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“Na Dougou” de Mia Guissé : un but ou un blasphème ?

Il y a des chansons qui font danser, d’autres qui font penser. Et puis, parfois, surgit un ovni sonore comme « Titulaire » de Mia Guissé, qui ne se contente ni de faire bouger les hanches ni de stimuler les neurones, mais qui fait comparaître — au tribunal de l’opinion publique.

Le refrain, « Na dougou » (“qu’il entre”), est devenu un cri de guerre pour certains, un signal d’alarme pour d’autres. L’artiste, pour sa défense, sort la carte du football : na dougou, c’est le ballon qui entre, pas le démon. Pourtant, dans un pays où les métaphores ne sont jamais innocentes, le malentendu est devenu viral.

Mame Matar Guèye de l’ONG Jamra, jamais en retard quand il s’agit de condamner les dérapages culturels, y voit une passe en profondeur vers Sodome et Gomorrhe. L’un voit un but, l’autre voit un gouffre. Et la chanson devient le terrain d’un match idéologique : liberté artistique contre décence publique.

Ironie du timing : Mia a publié le morceau à la veille du choc Barça–Inter. Hasard ou vision ? Elle aurait, selon ses fans, “marqué” avant le coup d’envoi. Visionnaire ou provocatrice ? La réponse dépend du poste qu’on occupe sur le terrain : attaquant culturel ou défenseur des valeurs.

Mais si la chanson choque, ce n’est pas seulement pour ses paroles, c’est pour son combo explosif : texte suggestif, tenues osées, chorégraphie sensuelle. L’ensemble ressemble à une déclaration d’indépendance artistique… signée dans un night-club.

La réplique de Jamra ne s’est pas fait attendre : accusation de pornographie verbale, appel à la censure, et menace d’une mise hors-jeu définitive pour Mia Guissé. Mais le paradoxe est là : des contenus bien plus crus inondent les plateformes, en anglais, en français, sans provoquer autant de cris d’orfraie. Ce qui dérange ici, c’est que le vice parle wolof — une langue supposée porter la sagesse, pas l’audace.

Quant à la famille de l’artiste, elle crie à la chasse aux sorcières morales. Mais en coulisse, certains murmurent : défendre la liberté d’expression, oui… mais n’aurait-il pas fallu rappeler à Mia que même sur un terrain de foot, on porte au moins un short — fut-il métaphorique ?

Alors, “Na dougou”, hymne générationnel ou provocation gratuite ? À chacun son interprétation. Mais une chose est sûre : Mia Guissé a marqué. En pleine lucarne.


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