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CAMPAGNE ARACHIDIÈRE 2024-2025 : Une baisse historique de près de 25 % de la production met en difficulté la filière

La campagne arachidière 2024-2025 s’est soldée par un repli notable de la production, évaluée à près de 25 %. Réduction des superficies emblavées, rendements en nette diminution, aléas pluviométriques défavorables : tous les indicateurs traduisent une conjoncture préoccupante. Dans un marché atone, les acteurs de la filière s’inquiètent d’un manque à gagner aux lourdes conséquences.

La campagne arachidière 2024-2025 s’achève sur un constat alarmant : un net recul de la production, des rendements en chute libre et une surface cultivée en baisse. Selon les chiffres officiels publiés par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), le Sénégal a enregistré une baisse de 24,8 % de sa production arachidière cette saison, une contre-performance inquiétante pour cette culture de rente essentielle à l’économie rurale.
Les données sont sans appel. La superficie emblavée est passée de 832 103 hectares en 2023 à 780 072 hectares en 2024, soit une diminution de 6,3 %. Quant au rendement moyen, il est passé de 1 217 kg/ha à 1 020 kg/ha (-19,8 %). En termes de volumes, la production a chuté, allant de 1 057 836 tonnes à seulement 795 585 tonnes.
Dès février, bien avant la publication de ces chiffres, le secrétaire général du Cadre de concertation des producteurs d’arachide (CCPA), Sidy Bâ, avait tiré la sonnette d’alarme, évoquant une « baisse drastique » des revenus pour les producteurs. Il estimait alors la production entre 700 000 et 800 000 tonnes, un pronostic aujourd’hui confirmé par les données de l’ANSD.
Plusieurs causes sont avancées pour expliquer cette mauvaise performance. Si certains paysans pointent du doigt la mauvaise qualité des semences et des engrais, Sidy Bâ nuance cette critique, rejetant notamment l’hypothèse d’un défaut d’engrais. Pour lui, la principale cause reste l’irrégularité des précipitations. « L’arrêt pluviométrique enregistré entre le 25 août et le 25 septembre, période cruciale pour la croissance de l’arachide, a fortement impacté les cultures », explique-t-il.
Autre phénomène aggravant : des pluies diluviennes mal réparties. À Gandiaye, par exemple, il est tombé 200 mm d’eau en août, puis plus de 300 mm en septembre. Des précipitations excessives et concentrées, loin d’être bénéfiques, ont fragilisé les plantes et accentué les pertes. « De fortes pluies peuvent parfois causer plus de dommages que de gains », soutient le responsable du CCPA.

MARCHÉ MOROSE

La morosité ne s’arrête pas aux champs. La campagne de commercialisation est elle aussi marquée par un manque de dynamisme. « Cette année, on note une présence réduite des acheteurs. Seule la SONACOS est active sur le marché, alors que les années précédentes, d’autres huiliers venaient renforcer la demande », regrette Sidy Bâ. Résultat : des stocks stagnants, une pression sur les prix et des producteurs découragés.
La filière arachidière, autrefois pilier de l’économie sénégalaise, traverse une zone de turbulence. Sans réforme structurelle, appui technique renforcé et mécanismes de stabilisation des revenus, elle risque de s’enliser durablement. En attendant, les paysans, eux, comptent leurs pertes, dans un silence rural trop souvent ignoré.

La Dakaroise


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