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Politique

La décision du Conseil Constitutionnel ravive les tensions politiques à l’approche du dialogue national

La décision du Conseil constitutionnel sénégalais, déclarant non conforme à la Constitution la loi interprétative de l’amnistie, continue de secouer la scène politique nationale. À moins d’un mois du dialogue national prévu le 18 mai par le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, les clivages s’accentuent entre la majorité présidentielle et une opposition fragmentée.

Lors d’une conférence de presse tenue dimanche, la coalition « Diomaye Président » est montée au créneau pour saluer cette décision qu’elle qualifie de « victoire politique et morale ». Dans une atmosphère tendue, le Premier ministre Ousmane Sonko a désigné une partie de l’opposition comme de simples « résidus », une expression qui a provoqué de vives réactions sur l’échiquier politique.

La figure politique Aïda Mbodji, entourée du ministre Moustapha Guirassy, de Me Abdoulaye Tine et de la députée Mame Diarra Fam, a exprimé son soutien sans réserve à la décision du Conseil constitutionnel. Selon elle, le considérant 31 du texte juridique représente un tournant majeur dans la consolidation de l’État de droit au Sénégal. « Le Sénégal privilégie désormais la justice à l’impunité », a-t-elle affirmé, balayant d’un revers de main les critiques venant de l’opposition.

Me Abdoulaye Tine, pour sa part, a salué une « démarche victorieuse », qui permet d’éclairer les Sénégalais sur les responsabilités liées aux violences ayant secoué le pays entre mars 2021 et juin 2023. Il a cependant appelé à la prudence, en soulignant que les poursuites pour meurtres ne devaient pas être teintées de considérations politiques.

Le Directeur général du Port autonome de Dakar, Waly Diouf Bodian, figure montante de l’aile dure du Pastef, a utilisé cette tribune pour renouveler son appel à la dissolution de l’OFNAC (Office national de lutte contre la fraude et la corruption). Il accuse l’institution d’être devenue un « siège de l’enrichissement illicite », et propose de transférer ses compétences au Parquet financier ou, à défaut, de la supprimer purement et simplement.

« On ne développe pas un pays sans justice », a-t-il martelé, soulignant l’importance d’un appareil judiciaire fort et crédible pour instaurer une gouvernance transparente et responsable.

Face à ces attaques, l’opposition tente de se repositionner. Bien que qualifiée de « moribonde » par certains membres du pouvoir, elle conserve une base militante active et continue de dénoncer ce qu’elle perçoit comme une instrumentalisation de la justice.

La décision du Conseil constitutionnel pourrait ouvrir la voie à de potentielles poursuites contre des figures politiques liées aux événements violents de ces dernières années, exacerbant davantage une tension politique déjà palpable.

Le 18 mai prochain, le président Diomaye Faye entend réunir l’ensemble des forces vives de la nation pour un dialogue national. Toutefois, dans ce climat chargé, la tenue de ce dialogue risque d’être compromise si les rancœurs actuelles ne sont pas apaisées. La réconciliation nationale, tant prônée, reste un objectif difficilement atteignable sans un minimum de consensus sur les règles du jeu démocratique.


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