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La transhumance politique : entre éthique et pragmatisme au Sénégal

Dans la sphère politique sénégalaise, le paysage évolue souvent sous le poids des stratégies et des mouvements inattendus. Ces derniers mois, l’un des tournants les plus marquants est lié aux manœuvres de l’opposant Ousmane Sonko et à l’attitude du Pastef face aux membres de l’Alliance pour la République (APR). La promesse initiale de Sonko et du Pastef était de restaurer la transparence et l’éthique en politique, se positionnant comme un rempart contre la transhumance, cette pratique largement critiquée où les politiciens changent de camp par opportunisme.

Le stratagème qui se dessine commence par une annonce fracassante : la mise en place d’une chasse aux « pilleurs de la République ». Cette posture rigide, assortie de l’interdiction de sortie du territoire imposée à de nombreux cadres de la coalition Benno Bokk Yakaar, a eu pour effet immédiat de faire monter la pression au sein de la classe politique. Les rumeurs d’une liste rouge, laissant planer un doute suffocant sur les figures potentiellement visées, ont fini par provoquer des réactions en chaîne. Cet étau psychologique a accéléré des défections au sein du parti au pouvoir.

La peur de la prison et la menace d’une répression judiciaire ont conduit certains à franchir le pas, reniant leurs engagements passés et se tournant vers le Pastef. Ce phénomène de transhumance n’a pas seulement exposé la fragilité des alliances et des loyautés politiques, il a également révélé un revirement éthique inattendu chez Ousmane Sonko. Autrefois intraitable sur cette question, son mouvement semble avoir adopté une position plus permissive, acceptant ces nouveaux alliés sans condition apparente.

L’arrivée massive d’anciens membres de l’APR dans le giron du Pastef pose la question de la crédibilité des discours d’intégrité. En s’ouvrant à ces « repentis », le parti risque de voir ses principes fondateurs remis en cause. L’acceptation de figures autrefois décriées pour leur allégeance et leur passivité envers le régime en place, transformées en « anges » par la simple adoption de la carte du Pastef, sème le doute sur la sincérité de ce revirement.

Si la stratégie du Pastef peut être perçue comme un moyen pragmatique de consolider ses rangs et de préparer l’assaut final pour le pouvoir, elle soulève des inquiétudes profondes quant à l’éthique en politique. Cette ambiguïté sur les principes ébranle la confiance de certains partisans, déçus par ce qu’ils considèrent comme un abandon des promesses de renouveau moral.

Cependant, d’autres y voient un mal nécessaire : la nécessité de rassembler toutes les forces possibles pour contrer le pouvoir en place et espérer un changement. Ce débat, qui agite la société civile et les observateurs politiques, pourrait marquer un tournant décisif pour la crédibilité future du Pastef et l’avenir de l’éthique en politique au Sénégal.

En conclusion, la transhumance politique orchestrée ou facilitée par Ousmane Sonko pose un dilemme de taille : la fidélité aux principes contre l’efficacité stratégique. La société sénégalaise observera de près les conséquences de cette vague de ralliements sur le long terme, espérant que la promesse de changement ne se dissipe pas dans les méandres du pragmatisme politique.


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