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Le temps de la vérité budgétaire : pour une Loi de Finances Rectificative (LFR) avant le 30 juin
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par
Le Dakarois

Le 21 mai 2025, lors du Conseil des ministres, le Président de la République a annoncé la présentation d’une nouvelle stratégie économique, budgétaire et financière de l’État, attendue avant la fin juin, à l’occasion du débat d’orientation budgétaire (DOB).
Cette annonce pourrait susciter l’adhésion si elle n’était pas fondée sur une base budgétaire profondément compromise, reconnue comme telle par les autorités elles-mêmes.
La Loi de Finances Initiale 2025 (LFI 2025), adoptée en décembre 2024, s’appuie, conformément à la Loi Organique relative aux Lois de Finances (LOLF n°2020-07 du 26 février 2020), sur les données de l’année n–1 c’est-à-dire 2023.
Cependant, ces données ont été dénoncées comme falsifiées dès septembre 2024 par le Premier ministre, qui évoquait une manipulation systématique des chiffres macroéconomiques et budgétaires hérités de l’ancien régime.
Ces accusations ont été appuyées par la Cour des comptes en février 2025, qui a révélé un encours de dette de 18 558,91 milliards FCFA au 31 décembre 2023, représentant 99,67 % du PIB, soit un niveau très supérieur aux chiffres précédemment communiqués.
Le Rapport économique, social et financier (RESF) annexé à la LFI 2025, publié en octobre 2024, repose essentiellement sur des projections pour 2024 et 2025. Toutefois, il ne mentionne aucune révision des données de 2023 ni leur exclusion explicite.
En vertu de l’article 11 de la LOLF, la sincérité budgétaire impose que les résultats de l’année n–1 soient fiables et transparents. Les prévisions budgétaires doivent être sincères, réalistes et prudentes sur la base des informations disponibles.
Le maintien d’une LFI fondée implicitement sur des données contestées constitue donc une entorse manifeste à ce principe fondamental.
Plus encore, l’article 47 de la LOLF impose explicitement au gouvernement de déposer une Loi de Finances Rectificative (LFR) en cours d’année si les équilibres initiaux sont bouleversés, si les recettes s’écartent sensiblement ou si des mesures réglementaires modifient l’exécution budgétaire.
Il se trouve, depuis février 2025, que la falsification des comptes de 2023 est reconnue par la cours des comptes, l’ampleur de la dette est officiellement documentée et des écarts majeurs ont été identifiés dans les engagements financiers.
Toutes les conditions exigées par l’article 47 sont réunies.
Malgré cela, aucune LFR n’a encore été officiellement adoptée à ce jour. Lors du dernier conseil des ministres début juin, seule une note de cadrage a été mentionnée. L’introduction formelle du projet de LFR se fait donc attendre, alors même que cette initiative aurait dû intervenir bien plus tôt.
Il est impératif, pour respecter les principes de sincérité budgétaire et d’équilibre financier, que le gouvernement introduise cette LFR avant le 30 juin, avant le débat d’orientation budgétaire et la présentation de la nouvelle stratégie économique, budgétaire et financière de l’Etat annoncé par le Président de de la République.
En l’absence de LFR, le Sénégal s’expose à une perte de crédibilité auprès de ses partenaires techniques et financiers, à une défiance accrue du secteur privé et à une rupture du contrat démocratique avec le peuple.
Organiser un DOB sans avoir corrigé les fondations de la LFI 2025 revient à projeter l’avenir sur une fiction budgétaire.
Ce défaut de sincérité n’est malheureusement pas isolé. Il s’inscrit dans un contexte plus large de manquements à la transparence budgétaire, notamment l’absence de publication des rapports trimestriels d’exécution pour plusieurs périodes, l’absence de traçabilité sur les 150 milliards FCFA annoncés comme récupérés lors de renégociations de contrats publics et l’opacité autour des flux pétroliers et gaziers, notamment sur le champ de Sangomar, sans rapport public détaillé sur leur affectation.
Ces lacunes fragilisent l’édifice institutionnel et vont à l’encontre des principes de bonne gouvernance, de justice fiscale, et de redevabilité.
Une Loi de Finances Rectificative est indispensable pour rétablir la sincérité budgétaire, restaurer la confiance des partenaires et permettre un débat d’orientation sur des bases réelles.
La réforme annoncée ne peut se construire sur une illusion comptable.
Thierno Bocoum
Président AGIR-LES LEADERS
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