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Crise dans le secteur des médias au Sénégal : la CAP appelle à la mobilisation face à “l’étouffement organisé”

La Coordination des Associations de Presse (CAP) a tiré la sonnette d’alarme ce lundi lors d’une conférence de presse. Face à ce qu’elle qualifie d’agressions répétées contre les médias sénégalais, elle appelle à une mobilisation urgente et massive de l’ensemble des acteurs du secteur.

Depuis mai 2024, la presse sénégalaise subit une série de mesures restrictives qui, selon la CAP, portent clairement la marque du pouvoir exécutif. Après une asphyxie financière prolongée, c’est désormais une offensive administrative qui s’abat sur les entreprises de presse. Le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique a publié le 22 avril 2025 un arrêté imposant l’arrêt immédiat des activités des médias jugés « non conformes » au Code de la presse, une décision renforcée par des assignations émises par la Direction de la Surveillance du Territoire (DST).

Plus d’une vingtaine de responsables de médias ont été convoqués pour recevoir ces injonctions, et selon la CAP, ce sont près de 300 entreprises qui pourraient être concernées. La situation est d’autant plus préoccupante que les décisions du ministère s’accompagnent d’un flou juridique et administratif. Les critères d’exclusion ne sont pas clairs, aucune notification formelle n’a été adressée aux médias concernés, et la plateforme de déclaration des entreprises de presse est bloquée depuis février 2025, empêchant toute nouvelle inscription.

Malgré la saisine de la Cour suprême et les dénonciations répétées par les organisations professionnelles, aucune réaction n’est venue des autorités judiciaires ou politiques. Ce silence, selon la CAP, traduit un mépris inquiétant pour la liberté de la presse. L’organisation n’hésite pas à établir une analogie forte, affirmant que la presse sénégalaise aujourd’hui est comme un George Floyd : étouffée par les institutions censées la protéger.

Le contexte de cette crise est aggravé par le blocage du Fonds d’Appui et de Développement de la Presse (FADP), l’inactivité du Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA), et la paralysie d’organes comme le CORED ou la Commission de la Carte nationale de Presse. Les cartes ne sont plus délivrées depuis février 2024, et aucune concertation sérieuse n’a été engagée par le ministre Alioune Sall, en dehors d’une simple réunion de prise de contact en mai 2024.

Face à ce qu’elle qualifie de dérive autoritaire, la CAP entend organiser la résistance. Elle lance un recensement des entreprises de presse concernées, mobilise des avocats pour les accompagner et appelle à un dépôt massif de recours devant la Chambre administrative de la Cour suprême. Tout au long du mois de mai, elle prévoit des rencontres avec les syndicats, les défenseurs des droits humains, les organisations de la société civile et d’autres forces vives de la nation. Ce cycle d’actions se conclura par un sit-in devant le ministère de la Communication.

La CAP, qui vient de se restructurer à la faveur de nouveaux changements à la tête du SYNPICS et de la Convention des Jeunes Reporters, entend se renforcer. Une assemblée générale est prévue le 17 mai pour formaliser cette nouvelle dynamique.

Dans un contexte où la démocratie sénégalaise est scrutée de près, la liberté de la presse semble à la croisée des chemins. La CAP appelle tous les citoyens, acteurs politiques, partenaires internationaux et institutions garantes des libertés fondamentales à ne pas rester silencieux face à ce qu’elle considère comme une tentative d’étouffer l’un des derniers remparts de la démocratie.


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