Le président français Emmanuel Macron s’invite ce mardi 16 janvier à la télévision pour expliquer son cap, quelques jours après la nomination d’un gouvernement marqué à droite et déjà confronté à de premières polémiques. Les annonces d’Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse de 2h20.
Le président français Emmanuel Macron a commencé son propos liminaire par défendre le bilan de la première partie de son second quinquennat : « Nous avons créé plus de 2 millions d’emplois, plus de 300 usines […]. Nous avons massivement réinvesti dans nos armées, pour nos policiers, nos gendarmes, pour notre justice, mais aussi pour notre école et notre santé […]. Nous sommes mieux armés qu’il y a six ans et demi. »
Emmanuel Macron admet toutefois qu’il n’a pas « radicalement changé [les choses] » contre le « déterminisme social et familial ». « C’est la pire des injustices, l’inégalité de départ » alors que « la promesse républicaine, c’est celle de l’égalité des chances ».
■ Hommage aux victimes françaises du Hamas le 7 février annoncé
Emmanuel Macron a annoncé l’organisation le 7 février d’un hommage aux victimes de l’attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël qui aura lieu « Le 7 février prochain, au monument pour les victimes du terrorisme » situé sur l’esplanade des Invalides à Paris.
Le chef de l’État a rappelé que la France avait « perdu 41 de ses enfants » dans ces attaques et qu’elle avait « encore trois otages » dans la bande de Gaza. « Nous nous battons pied à pied avec les autorités israéliennes, avec le Qatar, qui a un rôle décisif en la matière, avec plusieurs autres collègues pour les libérer ».
■ « Ne pas se joindre » aux frappes contre les Houthis pour éviter l’« escalade »
Paris a « décidé de ne pas se joindre » aux frappes de la coalition américano-britannique contre les Houthis au Yémen « pour éviter tout escalade », selon Emmanuel Macron. « Mais nous sommes présents pour préserver la liberté de navigation […]. Nous agissons pour protéger nos propres équipements et les équipements de nos alliés », a-t-il précisé.
■ Israël mis en garde contre « un risque dans la durée » pour sa sécurité
La poursuite par Israël d’opérations pas suffisamment ciblées à Gaza constitue « un risque dans la durée pour la sécurité » du pays, a prévenu le chef d’État, plaidant à nouveau pour un cessez-le-feu. « Nous allons poursuivre les initiatives diplomatiques, les résolutions, les discussions pour appeler un cessez-le-feu et je vais poursuivre le contact bilatéral pour essayer de l’obtenir de manière très concrète », a dit Emmanuel Macron. « C’est ça maintenant la priorité, car on le sait, c’est ce qui permettra d’aller au contact des populations, de les protéger ».
■ Emmanuel Macron en Ukraine en février
À propos de l’aide à l’Ukraine, Emmanuel Macron a déclaré travailler avec Kiev sur un accord bilatéral de garantie de sécurité, qui devrait être signé dans quelques semaines. Il a également annoncé la livraison d’une quarantaine de missiles de longue portée Scalp, des « centaines de bombes » et de canons Caesar. « J’irai moi-même en février en Ukraine. J’annoncerai la finalisation de ces textes. Les livraisons de munitions que j’évoque là seront commencées », a-t-il poursuivi.
■ Uniforme testé dans 100 établissements scolaires à la rentrée 2024
À l’école, la France assumera un « choc des savoirs civiques », dit Emmanuel Macron. Il a annoncé l’expérimentation de la tenue unique pour une centaine d’établissements à la rentrée prochaine, et une généralisation en 2026 « si c’est concluant ». « Nous irons vers la généralisation du service national universel en seconde », a aussi déclaré Emmanuel Macron lors de la conférence de presse.
Il a annoncé également une « rénovation des programmes » : « Dès la rentrée 2024, l’instruction civique sera refondée, son volume horaire sera doublé 1 h par semaine dès la 5e, avec, en appui, les grands textes fondateurs de la Nation. » Il évoque aussi le retour de l’histoire de l’art à la rentrée prochaine dans les collèges et lycées – l’histoire de l’art étant actuellement un enseignement optionnel. Le chef de l’État veut que « le théâtre devienne un passage obligé au collège » et l’instauration de cérémonies de remises de diplômes.
