Suivez-nous

Justice

L’affaire Farba Ngom : un bras de fer judiciaire aux allures de tempête politique

L’étau judiciaire se resserre autour de Farba Ngom, figure emblématique de l’Alliance pour la République (APR) et maire de la commune des Agnam. Incarcéré depuis le 27 février 2025, il fait face à une cascade d’accusations, dont les plus graves portent sur des faits présumés d’association de malfaiteurs, blanchiment de capitaux et escroquerie portant sur des fonds publics estimés à 31 milliards de francs CFA. Ce mardi 29 avril, l’homme politique a de nouveau été extrait de sa cellule pour être entendu par le doyen des juges du Pool judiciaire financier, Idrissa Diarra. Une audition courte mais tendue, au cours de laquelle de nouveaux chefs d’inculpation lui ont été notifiés.

Selon le réquisitoire du parquet financier, Farba Ngom est soupçonné d’avoir, entre 2020 et 2024, acquis, dissimulé, transféré ou utilisé des biens issus d’un crime ou délit, le tout « en bande criminelle organisée ». Des accusations lourdes, étayées par un rapport explosif de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif), qui évoque des transactions suspectes pour un montant astronomique de 125 milliards de francs CFA.

L’audition de mardi n’aura duré qu’une dizaine de minutes. Mais elle aura été marquée par une montée de tension spectaculaire. Farba Ngom, visiblement ébranlé par la tournure de l’enquête et l’arrestation de plusieurs de ses proches, dont ses frères Birane et Ismaïla Ngom, a laissé éclater sa colère dans le bureau du juge. Selon SourceA, il aurait lancé, dans un accès d’émotion :

« Il ne vous reste qu’à aller chercher ma mère. Vous n’avez qu’à l’amener. Pour ma part, je suis prêt à vivre dignement cette épreuve qui n’est rien d’autre qu’une cabale politique montée contre ma personne et les membres de ma famille. »

Cette déclaration virulente témoigne de l’état d’esprit d’un homme qui se sent acculé, voire trahi par le système auquel il a longtemps appartenu.

L’affaire prend désormais une ampleur nationale. D’autres figures politiques issues de l’ancien régime sont également citées dans l’enquête, notamment Amadou Sall, fils de l’ancien président Macky Sall, ainsi que Ndèye Seynabou Ndiaye et Abdou Karim Mbacké. Le nom de Tahirou Sarr, également mentionné dans le rapport de la Centif, revient avec insistance. Il doit être entendu dans les prochaines heures.

Malgré les tentatives de la défense, la justice reste inflexible. Le cautionnement proposé pour obtenir une liberté provisoire a été rejeté par le juge. L’enquête semble appelée à s’étendre encore, avec de nouvelles interpellations en perspective.

Au-delà de la personne de Farba Ngom, c’est tout un système qui est dans le viseur de la justice. Pour les proches de l’ancien député-maire, cette procédure judiciaire s’apparente à un règlement de comptes politique, destiné à écarter un homme jugé trop influent dans l’espace politique hérité du Mackyisme. Pour les nouvelles autorités, en revanche, il s’agit d’un test grandeur nature de leur volonté de rupture, de transparence et de lutte contre la corruption.


En savoir plus sur LE DAKAROIS

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Cliquez pour commenter

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité
Publicité

Facebook

BUZZ

À voir

Plus dans Justice

En savoir plus sur LE DAKAROIS

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture