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Chute du prix du baril : une aubaine et un casse-tête pour le Sénégal pétrolier

Le cours du baril de pétrole est descendu sous la barre des 60 dollars (environ 35 644 F CFA) ce mercredi 9 avril, une première depuis février 2021. Cette baisse historique s’inscrit dans un contexte de guerre commerciale menée par les États-Unis, et ses répercussions mondiales n’épargnent pas le Sénégal, tout récemment entré dans le cercle restreint des pays producteurs d’or noir.

Pour Adama Diallo, député à l’Assemblée nationale et ancien directeur général de Petrosen Holding, cette chute des prix constitue « un couteau à double tranchant ». Dans un entretien accordé à L’Observateur, le parlementaire nuance les effets de cette tendance baissière sur l’économie sénégalaise.

Sur le court terme, la baisse du prix du baril est une bouffée d’oxygène pour les finances publiques. En effet, elle allège significativement le poids des subventions sur les produits pétroliers. « Le prix réel du carburant est composé de deux termes : la subvention et le prix à la pompe », explique Adama Diallo.

Ainsi, bien que les prix à la pompe — 775 F CFA pour le litre de gasoil et 990 F CFA pour le litre de Super — restent inchangés, la part subventionnée par l’État diminue. « L’État mène une bonne politique budgétaire en absorbant la baisse dans la subvention et non dans le prix à la pompe, conformément aux recommandations du Fonds monétaire international (FMI) », souligne-t-il. Cette stratégie permet de réaliser des économies dans un contexte où les marges budgétaires sont particulièrement étroites.

Mais l’envers de la médaille se révèle tout aussi préoccupant. Le Sénégal compte sur ses ressources pétrolières pour diversifier son économie et renforcer ses recettes fiscales, notamment avec le projet Sangomar, dont la rentabilité est calculée sur la base d’un baril à 60 dollars. Une baisse durable en dessous de ce seuil pourrait compromettre les prévisions budgétaires liées aux revenus pétroliers.

« On est en droit de se poser des questions sur l’atteinte des objectifs de recettes qui ont été fixés dans la loi de finances », alerte Adama Diallo. Selon lui, une loi de finances rectificative pourrait être nécessaire pour ajuster les projections budgétaires, notamment celles issues des projets pétro-gaziers.

Le Sénégal se retrouve donc à la croisée des chemins : tirer profit d’une situation conjoncturelle favorable pour alléger ses dépenses, tout en composant avec les risques de pertes à moyen terme sur ses ambitions extractives. Cette dualité impose une vigilance accrue dans la gestion des ressources et dans la planification budgétaire, à l’heure où le pays entre dans une nouvelle ère énergétique.

La manne pétrolière, longtemps espérée, devra encore composer avec les aléas du marché international, dont les secousses géopolitiques restent aussi imprévisibles que déterminantes.


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