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Une affaire tentaculaire de blanchiment et de fraude fiscale révélée par la Centif

Une enquête approfondie menée par la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif), en collaboration avec des organismes étrangers, a mis en lumière un vaste réseau de blanchiment de capitaux adossé à une fraude fiscale présumée. Les révélations du journal Libération pointent du doigt trois ressortissants indiens, impliqués dans des structures commerciales enregistrées au Sénégal mais opérant de manière opaque.

Les individus concernés sont Rachit Jain (92 ans), gérant statutaire de Prime Suarl ; Arun Kumar Jain (53 ans), ancien gérant statutaire de la même société ; et Sachdeva Neeraj (75 ans), à la tête de San Suarl dont il est également l’actionnaire unique. Ces derniers dirigent, directement ou indirectement, trois entités commerciales : Prime Suarl, Saint Louis Trading Sarl et San Suarl. Toutes sont actives dans les secteurs du commerce alimentaire et du commerce de détail hors magasin.

Les soupçons de la Centif s’appuient notamment sur l’analyse des flux financiers observés sur les comptes bancaires des sociétés concernées. Entre juin 2016 et février 2017, Prime Suarl a enregistré près de 39 milliards de Fcfa de transactions, tandis que San Suarl en a comptabilisé environ 1,1 milliard de Fcfa.

Certains virements, comme celui de 186 920 dollars (environ 93,5 millions Fcfa) ou encore un transfert précédent de 190 000 euros, ont été justifiés par des contrats de prêt avec une société basée à Dubaï, Terra Firma Commodities. Or, les justificatifs fournis n’ont pas convaincu la banque sénégalaise, qui a exigé le retour des fonds. Un autre virement de 1,37 million de dollars a même été bloqué par des banques correspondantes à l’étranger, en raison de non-conformités.

Sur le terrain, les sociétés impliquées ont bel et bien exercé une activité commerciale importante, principalement dans l’importation de riz. D’après les douanes sénégalaises, Prime Suarl a importé 4 813 tonnes de riz pour plus de 613 millions de Fcfa en 2016, tandis que San Suarl en a importé 18 892 tonnes entre 2016 et 2019, pour une valeur de plus de 3 milliards de Fcfa.

Malgré cette activité, aucune déclaration fiscale n’a été effectuée, et les comptes fiscaux des deux entités étaient fermés. La Direction générale des Impôts et Domaines (DGID) a confirmé que, si ces sociétés sont bien immatriculées, elles ne respectent pas leurs obligations fiscales.

Les investigations ont également révélé des manquements graves à la réglementation de l’UEMOA sur les relations financières extérieures. En effet, les transferts liés aux importations de marchandises depuis des pays hors zone franc, notamment l’Inde et les Émirats arabes unis, n’ont pas été domiciliés ni traités via des banques agréées, en violation des articles 3 et 10 du Règlement N°09/2010/CM/UEMOA.

La Centif a saisi les cellules de renseignement financier (CRF) de plusieurs pays, dont l’Inde, la Côte d’Ivoire, la Turquie et les Émirats arabes unis. Mais la coopération a été limitée : ni les CRF indienne ni émiratie n’ont pu fournir d’informations utiles sur les individus ou sociétés impliqués, renforçant les soupçons d’un montage complexe visant à dissimuler l’origine des fonds.

À l’issue de ses travaux, la Centif a formellement identifié des indices graves de fraude fiscale et de blanchiment de capitaux, basés sur :

l’absence de déclaration fiscale, l’inobservation des règles de change, les dépôts massifs sur les comptes bancaires, la dissimulation de revenus imposables, et l’utilisation du système bancaire à des fins de dissimulation.


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