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Justice

Pénalisation de la liberté d’expression : Moustapha Diakhaté convoqué à la DIC pour ses déclarations dans la presse

Moustapha Diakhaté, ancien ministre conseiller et figure bien connue de la scène politique sénégalaise, a annoncé avoir reçu une convocation de la Division des investigations criminelles (DIC) à la suite de propos tenus dans la presse. Cette nouvelle convocation, qu’il relie à ses prises de position publiques, relance le débat sur la liberté d’expression et les méthodes de traitement des voix dissidentes au Sénégal.

Selon ses propres mots, Diakhaté a été contacté par téléphone, le vendredi 6 juin 2025 à 10 heures 37 minutes, par un fonctionnaire de police qui lui demandait de se présenter à la DIC le même jour à 15 heures. L’ancien député a alors exigé une convocation écrite et des précisions sur les motifs exacts de cette demande. Faute de réponse, et après avoir attendu jusqu’à 15 heures 40 minutes, il a choisi d’honorer un autre engagement de longue date.

Ce n’est que trois jours plus tard, le lundi 9 juin à 17 heures 35 minutes, que le délégué de quartier lui a remis la convocation officielle, lui demandant de se présenter à la DIC le mardi 10 juin à 10 heures. Tout en rappelant son attachement au respect des lois de la République, Moustapha Diakhaté a confirmé qu’il répondrait présent à cette convocation.

Mais au-delà des faits, c’est le ton du message de Diakhaté qui frappe. Dans une déclaration largement partagée sur les réseaux sociaux, il dénonce une politique d’« épuration » orchestrée, selon lui, par le parti Pastef au pouvoir. Il qualifie ce dernier de « premier parti fasciste africain » et accuse l’État dirigé par le président Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko de vouloir « faire disparaître toute vraie opposition, toute presse libre, tout État de droit et toute démocratie pluraliste ».

Moustapha Diakhaté affirme que le régime actuel cherche à s’arroger le monopole de l’espace politique sénégalais, dans une logique d’élimination systématique de toute contestation. Il en appelle à un sursaut démocratique, rappelant la leçon de l’histoire européenne et citant les mises en garde de l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel à propos de la fragilité des droits de l’homme, de la liberté et de la démocratie. Diakhaté met en garde contre une possible dérive autoritaire du Sénégal, en comparant les dynamiques actuelles à celles qui ont précédé l’instauration des régimes fascistes en Allemagne et en Italie au XXe siècle.

Pour lui, le combat pour les libertés et la démocratie ne saurait être suspendu sous la pression de convocations policières ou de procédures judiciaires. Il affirme, dans un ton résolument combatif, qu’aucune convocation ni condamnation ne l’empêchera de poursuivre sa lutte contre ce qu’il appelle le « pouvoir fasciste, anti-Sénégal, traître à la nation ». Il conclut sa déclaration par une citation de Noam Chomsky, soulignant que les droits ne sont pas accordés mais conquis par la lutte.

Cette sortie médiatique musclée intervient dans un climat politique tendu, marqué par des tensions entre le pouvoir et plusieurs figures de l’opposition, mais aussi par une sensibilité accrue autour de la gestion de la parole publique et des réseaux sociaux. Reste à savoir si cette convocation débouchera sur des poursuites, ou si elle s’inscrit dans une série d’interrogations politiques sur les limites de la liberté d’expression dans le Sénégal post-alternance.


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