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Affaire “Freedom Day” : entre défense des droits humains et préservation des mœurs au Sénégal

L’affaire “Freedom Day” continue de polariser l’opinion publique au Sénégal. Ce mercredi, les militantes féministes à l’origine de ce sit-in controversé seront entendues par la Brigade des mœurs de la Sûreté urbaine de Dakar. Accusées d’avoir voulu organiser une manifestation au dress code “nu”, elles font l’objet d’une plainte déposée par Mame Matar Guèye, président de l’Ong Jamra.

L’objectif initial de “Freedom Day” était de dénoncer l’escalade des violences faites aux femmes et aux enfants, notamment les viols et les meurtres. Une cause jugée noble, mais la méthode choisie a suscité l’indignation : les organisatrices avaient appelé à un sit-in “taatu néén” (nu), une symbolique perçue par certains comme une atteinte aux valeurs sociales et culturelles sénégalaises.

Mame Matar Guèye, fervent défenseur des valeurs conservatrices, a rapidement réagi en saisissant la justice. Il accuse les militantes d’“atteinte aux bonnes mœurs”, une plainte qui a conduit à une enquête approfondie et à la convocation des organisatrices.

Malgré les critiques, les militantes de “Freedom Day” refusent de céder face aux pressions. Dans un communiqué, elles dénoncent une procédure qu’elles qualifient d’“incongrue et infondée”. Soutenues par un collectif d’avocats et de spécialistes des droits humains, elles défendent leur action comme un cri d’alerte face à une société qui, selon elles, banalise les violences faites aux femmes.

“Nous avons choisi un moyen fort pour attirer l’attention sur un fléau sociétal trop souvent passé sous silence”, expliquent-elles. Selon elles, les critiques sur la méthode ne devraient pas occulter la gravité des violences qu’elles dénoncent.

Pour l’Ong Jamra, ce sit-in dépasse les limites de l’acceptable. “C’est une atteinte grave aux valeurs culturelles et religieuses de notre société”, affirme Mame Matar Guèye. Il estime que les militantes auraient pu choisir des moyens d’action plus conformes aux traditions pour sensibiliser l’opinion publique.

Jamra appelle à des sanctions exemplaires, estimant que l’initiative de “Freedom Day” met en péril l’équilibre moral de la société sénégalaise.

Les auditions prévues ce mercredi pourraient marquer un tournant dans cette affaire. Les militantes devront répondre aux enquêteurs de la Sûreté urbaine et justifier leurs motivations. Pour les autorités judiciaires, il s’agit de trancher entre la liberté d’expression et la préservation des valeurs sociales.

Au-delà de l’aspect judiciaire, l’affaire “Freedom Day” soulève des interrogations profondes sur les limites de la protestation et la défense des droits humains. Le Sénégal, pays réputé pour son équilibre entre tradition et modernité, se trouve face à un débat complexe entre revendications féministes et protection des mœurs.


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