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Société

Mbeuth dit non à “Mbeubeuss 2” : colère populaire contre un projet de centre de déchets imposé sans concertation

À Mbeuth, petit village agricole niché dans la commune de Bambilor, la résistance s’organise. Face au projet gouvernemental de construction d’un centre de traitement des déchets, surnommé “Mbeubeuss 2”, la contestation prend une ampleur inédite. Ce qui n’était qu’un simple refus de principe s’est transformé en un véritable soulèvement citoyen, porté par une population décidée à défendre ses terres et son mode de vie.

Le projet, jugé opaque et précipité, suscite l’inquiétude, voire la colère. Les terres visées, fertiles et intensément cultivées, font vivre plus de 700 maraîchers, selon les représentants locaux. L’implantation du centre signifierait, pour eux, la fin d’un modèle agricole durable et l’entrée dans une précarité imposée.

Le week-end dernier, la situation a basculé. Alors que les habitants manifestaient pacifiquement pour exprimer leur désaccord, la réponse des forces de l’ordre a été d’une rare violence. Intrusion dans les domiciles, coups, gaz lacrymogènes, arrestations arbitraires : quinze personnes, dont une mère et son fils, ont été arrêtées et conduites à la brigade de Sébikotane. Des témoignages bouleversants évoquent des scènes de panique et d’humiliation.

« On ne fait que défendre notre terre, notre pain quotidien. Pourquoi nous traiter comme des criminels ? », s’indigne un ancien du village.

Un projet imposé, un dialogue inexistant

Le collectif citoyen de Mbeuth, en première ligne de la contestation, précise qu’il ne rejette pas le principe d’un centre de traitement des déchets. Ce qu’il dénonce, c’est l’absence totale de concertation, le mépris affiché des autorités, et l’emplacement jugé catastrophique du projet.

« Ce qu’on nous impose, c’est une bombe sociale et écologique », déplore Saliou Ndiongue, membre du collectif.

« On nous promet 235 emplois précaires, dont une bonne partie pour des gens venus de Dakar, en échange de 700 emplois agricoles perdus. Où est la logique ? »

Un rapport d’experts environnementaux indépendants vient conforter leurs inquiétudes : risques pour la nappe phréatique, pollution des sols, déclin de la biodiversité locale. La nature du projet semble incompatible avec l’équilibre écologique de la zone.

Dans ce village où la majorité des habitants avaient placé leur confiance dans le régime Sonko/Diomaye, la déception est immense. Beaucoup voient dans cette affaire une trahison des engagements de rupture, et une continuité des pratiques autoritaires dénoncées sous les régimes précédents.

« On a voté pour le changement, pas pour qu’on vienne nous écraser en silence », lance un jeune agriculteur, les yeux embués de colère.

“Ce projet ne se fera pas ici”

Malgré la répression, la détermination reste intacte. Le mot d’ordre est clair : le projet ne passera pas. Le village appelle au dialogue, mais pose des lignes rouges infranchissables. L’installation du centre de déchets à Mbeuth est perçue comme une ligne de fracture, une agression contre l’économie locale et la dignité collective.

« Ce projet ne se fera pas ici. Pas au prix de nos terres, pas au prix de notre dignité », clame une habitante en brandissant une pancarte peinte à la main.

Mbeuth, aujourd’hui, est bien plus qu’un simple village agricole : c’est devenu le symbole d’une résistance citoyenne face à un État jugé sourd et brutal. Le combat engagé par ses habitants soulève des questions de fond sur les choix de développement, le respect des communautés locales, et l’avenir de la démocratie participative au Sénégal.


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