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Justice

Seydi Gassama : « La reddition des comptes actuelle est normale et nécessaire »

Le directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal, Seydi Gassama, s’est exprimé ce dimanche 4 mai sur iRadio, dans l’émission Le Jury du Dimanche, à propos de la vague actuelle de reddition des comptes au Sénégal. Pour lui, ce processus, loin d’être anormal ou dicté par des considérations politiques, s’inscrit dans une logique institutionnelle encouragée depuis des années par les partenaires techniques et financiers du pays.

« Aujourd’hui, ce qui se passe est tout à fait normal », a-t-il affirmé. Selon lui, tous les responsables publics mêlés à la gestion de fonds ou à la prise de décisions engageant l’État doivent pouvoir rendre compte devant la justice, quel que soit leur rang ou leur passé politique.

Seydi Gassama rappelle que les instruments actuels de lutte contre la corruption – tels que l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC), le Pool judiciaire financier ou encore la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF) – sont des créations de l’ancien régime de Macky Sall, mises en place sous la pression d’institutions internationales comme l’UEMOA, la Banque mondiale ou la BAD. Ces dernières exigent des mécanismes solides de bonne gouvernance pour accorder leur soutien financier.

« Ces organes produisent régulièrement des rapports sur la base desquels des poursuites sont engagées. C’est donc un processus institutionnel déjà ancré », a-t-il expliqué.

Le militant des droits humains a aussi dénoncé l’absence de volonté politique sous l’ancien président Macky Sall pour aller au bout de la transparence. « Il n’y a eu qu’un seul responsable du régime précédent déféré à la justice malgré les nombreux rapports accablants. Des documents ont été tout simplement enterrés dans des tiroirs », déplore-t-il.

Il affirme même avoir en sa possession certains de ces rapports, jamais rendus publics ni transmis à la justice. Pour lui, cette impunité a encouragé la malgouvernance. « Macky Sall donnait l’impression de garantir à son entourage une immunité totale. C’est ce qui a ouvert la porte à des abus. »

Si Seydi Gassama soutient l’action actuelle des autorités judiciaires, il insiste toutefois sur la nécessité de préserver la sérénité et l’indépendance de la justice. Il s’est inquiété de la surmédiatisation du processus et des tentatives de récupération politique.

« Le jour où les Sénégalais sentiront que cette opération est motivée par une volonté de vengeance, elle perdra toute légitimité. Il faut donc laisser les magistrats travailler dans le calme, loin des pressions politiques ou médiatiques. »

En résumé, Seydi Gassama estime que la justice doit suivre son cours sans interférences, et que toute personne ayant géré des deniers publics doit rendre des comptes. Ce processus, à ses yeux, n’a rien d’exceptionnel. Il est le signe d’un État qui se réconcilie avec les principes de transparence et de redevabilité.


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