi longtemps qu’il le faudra ».

« Ces attaques généralisées contre les villes ukrainiennes montrent que (Vladimir) Poutine ne reculera devant rien pour atteindre son objectif d’éradiquer la liberté et la démocratie. Nous ne le laisserons pas gagner », a déclaré Rishi Sunak sur X (ex-Twitter).

La France a elle aussi condamné « avec la plus grande fermeté » la « stratégie de terreur visant à détruire les infrastructures civiles ukrainiennes ».

Paris « continuera à soutenir l’Ukraine et à lui fournir l’aide nécessaire pour lui permettre d’exercer sa légitime défense, en étroite coordination avec ses partenaires », a ajouté le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

L’ambassadrice américaine à Kiev a affirmé que l’Ukraine avait « besoin de fonds dès maintenant » pour faire face aux bombardements russes.

« L’Ukraine a besoin de fonds maintenant pour continuer à se battre pour se libérer d’une telle horreur en 2024 », a indiqué Bridget Brink sur X.

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a lui aussi réagi, condamnant l’une des « plus importantes attaques » russes, « frappant des villes et la population » en Ukraine, et accusant Moscou de cibler des civils.

« Il s’agit d’une nouvelle série de frappes lâches et aveugles frappant des écoles, une station de métro et un hôpital, qui ont fait au moins seize morts », a déclaré Josep Borrell sur les réseaux sociaux. « L’UE se tiendra aux côtés de l’Ukraine, aussi longtemps qu’il le faudra », a promis le patron de la diplomatie européenne.

Un hôpital endommagé, une maternité touchée

À Kharkiv, au moins dix frappes ont été menées, en deux vagues.

« Une personne a été tuée à la suite des attaques de l’occupant sur Kharkiv. Huit personnes ont été blessés », a déploré le gouverneur de la région, Oleg Sinegoubov. Le maire de Kiev, Vitali Klitschko, a pour sa part annoncé que sept personnes étaient « actuellement hospitalisées dans la capitale ».

Un hôpital du quartier de Kyivskyi a également été endommagé, a indiqué la police locale.

Le maire de Kharkiv, Igor Terekhov, a précisé que les frappes avaient été menées par des missiles S-300 et X-22, et qu’elles ont perturbé l’approvisionnement électrique des transports.

À Odessa, un immeuble a été endommagé à la suite d’une frappe survenue dans la nuit mais l’incendie qui en a résulté a été rapidement maîtrisé, a indiqué le maire, Gennady Trukhanov.

Une maternité a également été touchée mais les patientes et le personnel avaient pu être évacués à temps, a dit le ministère de la Santé.

L’ouest du pays également visé.

Des « missiles guidés »

À Lviv, une ville plus rarement visée, son homologue Andriy Sadovyi a évoqué « deux frappes » dans une attaque menée au total par « dix Shahed » au niveau de la région.

Le gouverneur de la région de Lviv, Maksym Kozytsky, a fait état d’une attaque de drones dans la nuit, puis des responsables locaux ont signalé des explosions au petit matin après une alerte aux missiles. Une infrastructure « critique » a été touchée, a-t-il dit sans plus de précisions.

Les autorités ont également rapporté des explosions dans la région de Dnipro.

Selon l’armée, des « missiles guidés » ont été tirés par des bombardiers russes Tu95MS

France24

Aide militaire à l’Ukraine : Au plus bas depuis l’invasion russe, les engagements chutent de 90%

L’institut de recherche allemand Kiel Institute a révélé que l’aide militaire internationale à l’Ukraine atteignait son plus bas niveau depuis le début de l’invasion russe en février 2022. Les engagements pris entre août et octobre 2023 ont chuté de près de 90 % par rapport à la même période en 2022, représentant le montant trimestriel le plus bas depuis le début de la guerre.

Les données de l’institut montrent que les nouveaux engagements sur cette période s’élèvent à 2,11 milliards d’euros, indiquant une nette diminution de la dynamique de soutien. Depuis le début de la guerre, les promesses d’aide militaire, financière et humanitaire à l’Ukraine totalisent près de 255 milliards d’euros, avec des engagements à court terme de 182 milliards.

L’institut souligne que sur les 42 pays donateurs suivis, seuls 20 se sont engagés sur de nouveaux packages d’aide entre août et octobre 2023. Les perspectives sont incertaines, notamment en raison du blocage de l’aide américaine au Congrès et des réticences de certains pays européens à débourser davantage. Le président Poutine pourrait renforcer sa position en cas de nouveaux retards dans le soutien international à l’Ukraine.

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