Les cicatrices laissées par l’attaque au cocktail Molotov du bus Tata de la ligne 65 à Yarakh en août dernier persistent, symbolisées par le refus catégorique de deux victimes, Modou Guèye et Khady Sarr, d’accepter l’amnistie proposée par le gouvernement sénégalais. Ces deux survivants, toujours en lutte pour guérir de leurs blessures physiques et émotionnelles, rejettent fermement l’idée d’effacer les faits qui ont bouleversé leur vie.
Modou Guèye, filmé rampant pour échapper aux flammes après l’attaque perpétrée par quatre individus encagoulés, refuse de pardonner. Les brûlures qu’il a subies ne sont pas encore cicatrisées, et il continue à recevoir des soins pour retrouver l’usage de ses bras. Ses enfants, dévoués à son chevet, ont vu leurs vies bouleversées par les séquelles de l’attaque. « Leur but était de nous tuer tous. Ils ont réussi en partie. Je fais partie des derniers qui ont réussi à s’extirper du bus », confie-t-il.
Khady Sarr, une autre survivante âgée de 42 ans, a également été touchée par les séquelles de l’attaque. Après son évacuation à l’hôpital de Pikine, elle a choisi de retourner dans son village pour des soins traditionnels, évitant ainsi les souvenirs douloureux à Dakar. Cependant, son retour a été marqué par des difficultés, notamment la perte de son emploi et la nécessité de survivre avec le soutien d’amis.
Les deux survivants expriment leur opposition ferme à la loi d’amnistie adoptée récemment par l’Assemblée nationale. Ils rejettent cette initiative gouvernementale qui vise à apaiser le champ politique en effaçant les crimes passés. Khady Sarr déclare : « Je suis contre l’effacement des faits qui m’ont mise dans cette situation. » Elle souligne également les défis qu’elle rencontre pour obtenir un certificat médical, dénonçant des frais de 15 000 F CFA exigés par l’hôpital.
Les témoignages de Modou Guèye et Khady Sarr mettent en lumière les conséquences à long terme des actes violents sur les individus et soulignent la complexité de la justice et de la réconciliation dans de tels contextes. Alors que le Sénégal continue à débattre des implications de l’amnistie, la voix des victimes refusant d’oublier demeure un élément crucial du dialogue national.