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Diplomatie

Macky Sall à Washington : plaidoyer pour un partenariat durable entre l’Afrique et l’Occident

De retour de Berlin, où il a pris part au sommet annuel du Global Solutions Initiative, l’ancien président sénégalais Macky Sall a poursuivi sa tournée diplomatique à Washington. Il y a assisté à la session de printemps de l’Atlantic Council, l’un des think tanks les plus influents des États-Unis en matière de politique internationale. Membre de son Conseil consultatif international, aux côtés de figures telles que José María Aznar, Carl Bildt ou encore le PDG de Pfizer, Macky Sall y a porté une voix africaine soucieuse d’équilibre et de dialogue dans un contexte mondial en recomposition.

Cette session intervient alors que le retour de Donald Trump à la Maison Blanche rebat les cartes de la politique étrangère américaine, avec des conséquences potentielles lourdes pour le continent africain. L’inquiétude est particulièrement vive autour de l’avenir de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), un accord commercial vieux de 25 ans, qui permet à plus de 1 800 produits africains, issus de 32 pays, d’accéder au marché américain sans droits de douane. Prévu pour expirer en 2025, cet accord est aujourd’hui fragilisé par la vision unilatéraliste et protectionniste du président Trump, peu favorable au libre-échange, notamment avec des partenaires perçus comme s’éloignant de la sphère d’influence occidentale.

Parmi les pays visés, l’Afrique du Sud est dans le viseur de l’administration américaine en raison de ses rapprochements stratégiques avec la Chine, la Russie et l’Iran. Plus largement, l’AGOA, bien que ne représentant que 0,5 % du PIB régional, demeure crucial pour plusieurs économies africaines exportatrices. Sa remise en cause pourrait avoir des effets économiques déstabilisants, notamment pour des pays comme l’Afrique du Sud ou le Kenya.

Autre sujet de préoccupation : l’avenir du Millennium Challenge Account (MCA), outil central de la coopération américaine en Afrique. Déjà touché par des coupes budgétaires, le MCA pourrait voir son champ d’action considérablement réduit sous l’effet des nouvelles orientations budgétaires de l’administration Trump. Si le Sénégal a bénéficié d’une dérogation obtenue grâce aux efforts diplomatiques de Macky Sall, d’autres nations comme la Libye ou le Maroc n’ont pas été épargnées.

L’aide au développement via l’USAID subit également des restrictions financières, affaiblissant la capacité des États-Unis à maintenir une présence active dans les domaines de la santé, de l’éducation ou de la gouvernance en Afrique. À cela s’ajoute la guerre commerciale entre Washington et Pékin, dont les retombées pourraient affecter les pays africains riches en minerais critiques — lithium, cobalt, terres rares — nécessaires à la transition énergétique mondiale.

Face à cette conjoncture, Macky Sall a réaffirmé à Washington la nécessité d’un partenariat plus équitable entre l’Afrique et l’Occident. Il met en garde contre une vision transactionnelle des relations internationales, qui risque de marginaliser l’Afrique, au moment où d’autres acteurs, notamment la Chine, étendent leur influence sur le continent. Pour l’ancien président sénégalais, seul un engagement durable et mutuellement bénéfique permettra de construire un avenir partagé et stable. Son intervention à l’Atlantic Council s’inscrit ainsi dans une stratégie plus large visant à repositionner l’Afrique comme un partenaire stratégique à part entière, et non comme un terrain d’affrontement entre puissances.


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