En pleine polémique sur les propos d’Amélie Oudéa-Castéra, pas de « conflit » entre école publique et privée
Emmanuel Macron a récusé tout « conflit » entre école privée et école publique, en pleine polémique sur les propos de sa nouvelle ministre de l’Éducation, Amélie Oudéa-Castéra, qui a mis ses enfants à l’école privée en dénonçant des « paquets d’heures pas sérieusement remplacées » dans le public. « Moi, je suis un enfant des deux écoles, comme disent les grands auteurs. J’ai été à la laïque et à l’école privée sous contrat, j’y ai vu des professeurs engagés à qui je dois beaucoup. Donc, je pense qu’il n’y a pas de conflit entre les deux écoles à avoir », a déclaré le président lors d’une conférence de presse.
■ Régulation de l’usage des écrans
Emmanuel Macron a affirmé souhaiter déterminer « le bon usage des écrans pour nos enfants, dans les familles, à la maison comme en classe », sur la base d’un rapport d’experts que le chef de l’État a réunis la semaine dernière. Emmanuel Macron n’a pas exclu qu’il y ait « des interdictions » et des « restrictions » dans l’usage des écrans. « On a laissé beaucoup de familles sans mode d’emploi […]. Il faut qu’on ait un consensus scientifique, que les scientifiques commencent à nous donner un plan et qu’on éclaire un débat public, qui viendra ensuite. »
■ Régularisation des « médecins étrangers »
Emmanuel Macron souhaite mettre fin aux déserts médicaux et « régulariser nombre de médecins étrangers qui tiennent parfois à bout de bras nos services de soins ». Il faut « permettre des coordinations plus simples » entre médecine de ville et hôpital, et avec les professions paramédicales, a plaidé le chef de l’État.
Emmanuel Macron s’est dit favorable à une hausse des franchises médicales à un euro : « Au moment où je vois ce que nos compatriotes peuvent dépenser pour les forfaits de téléphonie, la vie quotidienne, se dire qu’on va passer de 50 centimes à un euro pour une boîte de médicaments, je n’ai pas le sentiment qu’on fait un crime terrible ». Toutefois, il a déclaré que les personnes touchées par des affections de longue durée doivent être « protégées » par un plafond de 50 euros par an.
L’éventuelle hausse des franchises médicales et des participations forfaitaires, déjà envisagée par l’exécutif, a suscité de vives critiques des oppositions lors des débats sur le budget de la Sécurité sociale pour 2024.
■ Congé de naissance et lutte contre la baisse de la natalité
Emmanuel Macron annonce la création d’un congé de naissance de six mois pour les deux parents, qui prendra la place du congé parental. Selon le président français, il sera « mieux rémunéré » et « plus court que le congé parental actuel », qui « écarte beaucoup de femmes du marché du travail ». La ministre des Solidarités, Aurore Bergé, avait déjà promis en novembre la création en 2025 de ce « nouveau droit » pour les familles, indiquant à l’époque que ce congé « pourrait » coexister avec l’ancien congé parental, actuellement rémunéré à hauteur de 429 euros par mois.
Face à l’infertilité et la baisse de la natalité, le chef de l’État indique également la mise en place d’un « grand plan de lutte contre ce fléau sera engagé pour permettre justement ce réarmement démographique ». « La natalité baisse parce que l’infertilité progresse. Les mœurs changent, beaucoup de couples souffrent », justifie le président Macron.
■ « S’adapter » au changement climatique
Concernant la situation dans le Pas-de-Calais, faisant face à des inondations exceptionnelles, Emmanuel Macron a assuré que le gouvernement allait « continuer à intensifier [ses] efforts pour pomper et pour évacuer cette eau » et dit qu’il serait « à leurs côtés pour restaurer au plus vite ».
« Quels que soient les efforts qu’on fait pour baisser nos émissions […], nous aurons à vivre les conséquences du dérèglement climatique. Il est déjà là et donc on doit s’adapter », a-t-il ajouté. Le président a insisté sur la nécessité de bâtir une stratégie pour « s’adapter » aux conséquences du réchauffement climatique, ajoutant qu’« on continuera à vivre à Dunkerque, à Calais ». « Grâce à certains investissements, on adaptera nos territoires en France hexagonale comme ultramarine, à l’évolution des risques ».
