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Corruption foncière autour du projet de palais de justice de Pikine/Guédiawaye : révélations, dénégations et premières auditions

Dans une affaire de corruption aux ramifications multiples, l’ancien ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, est dans le viseur de la Haute cour de justice, soupçonné d’avoir perçu un pot-de-vin dans le cadre du projet de construction du palais de justice de Pikine/Guédiawaye. L’affaire, révélée par L’Observateur, implique également deux anciens directeurs des Domaines, Mame Boye Diao et Mamadou Guèye, auditionnés récemment à la Division des investigations criminelles (DIC).

Un projet au cœur des soupçons

Tout commence en 2020, lorsqu’un terrain de 2 hectares, 85 ares et 14 centiares est affecté au ministère de la Justice pour accueillir un complexe judiciaire incluant un Centre de casiers judiciaires, un Centre médico-social, un Centre de surveillance de bracelets électroniques et le palais de justice de la localité. Toutefois, un décret de juin 2021 réduit cette assiette à 2 hectares, réservant le reste — soit 85 ares et 14 centiares — à un lotissement privé de 36 parcelles, baptisé lotissement « J ».

C’est cette modification du plan d’urbanisme et l’attribution des parcelles qui sont aujourd’hui au cœur d’un scandale mêlant corruption, usage abusif de données personnelles, et attribution douteuse de titres fonciers.

50 millions de francs CFA et un accord rompu

Cheikh Guèye, directeur général de Technologie Consulting Service (TCS), a affirmé devant les enquêteurs avoir signé un protocole avec Ismaïla Madior Fall. L’accord prévoyait la construction, à ses frais, du Centre de surveillance de bracelets électroniques, en échange de 9598 m² du terrain public. Mais tout bascule lorsqu’il affirme que l’ancien ministre lui a demandé 250 millions FCFA en espèces pour finaliser le protocole, dont 50 millions auraient été remis dans son bureau, en présence d’un haut cadre du ministère.

Guèye affirme que, face à son refus de verser les 200 millions restants, le ministre a rompu l’accord et lui a restitué les 50 millions. Ces déclarations ont été corroborées par Mohamed Anas El Bachir Wane, alors directeur des Constructions au ministère.

Face à ces accusations, Ismaïla Madior Fall s’est défendu sur le plateau de la 7TV, évoquant un don gracieux qu’il aurait refusé.

Mame Boye Diao et les cinq lots offerts

L’attention s’est ensuite portée sur les anciens directeurs des Domaines. Mame Boye Diao (en poste de 2019 à 2023) a reconnu avoir signé la liste des bénéficiaires des 36 parcelles du lotissement « J ». Il affirme cependant que le projet de lotissement émane du défunt directeur de l’urbanisme, Oumar Sow. Diao déclare avoir lui-même reçu cinq lots qu’il dit avoir distribués à des amis proches, dont K. Diakhaté, M. Kâ et I. Ndiaye.

Cependant, plusieurs bénéficiaires figurant sur cette liste ont déclaré n’avoir jamais été informés de ces attributions, ni sollicité de parcelle. Cinq d’entre eux ont même porté plainte contre X pour usage frauduleux de leurs données personnelles.

Mamadou Guèye : un successeur sur la défensive

Son successeur, Mamadou Guèye, directeur des Domaines d’avril 2023 à 2024, se retrouve également impliqué. Il est accusé par Diao d’avoir signé les baux douteux des parcelles du lotissement « J ». Devant les enquêteurs, Guèye a reconnu avoir notifié les attributions en se basant sur le plan d’urbanisme modifié, tout en insistant qu’il n’a pas délivré de baux ni reçu de terrain. Il précise ne pas connaître personnellement les bénéficiaires.

Une affaire explosive aux implications politiques

L’affaire continue de prendre de l’ampleur, entre révélations accablantes, déclarations contradictoires et auditions en série. Les autorités judiciaires pourraient bientôt franchir un nouveau cap, avec l’ouverture d’une information judiciaire ou des inculpations éventuelles.


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