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Justice

Ismaïla Madior Fall renvoyé devant la Haute Cour de Justice : l’Assemblée nationale donne son feu vert

Un tournant historique vient d’être franchi dans l’affaire Ismaïla Madior Fall. L’Assemblée nationale a adopté ce jeudi une résolution autorisant la mise en accusation de l’ancien ministre de la Justice, Garde des Sceaux sous le régime de Macky Sall. C’est la Commission des Lois qui avait recommandé cette mesure à la suite d’une enquête judiciaire accablante.

L’affaire remonte à une opération immobilière douteuse autour du terrain destiné à accueillir le Palais de Justice de Pikine-Guédiawaye. Selon les éléments du dossier, un terrain de près de 3 hectares avait été attribué en 2020 au ministère de la Justice. Seule une partie (8 327 m²) a effectivement servi à la construction du tribunal. Le reste aurait été détourné à des fins privées, avec l’intervention directe d’Ismaïla Madior Fall.

Un promoteur “choisi” sans appel d’offres

L’ancien ministre est accusé d’avoir engagé un promoteur immobilier, Cheikh Gueye, sans appel d’offres, en violation flagrante du Code des marchés publics. En contrepartie de la construction d’un centre d’accueil pour enfants et d’un centre de surveillance électronique, il lui aurait promis des terrains en dation, c’est-à-dire en échange direct de services rendus, sans passer par le circuit budgétaire ni les procédures de l’administration.

Des accusations de corruption lourdes

Plus grave encore, Cheikh Gueye affirme avoir versé un acompte de 50 millions de francs CFA en espèces à Ismaïla Madior Fall, directement dans son bureau et en présence de son directeur des constructions, Mohamed Anas El Bachir Wane. Ce dernier a confirmé la scène aux enquêteurs. Le ministre aurait ensuite exigé le versement de 200 millions supplémentaires, ce que le promoteur a refusé, dénonçant des pressions croissantes.

Lorsque le différend éclate, l’acompte est restitué, mais les dégâts sont déjà faits. L’enquête révèle une tentative d’extorsion, un contournement du droit des marchés publics, une gestion opaque du patrimoine de l’État, et des pratiques assimilables à de la concussion et au blanchiment de capitaux.

Vers un procès devant la Haute Cour de Justice

En application des articles 101 de la Constitution et 17 de la loi organique sur la Haute Cour de Justice, la résolution de mise en accusation a été validée. Elle repose sur des « indices et présomptions graves et concordants » d’une série d’infractions : corruption, tentative d’extorsion, escroquerie, association de malfaiteurs, et prise illégale d’intérêts.

Ismaïla Madior Fall devient ainsi le premier ancien ministre de la Justice renvoyé devant la Haute Cour dans l’histoire politique récente du Sénégal. Le procès à venir s’annonce comme un événement majeur, tant par la gravité des faits que par la symbolique de cette mise en cause d’un haut responsable de l’appareil judiciaire.

LeDakarois suivra cette affaire de près et vous tiendra informés des prochains développements.


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