■ Sur le nucléaire, des annonces dès l’été sur « les grands axes pour les 8 prochains » EPR
« J’ai annoncé les sites des six nouveaux réacteurs, les travaux, les investissements et tout le travail commencent à EDF. Dès l’été, j’annoncerai les grands axes pour les huit prochains », a indiqué le président, rappelant son engagement de relancer le nucléaire lors de son discours de Belfort de février 2022.
■ « Mieux gagner sa vie par le travail »
Le président Macron a souhaité aussi des mesures pour permettre de « mieux gagner sa vie par le travail ». Le chef de l’État a réclamé « un travail ardent » du gouvernement pour « permettre de mieux gagner sa vie par le travail, avec la dotation de nos dispositifs fiscaux et sociaux, mais aussi avec des négociations dans certaines branches ».
Le président français a déclaré aussi : « Il en va de même pour nos fonctionnaires pour lesquels le principal critère d’avancement et de rémunération devra être à côté de l’ancienneté et également le mérite, en tout cas bien davantage qu’aujourd’hui. »
■ Deux milliards d’euros de baisses d’impôts
« On aura entre autres, dans notre trajectoire financière, deux milliards de baisses d’impôts sur nos compatriotes qui sont dans ces catégories [classes moyennes, ndlr] en 2025 », a informé Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse. Cette mesure est envisagée depuis le printemps 2023, mais son calendrier exact avait évolué au cours des mois, avec une possibilité qu’elle soit repoussée en fin de quinquennat.
■ « Règles plus sévères » pour les chômeurs
Concernant les chômeurs, le chef de l’État veut un « acte II de la réforme du marché du travail » avec des « règles plus sévères quand des offres d’emploi sont refusées et un meilleur accompagnement » des chômeurs. L’objectif de ces futures mesures est d’« atteindre le plein emploi », objectif fixé à horizon 2027 et correspondant à un taux de chômage de 5% contre 7,4% actuellement.
■ Dix opérations contre le trafic de drogue par semaine et la lutte contre l’islam radical
Emmanuel Macron veut dix opérations « place nette » par semaine contre le trafic de drogue, « dans toutes les catégories de ville », dans une volonté de restaurer « l’ordre ». « Nous allons accroître le rythme à partir de la semaine prochaine. Dix opérations de ce type seront conduites chaque semaine », a déclaré le président lors de sa conférence de presse.
Il a ajouté vouloir lutter contre « l’islam radical », notamment grâce à la loi qui a permis de mettre fin « au système des imams détachés » depuis le 1er janvier 2024.
■ « Pas eu de mollesse » de la part de l’État pour le président français lors des émeutes de juin 2023
Sur les émeutes de juin 2023, Emmanuel Macron a commencé par se féliciter de l’« action implacable de l’État », avec un « record d’interpellations et de condamnations ». « Il n’y a pas eu de mollesse [de la part de l’État ndlr] ». Emmanuel Macron a toutefois refusé de faire un lien entre l’immigration et l’« embrasement » constaté après le décès du jeune Nahel.
Selon le président français, les causes des émeutes ne résidaient pas dans un déficit de « présence policière » ou une dimension exclusivement sécuritaire de la question, mais dans « l’oisiveté » de « jeunes qui s’ennuyaient » alors que les établissements scolaires ne les accueillaient plus en raison de la réforme des examens, un ennui dans lequel « les écrans ont eu un rôle » et « ont suscité une forme de mimétisme ».
■ Élire au suffrage universel direct les maires de Paris, Lyon et Marseille
Emmanuel Macron plaide pour que les maires de Paris, Lyon et Marseille soient élus au suffrage universel direct, appelant à une réforme de la loi en ce sens.
Le président Emmanuel Macron a aussi assuré qu’il n’avait pas parlé des prochaines élections municipales à Paris avec Rachida Dati. Le chef de l’État a expliqué avoir proposé à l’ex-LR Rachida Dati, qui ne cache pas son ambition de devenir maire de la capitale, de devenir ministre de la Culture « parce que son énergie, son talent, sa liberté ne se réduisent pas à une appartenance politique ».
RFI
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