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Justice

Azoura Fall face à la justice : ce que dit le droit sénégalais sur les injures en ligne

L’affaire Azoura Fall secoue la toile sénégalaise depuis plusieurs jours. Connue pour ses prises de parole virulentes sur TikTok, l’activiste s’est retrouvée au cœur d’une tempête judiciaire après avoir proféré des injures à l’encontre de l’ancien président Macky Sall lors d’un live. Une sortie polémique qui a poussé le procureur de la République, Ibrahima Ndoye, à s’autosaisir du dossier. Cette décision relance un débat sensible : jusqu’où peut aller la liberté d’expression en ligne ? Et surtout, que risque-t-elle réellement devant la loi sénégalaise ?

L’intervention du parquet repose sur des éléments publics, facilement accessibles. Le live controversé d’Azoura Fall a rapidement circulé sur les réseaux sociaux, exposant des propos jugés “grossiers”, “injurieux” et potentiellement attentatoires à l’honneur d’une personnalité publique, en l’occurrence un ancien chef d’État. Dans ce contexte, l’autosaisine du procureur est juridiquement fondée, conformément à l’article 34 du Code de procédure pénale sénégalais, qui autorise l’ouverture d’une enquête pour des faits relevant de l’ordre public ou portés à la connaissance du ministère public par tout moyen.

Au regard du Code pénal sénégalais, plusieurs chefs d’accusation pourraient être retenus contre Azoura Fall :

Injures publiques : L’article 258 du Code pénal prévoit des peines pouvant aller jusqu’à un mois d’emprisonnement et 50 000 francs CFA d’amende pour toute injure non publique. Si les injures sont publiques — ce qui est le cas dans un live TikTok diffusé à grande échelle —, les peines peuvent être alourdies, notamment si la victime est une autorité ou un dépositaire de l’autorité publique. Diffamation : Si les propos tenus sont considérés comme accusatoires sans preuve, notamment en imputant à Macky Sall des faits précis sans fondement, l’article 248 du Code pénal pourrait s’appliquer, avec des peines pouvant atteindre deux ans d’emprisonnement et 1 500 000 francs CFA d’amende. Atteinte à l’ordre public via les TIC : Le Code des communications électroniques et la loi sur la cybercriminalité (2016) permettent également de poursuivre tout individu diffusant des contenus à caractère injurieux ou haineux en ligne. Cette législation plus récente élargit les possibilités de poursuites.

Cette affaire ravive les tensions entre liberté d’expression et protection de la dignité des personnalités publiques. Si la Constitution sénégalaise garantit le droit à la liberté d’opinion, celle-ci connaît des limites, notamment lorsque les propos portent atteinte à la réputation ou à la sécurité d’autrui. Plusieurs défenseurs des droits numériques dénoncent toutefois un usage sélectif de la justice, qui viserait particulièrement les voix critiques du pouvoir ou des figures politiques influentes.

Le cas d’Azoura Fall s’inscrit dans une tendance croissante de judiciarisation du discours en ligne au Sénégal. D’autres activistes ou influenceurs ont déjà été poursuivis pour des propos tenus sur Facebook, WhatsApp ou YouTube. Le traitement réservé à cette affaire pourrait ainsi établir une nouvelle jurisprudence sur la régulation des contenus numériques, à l’heure où les réseaux sociaux jouent un rôle central dans le débat public.

En résumé, que risque Azoura Fall ?

Jusqu’à 2 ans d’emprisonnement si les faits sont requalifiés en diffamation aggravée. Des amendes allant jusqu’à 1,5 million de francs CFA. Une possible interdiction temporaire d’usage des réseaux sociaux dans le cadre de mesures judiciaires spécifiques.

Le dossier est désormais entre les mains du parquet. Reste à savoir si une inculpation formelle suivra et quelle sera l’issue judiciaire. En attendant, l’affaire Azoura Fall pose une nouvelle fois la question de la régulation du numérique, dans un pays où la parole en ligne est de plus en plus surveillée.


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