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ŒUVRES DÉDIÉES À CHEIKH AHMADOU BAMBA : Serigne Moussa Ka, l’illustre chantre du mouridisme

Né vers 1890 à Ndiki, près de Mbacké Baol, Serigne Moussa Ka est largement reconnu comme l’un des plus grands poètes wolof et l’un des écrivains les plus influents du mouridisme, un mouvement soufi fondé par Cheikh Ahmadou Bamba au Sénégal. Sa vie, marquée par une profonde piété et un engagement intellectuel inébranlable, a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire littéraire et religieuse du Sénégal. Sa production poétique, comptant plus de 13 644 vers, demeure une source inépuisable d’inspiration pour les fidèles mourides et les chercheurs du monde entier.

Serigne Moussa Ka est le fils de Serigne Ousmane Ka, un éminent érudit également connu sous le nom de Modou Ngagne Awa, et de Sokhna Absatou Seck. Il est issu d’une lignée noble, étant un descendant de Mame Maharam Mbacké, un ancêtre de Cheikh Ahmadou Bamba. Ces liens familiaux ont sans doute renforcé son attachement au mouridisme et son dévouement envers son guide, Khadimou Rassoul.
Sous la tutelle de son père, Serigne Moussa Ka a reçu une éducation religieuse et intellectuelle rigoureuse. Serigne Ousmane Ka, en plus d’être un père dévoué, était un enseignant de renom qui a formé plusieurs figures religieuses influentes de l’époque, parmi lesquelles El Hadji Malick Sy, El Hadji Abdou Cissé de Diamal, et El Hadji Dramé de Ndramé. Ces personnalités témoignent de la qualité de l’enseignement qu’il a reçu dès son plus jeune âge.
À la mort de son père, Serigne Moussa Ka a rejoint Cheikh Ahmadou Bamba, qui était alors en résidence surveillée à Thiéyene Djilof. Il y fit son acte d’allégeance et s’engagea dans une quête spirituelle intense sous la direction de Khadimou Rassoul. Cette proximité avec le Cheikh a profondément marqué sa vie et a influencé de manière décisive son œuvre littéraire.
Serigne Moussa Ka est surtout connu pour sa contribution inestimable à la littérature mouride. Ses écrits couvrent une large gamme de sujets, allant de l’hagiographie du Prophète Muhammad (PSL) à l’histoire du mouridisme, en passant par les épreuves spirituelles et historiques de Cheikh Ahmadou Bamba. Ses poèmes, rédigés principalement en wolof avec des insertions en arabe, sont des chefs-d’œuvre de la littérature religieuse et ont joué un rôle crucial dans la diffusion des enseignements mourides. 
Parmi ses œuvres les plus notables, on trouve des descriptions détaillées des exils de Cheikh Ahmadou Bamba au Gabon (1895-1902) et en Mauritanie (1903-1907). Il a également écrit sur les épreuves qu’ont subies les prophètes et les saints, en les présentant comme des exemples à suivre pour les croyants. Ses écrits incluent des éloges dédiés à la famille de Cheikh Ahmadou Bamba, notamment à sa mère, Mariama Bousso (Sokhna Diarra), ainsi que des exhortations aux femmes musulmanes et aux aspirants mourides.
La richesse et la diversité des sujets abordés par Serigne Moussa Ka témoignent de sa maîtrise non seulement de la littérature religieuse, mais aussi de l’histoire du Sénégal et de la généalogie des grandes familles du pays. Son œuvre est un témoignage vivant de son engagement envers le mouridisme et de son profond respect pour Cheikh Ahmadou Bamba.
Au-delà de ses écrits, Serigne Moussa Ka était un homme connu pour sa grande piété, sa générosité et son souci constant de l’unité et de la réconciliation. Ceux qui l’ont côtoyé témoignent de sa capacité à rassembler les gens et à résoudre les conflits, un don qui lui a valu le respect et l’admiration de tous.
Il était également un chercheur infatigable, toujours à la recherche de nouvelles connaissances et de vérités spirituelles. Sa maison était un lieu de rencontre pour les érudits et les intellectuels, et même après sa mort, son œuvre continue d’attirer des chercheurs du monde entier.
En tant que calligraphe accompli, Serigne Moussa Ka a réécrit plusieurs de ses poèmes, connus sous le nom de « khassaides », avec une grande dextérité. Ses talents littéraires et artistiques lui ont valu les surnoms de « Khadimou Khadim » (le serviteur du serviteur, Cheikh Ahmadou Bamba), « Guewalou Bamba » (le griot de Cheikh Ahmadou Bamba), et « Njamme », un autre nom pour Moussa.
L’héritage de Serigne Moussa Ka est vaste et profondément enraciné dans la tradition mouride. Ses poèmes continuent d’influencer la spiritualité et la culture des mourides, offrant des enseignements précieux sur la foi, la morale, et la dévotion. Ses écrits sur la vie et les œuvres de Cheikh Ahmadou Bamba, ainsi que sur les premiers disciples du mouridisme, sont considérés comme des trésors littéraires et spirituels.
Il a également abordé des thèmes sociaux et économiques contemporains, comme la crise économique de 1929, démontrant ainsi sa capacité à lier les enseignements religieux aux réalités de son temps. Ses écrits sur la politique, la morale, et la spiritualité continuent d’être étudiés et admirés par les intellectuels et les fidèles du monde entier.
L’impact de Serigne Moussa Ka sur la littérature mouride est souvent comparé à celui de grands auteurs occidentaux tels que Victor Hugo, en raison de la profondeur et de la portée de ses œuvres. Il est considéré comme le chantre de la littérature mouride, et ses poèmes sont une source inépuisable d’inspiration pour ceux qui cherchent à comprendre et à vivre les enseignements du mouridisme.
Pour ceux qui l’ont connu, Serigne Moussa Ka était un « phénomène de Dieu », un homme doté d’une sagesse et d’une spiritualité exceptionnelles. Son dévouement envers Cheikh Ahmadou Bamba et son engagement envers le mouridisme étaient sans faille. Il a passé sa vie à servir son guide et à diffuser les enseignements de Khadimou Rassoul à travers ses écrits et ses actions.
Son décès en 1966, la même année que celui de Serigne Bassirou, un autre éminent disciple de Cheikh Ahmadou Bamba, a marqué la fin d’une époque dans l’histoire du mouridisme. Cependant, son héritage littéraire et spirituel continue de vivre à travers ses œuvres, qui sont encore étudiées, récitées, et admirées par les générations actuelles et futures.
Serigne Moussa Ka reste une figure emblématique du mouridisme et un pilier de la littérature wolof. Son œuvre, riche et diversifiée, constitue un témoignage vibrant de la spiritualité et de la profondeur intellectuelle du mouridisme. En tant que poète, érudit et serviteur dévoué de Cheikh Ahmadou Bamba, il a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire du Sénégal et du monde musulman. Son héritage continue d’inspirer et de guider ceux qui cherchent à comprendre et à vivre les enseignements de Khadimou Rassoul, faisant de lui l’un des plus grands écrivains et penseurs de l’histoire du Sénégal.


Fatoumata BA


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