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Détournement de fonds publics : cinq anciens ministres visés, Badara Gadiaga met en doute la Haute Cour de Justice

Cinq anciens ministres de la République sont actuellement dans le viseur de la Haute Cour de Justice (HCJ), suite aux révélations du rapport de la Cour des comptes sur la gestion des fonds destinés à la lutte contre la pandémie de Covid-19. Si certains ont déjà été placés sous mandat de dépôt ou soumis à des mesures judiciaires strictes, cette procédure exceptionnelle continue de susciter de vives controverses dans l’opinion publique et chez certains analystes.

Parmi les personnalités impliquées figurent Moustapha Diop et Aïssatou Sophie Gladima, tous deux placés sous mandat de dépôt. L’ancien ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, a été placé sous bracelet électronique, tandis que Ndeye Saly Diop Dieng est poursuivie sous contrôle judiciaire après avoir versé une consignation de 57 millions de francs CFA. Le cinquième mis en cause, Mansour Faye, est attendu devant la commission d’instruction ce lundi.

Le chroniqueur politique Badara Gadiaga, intervenant dans l’émission Jakaarlo Bi sur la TFM, a exprimé de sérieuses réserves quant au fonctionnement de la Haute Cour de Justice. « Je ne crois pas en cette juridiction », a-t-il lancé sans détour. À l’appui de ses propos, il évoque les limites structurelles de cette cour, notamment l’absence de possibilité d’appel pour les accusés, ce qui selon lui, viole un principe fondamental de la justice équitable.

Gadiaga a rappelé les précédents liés à la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (CREI), critiquée à l’époque pour le renversement de la charge de la preuve. « Le mis en cause doit avoir le droit de se défendre pleinement. Or, devant la Haute Cour de Justice, ce droit est très limité », a-t-il souligné, appelant à une réforme en profondeur de cette instance juridictionnelle.

L’analyste a également attiré l’attention sur la nature des accusations visant les anciens ministres. Selon lui, dans de nombreux cas, ce sont les DAGE (Directeurs de l’Administration Générale et de l’Équipement), en tant qu’ordonnateurs délégués, qui exercent un pouvoir effectif sur les dépenses publiques. Il estime ainsi que les responsabilités doivent être situées avec précision, pour éviter que les ministres ne soient injustement tenus pour seuls responsables.

Autre point évoqué par Badara Gadiaga : la perception des patrimoines des responsables politiques. « Il existe des administrateurs qui ont passé quinze ans au service de l’État et qui déclarent un patrimoine de 500 millions de FCFA. Pourquoi un ministre avec plus d’expérience et une carrière plus longue ne pourrait-il pas disposer d’un milliard ou plus ? », s’interroge-t-il. Pour lui, ces procédures semblent parfois guidées par des considérations subjectives, révélant un système judiciaire à deux vitesses.

Cette série de poursuites s’inscrit dans un contexte où le pouvoir en place affiche une volonté affichée de moraliser la vie publique et de lutter contre l’impunité. Mais la crédibilité des institutions chargées de faire la lumière sur ces dossiers reste sujette à débat. La sortie de Badara Gadiaga alimente une fois de plus les interrogations sur la capacité du système judiciaire à garantir une justice impartiale, égale pour tous, quels que soient le statut ou les fonctions passées.


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