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Samuel Sarr, ou l’affaire d’un pouvoir qui veut faire un exemple : L’agneau du sacrifice?

Il est des silences plus bruyants que des discours. Et des déclarations qui, sous des airs anodins, révèlent l’essence même d’un pouvoir. Celle du Premier ministre Ousmane Sonko, prononcée ce lundi, devant la Représentation nationale, en dit long : « Nous avons pris ce dossier en main, et nous faisons ce que nous devons faire. »
De quoi s’agit-il ? De l’affaire Samuel Sarr. Ancien ministre sous Wade, promoteur principal de la centrale électrique West Africa Energy, homme de réseaux, mais surtout, désormais, homme en détention. En détention politique ?
Officiellement, il est poursuivi pour abus de biens sociaux, à la suite d’un rapport d’audit. Sauf que depuis, une contre-expertise a été ordonnée par le juge d’instruction, et celle-ci, selon les fuites relayées par la presse, l’aurait blanchi. Et pourtant, l’homme reste en prison. Pourquoi ?
La réponse vient peut-être de la bouche même du chef du gouvernement. En affirmant s’être personnellement saisi du dossier, Sonko lève un coin du voile : la justice est désormais sous ses ordres. On s’y attendait, mais l’aveu est brutal. Le pouvoir ne s’en cache même plus. Pire, il en fait une posture politique.
On comprend dès lors que Samuel Sarr ne paie pas uniquement pour les fautes qu’on lui reproche. Il paie pour un symbole, lui la tête de gondole de ce qui est pompeusement appelé « le Système ». Il est vu en effet comme ce chaînon d’un ancien régime qu’on veut briser, cette vitrine d’une bourgeoisie politico-économique que l’on veut pulvériser pour certainement en créer une autre. Il est le message envoyé à tous ceux qui ont prospéré à l’ombre de l’État : le temps de l’impunité est révolu. Soit. Mais à condition que la justice reste impartiale, qu’elle s’applique avec rigueur, et non avec vengeance.
Or, dans cette affaire, des faits gênants subsistent. Une contre-expertise favorable balayée d’un revers de main par la Justice. Une plainte déposée par Samuel Sarr, curieusement ignorée par le Procureur de la République. Et maintenant, un discours assumé de pilotage politique par le Premier ministre. Le doute n’est plus permis : on ne juge plus selon le droit, on règle des comptes.
Le Sénégal a-t-il changé de régime pour tomber dans les travers qu’il prétendait corriger ? Le nouveau pouvoir, qui s’est bâti sur un discours de justice et de probité, ne peut pas se permettre de tomber dans l’arbitraire. La rupture ne peut pas être une revanche. Ni se muer en règlements de comptes.

Mamadou Cissé


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