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Ali Bongo et sa famille exfiltrés au Angola : une libération controversée après des mois de résidence surveillée

Libreville/Luanda – 16 mai 2025 – Huit mois après le coup d’État militaire qui a mis fin à 55 années de règne de la famille Bongo au Gabon, l’ancien président Ali Bongo Ondimba a quitté le pays avec son épouse Sylvia et leur fils Noureddin pour s’installer en Angola. Cette libération inattendue, confirmée vendredi par la présidence angolaise, suscite à la fois étonnement et indignation sur la scène politique gabonaise.

“La famille Bongo a été libérée et vient d’arriver à Luanda”, a indiqué un communiqué publié sur la page Facebook officielle de la présidence angolaise. Des photographies diffusées peu après montrent Ali Bongo accueilli à l’aéroport de la capitale angolaise, aux côtés de son épouse et de son fils. Selon les autorités angolaises, cette opération est le fruit de discussions entre le président Joao Lourenço et le chef de l’État gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema.

Depuis son éviction du pouvoir le 30 août 2023, Ali Bongo, 66 ans, était assigné à résidence à Libreville. Son épouse et son fils, tous deux accusés de détournement massif de fonds publics, avaient été incarcérés puis placés sous résidence surveillée. Plusieurs médias gabonais avaient récemment rapporté leur transfert depuis une cellule présidentielle vers une résidence familiale, laissant présager un dénouement imminent.

La libération de la famille Bongo intervient dans un contexte de normalisation des relations entre le Gabon et la communauté internationale. Le 30 avril dernier, l’Union africaine, présidée par le chef d’État angolais Joao Lourenço, avait levé les sanctions imposées au Gabon à la suite du coup d’État. Pour certains observateurs, cette réintégration a été négociée au prix fort.

Geoffroy Foumboula Libeka, député du parlement de transition, a dénoncé sur les réseaux sociaux une “véritable honte” orchestrée “dans le silence total”, s’interrogeant : “Où est la souveraineté du Gabon ?”. Selon lui, cette libération serait “le prix à payer” pour la levée des sanctions de l’UA.

Brice Oligui Nguema, ex-chef de la garde républicaine devenu président de la transition après le coup d’État, a été officiellement élu en avril 2025 avec près de 95% des voix lors d’un scrutin peu contesté par les observateurs internationaux. Mais son principal rival, Alain-Claude Bilie By Nze, ancien Premier ministre d’Ali Bongo, a estimé que la libération de l’ex-président et de sa famille “démontre que leur détention ne respectait pas le cadre de la loi”.

“Le président Oligui Nguema n’a pas fait preuve de clémence : il a dû s’incliner face aux exigences internationales après ce que tout le monde a compris comme un abus de pouvoir”, a-t-il affirmé.

Les avocats de Sylvia Bongo, née en France, et de son fils Noureddin ont pour leur part accusé les autorités de mauvais traitements et de torture pendant leur détention.

Ali Bongo, au pouvoir depuis 2009 après avoir succédé à son père Omar Bongo, a dirigé le Gabon pendant 14 ans. Sa présidence, notamment marquée par un accident vasculaire cérébral en 2018, avait vu s’accumuler les critiques sur sa gouvernance, jugée opaque, clientéliste, et marquée par une gestion autoritaire. L’élection présidentielle de 2016, qu’il avait remportée de justesse face à Jean Ping, avait déjà plongé le pays dans une crise politique majeure.

Le Gabon, riche en pétrole mais confronté à un fort chômage, à une dette publique lourde et à des infrastructures défaillantes, espérait tourner la page avec la transition engagée depuis août 2023. Mais ce transfert discret de la famille Bongo, perçu par certains comme une fuite arrangée, soulève à nouveau la question de la justice et de la transparence dans le processus démocratique.


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