Les représentants de la junte militaire en Guinée, qui a pris le pouvoir par un coup d’État en septembre 2021, ont récemment exprimé leur soutien à une éventuelle candidature de leur chef, le colonel Mamadi Doumbouya, à la prochaine élection présidentielle. Le général Amara Camara, porte-parole de la présidence, a affirmé lors d’un déjeuner de presse vendredi que Doumbouya avait le droit et la légitimité de briguer la magistrature suprême. « Il en a la qualité pleinement, et il n’y a aucune restriction en termes de Constitution pour qu’il aille demain à une élection en Guinée », a-t-il déclaré.
Cependant, la « charte de la transition », établie peu après le coup d’État, interdit aux membres de la junte de se présenter aux élections nationales ou locales. Néanmoins, le général Camara a laissé entendre qu’une nouvelle Constitution pourrait être adoptée pour lever cette restriction, ouvrant ainsi la voie à une candidature de Mamadi Doumbouya.
En juillet dernier, un avant-projet de Constitution a été présenté par les autorités guinéennes, avec l’objectif de le soumettre à un référendum avant la fin de l’année 2024. Toutefois, aucune date n’a encore été fixée, et le texte fait face à une forte opposition des principaux partis politiques et organisations de la société civile.
Depuis son arrivée au pouvoir, le colonel Doumbouya avait affirmé à plusieurs reprises qu’il ne se présenterait pas à la présidentielle et que la junte céderait le pouvoir à des civils élus d’ici fin 2024. Pourtant, les autorités militaires ont récemment annoncé que ce calendrier serait reporté, repoussant les élections à 2025.
Le ministre des Affaires étrangères guinéen, Morissanda Kouyaté, a déclaré jeudi à Paris que toutes les élections visant à restaurer l’ordre constitutionnel se tiendraient en 2025. Il a également suggéré que la présidentielle pourrait être la première élection organisée, comme preuve de l’engagement des autorités à respecter les normes démocratiques.
Malgré ces déclarations, la situation politique en Guinée reste tendue. La junte a réprimé toute forme de contestation, interdisant les manifestations et censurant les médias critiques. De nombreux dirigeants de l’opposition ont été arrêtés, exilés ou poursuivis en justice. En juillet, deux responsables d’un mouvement citoyen réclamant le retour des civils au pouvoir ont disparu, alimentant davantage les inquiétudes sur la situation des droits de l’homme dans le pays.
Le débat sur une éventuelle candidature de Mamadi Doumbouya à la présidentielle ne fait que s’intensifier, alors que la population guinéenne attend avec impatience une clarification sur l’avenir politique du pays.