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La course à la présidence de la BAD : un signal d’alerte pour le Sénégal

Les résultats du premier tour de l’élection à la présidence de la Banque Africaine de Développement (BAD) viennent de tomber. Et ils sont riches d’enseignements, notamment pour le Sénégal. Notre candidat, Amadou Hott, ancien ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération, a obtenu 17,62 % des voix totales et 11,83 % des votes régionaux. Il est qualifié pour le second tour, mais loin derrière Samuel Munzele Maimbo de Zambie (40,41 %) et Sidi Ould Tah de Mauritanie (33,21 %). C’est une contre-performance si l’on considère le poids que le Sénégal a longtemps eu dans les grandes institutions panafricaines.

Cette troisième place dans les suffrages, doublée d’un score régional particulièrement faible, marque une réelle rétrogradation dans notre influence diplomatique. La BAD, en tant qu’institution clé pour le financement du développement du continent, est un lieu stratégique où chaque voix, chaque alliance et chaque symbole comptent. Voir le Sénégal, habituellement moteur dans les dynamiques régionales, peiner à mobiliser des soutiens est un signal que nous ne pouvons ignorer.

Ce résultat doit nous pousser à nous interroger : avons-nous suffisamment préparé cette candidature sur le plan diplomatique ? Avons-nous su fédérer nos partenaires, mobiliser nos relais dans les différentes régions du continent ? Ou bien assistons-nous à une reconfiguration géopolitique dans laquelle notre pays est en train de perdre de l’altitude ? Ces questions ne sont pas anecdotiques : elles sont fondamentales si nous voulons rester une voix influente dans les instances africaines.

Rien n’est encore joué. Amadou Hott est un candidat crédible, compétent, respecté. Le second tour peut encore réserver des surprises, à condition que le Sénégal se remobilise intelligemment. Cela implique de renouer le dialogue avec nos alliés traditionnels, de clarifier notre vision pour la BAD, et surtout de démontrer que notre ambition est continentale, inclusive, tournée vers l’avenir de l’Afrique toute entière.

Au-delà de cette élection, ce moment nous appelle à un sursaut stratégique. La diplomatie économique ne se résume pas aux discours : elle se construit dans le temps long, par la confiance, l’engagement et la clarté des positions. C’est à ce prix que le Sénégal pourra regagner la place qui lui revient dans l’Afrique qui décide.

L’élection du futur président de la BAD n’est pas simplement une compétition de CV ou de programmes. C’est un révélateur de la manière dont les États africains s’organisent, coopèrent ou s’opposent dans la fabrique du futur continental. À ce jeu, notre recul doit nous servir de leçon.

Le Sénégal a toujours été une terre d’idées, de diplomatie et d’engagement panafricain. Ce que nous vivons aujourd’hui doit être l’occasion de relancer cette tradition. Amadou Hott peut encore faire la différence, mais il ne pourra porter seul ce combat. Il est temps que l’État, les diplomates, les élites intellectuelles et la société civile se rassemblent autour d’un projet de rayonnement continental cohérent, crédible et ambitieux.

Le Sénégal ne peut pas se permettre d’être spectateur dans la construction de l’Afrique de demain. Il doit en être un acteur central, comme il l’a été hier. Cette élection à la BAD est un test. À nous d’en faire une opportunité.


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