Société
La délocalisation de Mbeubeuss : Un défi coûteux à 59,6 milliards de FCFA pour le projet PROMOGED
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par
Le Dakarois
Le site de Mbeubeuss, ancienne décharge à ciel ouvert de Dakar, figure parmi les symboles de la gestion des déchets au Sénégal. Si l’objectif est de fermer ce site d’ici 2026, le projet de délocalisation et de réhabilitation suscite de nombreuses interrogations sur sa faisabilité, ses coûts et les délais impartis pour atteindre les objectifs. Le projet PROMOGED, censé transformer le paysage de la gestion des déchets solides au Sénégal, rencontre d’importants obstacles dans la mise en œuvre de sa stratégie de réhabilitation, à la fois sur le plan financier et technique.
Mbeubeuss est l’une des plus grandes décharges à ciel ouvert de l’Afrique de l’Ouest, avec une surface de plus de 80 hectares. Le site est en activité depuis plusieurs décennies, et sa gestion est devenue un enjeu majeur de la politique de gestion des déchets au Sénégal. Sa délocalisation et sa fermeture font partie des priorités du projet PROMOGED, soutenu par des partenaires techniques et financiers comme l’Agence Française de Développement (AFD), l’Agence Espagnole de Coopération Internationale pour le Développement (AECID) et la Banque Européenne d’Investissement (BEI).
Cependant, un retard important dans la mise en œuvre des activités prévues a mis en lumière des défis colossaux. Bien que le montant total des fonds alloués à la réhabilitation de Mbeubeuss soit de 59,6 milliards de FCFA, les décaissements n’ont atteint que 2,5 milliards de FCFA, soit à peine 9 % du budget. La première phase de réhabilitation, qui concerne un tiers du site (43 hectares), a démarré avec un contrat signé pour un montant de 19,8 milliards de FCFA, mais les travaux ne débuteront pas avant août 2024, suite à la mise en place d’une mission de contrôle et supervision.
La réhabilitation de Mbeubeuss et la construction d’infrastructures pour remplacer ce site de décharge représentent des coûts faramineux, et la question de savoir si ces investissements en valent la peine reste en suspens. Le contrat de réhabilitation du site porte sur un montant de 19,8 milliards de FCFA pour la première phase, mais le projet prévoit également la construction d’un centre de tri et de compostage, ainsi qu’un centre de transfert et de traitement des déchets, pour un coût estimé à 8,4 milliards de FCFA. Ces dépenses, bien que nécessaires pour garantir la fermeture de Mbeubeuss, risquent d’alourdir un budget déjà très contraint par des retards de financement.
La délocalisation de Mbeubeuss est donc un projet particulièrement complexe et coûteux. Les autorités sénégalaises doivent en effet créer des infrastructures de gestion des déchets sur de nouveaux sites, notamment à Bambilor, une localité voisine, où un nouveau centre de traitement des déchets est en construction. Mais à l’heure actuelle, la mise en place de ce centre est fortement conditionnée par des délais très serrés. Le calendrier prévoit que le premier casiers de stockage des déchets soit opérationnel avant la fin du projet, en juin 2026, mais ces délais pourraient être compromis si les travaux prennent du retard.
La fermeture de Mbeubeuss n’est pas seulement une question d’infrastructures ; c’est un projet titanesque qui englobe des aspects techniques, environnementaux et sociaux. Il faudra en effet construire des infrastructures de stockage et de traitement des déchets sur le site de Bambilor, tout en réhabilitant Mbeubeuss et en élaborant un plan de fermeture définitive du site. Ces travaux doivent être menés de manière urgente pour garantir que Mbeubeuss cesse d’être une menace environnementale avant la fin du projet, prévu pour juin 2026.
Le défi réside dans la gestion des coûts supplémentaires engendrés par les délais de mise en œuvre. Si la réhabilitation de Mbeubeuss subit encore des retards, cela pourrait repousser la date de la fermeture définitive, avec des conséquences environnementales graves. D’autres questions se posent également sur les modalités de financement : le projet a besoin d’une réévaluation des ressources pour garantir l’efficacité de ces investissements et éviter de dépasser les coûts prévus.
Pour surmonter ces défis financiers et techniques, plusieurs solutions sont envisagées. Tout d’abord, il est impératif que les partenaires techniques et financiers travaillent en étroite collaboration avec le gouvernement sénégalais pour accélérer les procédures d’attribution des marchés et la mise en place des structures de contrôle nécessaires à la réhabilitation. Un suivi rigoureux des dépenses et des travaux doit être effectué pour garantir que les fonds sont utilisés de manière optimale.
Ensuite, il est crucial de concentrer les efforts sur les infrastructures réalisables avant la clôture du projet, notamment la réhabilitation du site de Mbeubeuss et la construction du centre de traitement à Bambilor. Bien que ces tâches soient ambitieuses, leur réussite pourrait ouvrir la voie à une gestion plus moderne et durable des déchets au Sénégal.
Enfin, la cohérence entre les différents acteurs impliqués, y compris les communes, la SONAGED et l’État, doit être renforcée. Un cadre clair de responsabilité et de collaboration est essentiel pour que les travaux de réhabilitation se déroulent dans les meilleures conditions et que les objectifs de délocalisation de Mbeubeuss soient atteints dans les délais impartis.
La délocalisation de Mbeubeuss représente donc un défi de taille, tant sur le plan financier que technique. Cependant, la réussite de cette initiative est primordiale pour la gestion durable des déchets solides au Sénégal. Si les autorités et les partenaires parviennent à surmonter les obstacles actuels, ce projet pourrait constituer un modèle de gestion intégrée des déchets en Afrique de l’Ouest. Le temps presse, et l’avenir de la gestion des déchets au Sénégal repose désormais sur la capacité des acteurs impliqués à concrétiser ces ambitions dans les délais impartis.
Le coût élevé et la complexité des travaux liés à la réhabilitation de Mbeubeuss illustrent bien la difficulté de mener à bien un projet aussi ambitieux dans un contexte de retards et de défis multiples. Toutefois, si le projet réussit à surmonter ces obstacles, il pourrait devenir un modèle de transformation pour d’autres pays de la région.
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